Maxence Van der Meersch, la Maison dans la dune
Publié le 28/03/2011
Extrait du document
Partie du programme abordée : Le XXe siècle. Conseils pratiques : Ce texte, d'un auteur bien oublié aujourd'hui (et à juste titre, d'ailleurs), est construit sur une seule image : la comparaison entre le bruit des arbres et celui de la mer... On pourra étudier les procédés narratifs (utilisation du «on«, etc.). Difficulté du sujet : ***
Sylvain se livre à la contrebande de tabac entre la France et la Belgique. De retour de contrebande, il découvre un jour une auberge tenue par un couple de vieillards et une jeune adolescente. Peu à peu, Sylvain devient un familier de la maison, accomplissant même les tâches que les vieillards sont devenus incapables d'effectuer. Et quand il eut achevé son parc de poireaux, il alla s'allonger dans l'herbe, au pied d'un de ses amis les grands arbres, et il ne bougea plus, il laissa courir sa pensée à la traîne des grands nuages d'ouate qui découpaient sur le bleu vif du ciel la blancheur de leurs cimes de neige. Autour de lui, les masses de feuillage des arbres palpitaient d'une vie frémissante. Quand on fermait les yeux, le chant continu de leurs frondaisons semblait le murmure des vagues. Et le vent frissonnait, prenait corps en les traversant. On le voyait passer d'un arbre à l'autre, ébranler cette immobilité, y mettre comme une rumeur d'éveil. Les branches pliaient doucement. Les feuilles chuchotaient, se frôlaient avec un bruit doux et fort de froissement. Et on voyait leur masse se moirer(1) de nuances plus pâles, sous l'effort de la brise qui les relevait en y faisant jouer le soleil. Un long balancement régulier, une houle calme berçait tout le panache des arbres. L'un après l'autre, on les voyait se pencher doucement, se relever, comme s'ils avaient transmis au voisin la charge qui les inclinait. Et cela aussi rappelait la mer, les barques qui, tour à tour, saluent d'un lourd effacement le passage de la brise. Ce bercement éternel assoupissait Sylvain, l'emportait très loin, le vidait de toutes ses pensées, et le laissait parfaitement heureux, dans cette torpeur de son cerveau. Il perdait conscience de son orientation, il n'eût su dire à quelle cadence rapide ou lente fuyait le temps. Il oubliait le jardin, l'auberge, et le monde... Maxence Van der Meersch, la Maison dans la dune, 1932. (1) Se moirer : prendre des reflets changeants.
Vous ferez de ce passage un commentaire composé en prenant soin de ne pas séparer l'étude du fond de celle de la forme. Vous pourrez, par exemple, préciser, à travers le jeu des images, des rythmes et des sonorités, les rapports unissant l'homme à la nature.
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