(1871)
Au lendemain de la guerre de 1870-1871 et de la chute du second Empire, la France cherche son régime. Pour sa part, le comte de Chambord propose un retour à la monarchie. Avec grandiloquence, il s’offre en recours, se plaçant symboliquement sous le patronage d’Henri IV, roi de concorde. Mais s’il s’affirme moderne — refus du retour à la coercition sociopolitique du système de l’Ancien Régime —, il veut maintenir l’emblématique drapeau blanc. Témoin de son intransigeance foncière et de sa méconnaissance du pays, ce choix explique en partie l’échec d’une nouvelle restauration, car il s’oppose ici au profond attachement de l’armée, de la classe politique et du pays au drapeau tricolore.
Manifeste du comte de Chambord (5 juillet 1871)
Dieu aidant, nous fonderons ensemble, et quand vous le voudrez, sur les larges assises de la décentralisation administrative et des franchises locales, un gouvernement conforme aux besoins du pays. Nous donnerons pour garantie à ces libertés publiques auxquelles tout peuple chrétien a droit, le suffrage universel honnêtement pratiqué et le contrôle des deux chambres, et nous reprendrons, en lui restituant son caractère véritable, le mouvement national de la fin du siècle dernier. [La France] m’appellera, et je reviendrai à elle tout entier, avec mon dévouement, mon principe et mon drapeau. À l’occasion de ce drapeau, on a parlé de conditions que je ne dois pas subir. Français ! Je suis prêt à tout pour aider mon pays à se relever de sa ruine et à reprendre son rang dans le monde ; le seul sacrifice que je ne puis lui faire est celui de mon honneur. Je suis et veux être de mon temps. Je rends un sincère hommage à toutes ses grandeurs ; quelle que fût la couleur du drapeau sous lequel marchaient nos soldats, j’ai admiré leur héroïsme, et rendu grâces à Dieu de ce que leur bravoure ajoutait au trésor des gloires de la France. Entre vous et moi, il ne doit subsister ni malentendu ni arrière-pensée. Non, je ne laisserai pas, parce que l’ignorance ou la crédulité auront parlé de privilèges, d’absolutisme et d’intolérance, que sais-je encore ? de dîme, de droit féodaux, fantômes que la plus mauvaise foi essaie de ressusciter à vos yeux, je ne laisserai pas arracher de mes mains l’étendard de Henri IV, de François Ier et de Jeanne d’Arc. C’est avec lui que s’est faite l’unité nationale ; c’est avec lui que vos pères, conduits par les miens, ont conquis cette Alsace et cette Lorraine dont la fidélité sera la consolation de nos malheurs. […] Je l’ai reçu comme un dépôt sacré du vieux roi, mon aïeul, mourant en exil ; il a pour moi toujours été inséparable du souvenir de la patrie absente ; Il a flotté sur mon berceau, je veux qu’il ombrage ma tombe. Dans les plis glorieux de cet étendard sans tache, je vous apporterai l’ordre et la liberté. Français, Henri V ne peut abandonner le drapeau blanc d’Henri IV ! Henri.
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