Martin Luther King, La force d'aimer
Publié le 31/03/2011
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L'esprit ferme est aigu et pénétrant, sachant briser la carapace des légendes et des mythes et séparer le vrai du faux. L'homme ferme d'esprit est astucieux et clairvoyant. Il possède une qualité forte et austère, qui tend à la fermeté du dessein et à la solidité de l'engagement. Qui doutera que cette fermeté d'esprit soit l'un des plus grands besoins de l'homme? Il est rare de trouver des hommes qui volontairement s'engagent dans une réflexion exigeante et ferme. Il est presque universel de rechercher des réponses faciles et les demi-solutions. Rien ne pèse plus à certaines gens que d'avoir à penser. Cette tendance répandue à la mollesse d'esprit se remarque dans l'incroyable crédulité humaine. Voyez notre attitude devant la publicité. Nous sommes si facilement amenés à acheter un produit parce qu'une réclame de T.V. ou de radio affirme son excellence. Les agents de publicité ont depuis longtemps découvert que beaucoup de gens ont l'esprit malléable et ils exploitent cette réceptivité par des slogans habiles et efficaces. Cette crédulité exagérée s'observe aussi dans la tendance de nombreux lecteurs à accepter comme vérité finale la parole imprimée. Peu de gens comprennent que même nos moyens authentiques d'information — la presse, la tribune et souvent la chaire — ne nous livrent pas une vérité objective et impartiale. Peu de gens ont assez de rigueur d'esprit pour porter un jugement critique et discerner le vrai du faux, le fait de la fiction. Nos esprits ne cessent d'être envahis par des légions de demi-vérités, de préjugés et de faux faits. L'un des plus grands besoins de l'humanité est d'être élevée au-dessus des marécages de la fausse propagande. Les individus à l'esprit débile sont enclins à embrasser toutes sortes de superstitions. Leur esprit est sans cesse envahi par des peurs irrationnelles, qui vont de la crainte du vendredi treize à celle du chat noir qui croise les pattes. Dans l'ascenseur d'un grand hôtel de New York j'ai remarqué pour la première fois qu'il n'y avait pas de treizième étage, le quatorzième succédant immédiatement au douzième. Comme j'en demandais la raison au garçon d'ascenseur, il me dit : « Cette coutume est observée par la plupart des grands hôtels, parce que beaucoup de gens redoutent d'être au treizième étage. « Et il ajouta : « La stupidité de cette crainte est démontée par le fait même que le quatorzième étage est en réalité le treizième ! « De telles craintes rendent l'esprit débile hagard le jour et hanté la nuit. L'homme à l'esprit débile craint toujours le changement. Il se sent en sécurité dans le statu quo et la nouveauté lui inspire une peur presque morbide. Pour lui, la pire souffrance est celle d'une idée neuve. On rapporte qu'un ancien ségrégationniste dans le Sud a dit un jour : « J'en suis arrivé à voir maintenant que la déségrégation est inévitable. Mais je prie Dieu qu'elle ne se réalise pas avant ma mort. « La personne à l'esprit débile désire toujours perpétuer le moment présent et tenir la vie sous le joug astreignant du « toujours pareil «. [...] Nous n'avons pas à regarder bien loin pour découvrir les dangers de la débilité d'esprit. Les dictateurs, en s'appuyant sur elle, ont conduit les hommes à des actes de barbarie et de terrorisme impensables dans une société civilisée. Adolf Hitler avait compris que la débilité d'esprit prévalait parmi ses partisans; «J'utilise l'émotion pour le grand nombre, disait-il, et je réserve la raison pour quelques-uns. « Dans Mein Kampf il déclare : « Grâce à des mensonges adroits, répétés sans relâche, il est possible de faire croire aux gens que le ciel est l'enfer, et l'enfer le ciel... Plus grand est le mensonge, plus promptement il est accepté. « La débilité d'esprit est l'une des causes fondamentales du préjugé racial. La personne à l'esprit ferme examine toujours les faits avant d'en tirer des conclusions ; en bref, elle postjuge. La personne à l'esprit débile tire une conclusion avant d'avoir examiné le premier fait ; en bref, elle pré-juge et tombe dans le préjugé. Martin Luther King, La force d'aimer, 1965.
1. Résumez le texte en 180 mots/ 2. Expliquez en fonction du contexte les expressions suivantes : — l'esprit malléable ; — la débilité d'esprit. 3. « Il est presque universel de rechercher les réponses faciles et les demi-solutions. Rien ne pèse plus à certaines gens que d'avoir à penser. « Partagez-vous cette opinion de l'auteur?
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