Mais, puisque Votre Altesse m'assure que La Mole n'est pas mort et que Sa Majesté doit savoir où il est, je vais faire provision de courage et aller la trouver.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
fussent
épiés,ellerefusait opiniâtrement toutautre rendez-vous quecesentrevues àl’espagnole, quiduraient
depuis safuite etse renouvelaient danslasoirée dechacun desjours quis’écoulaient dansl’attente dela
réception desambassadeurs, réceptionremiseàquelques jours,comme onl’avu, par lesordres exprès
d’Ambroise Paré.
La veille decette réception, versneuf heures dusoir, comme toutlemonde auLouvre étaitpréoccupé des
préparatifs dulendemain, Margueriteouvritsafenêtre ets’avança surlebalcon ; maisàpeine yfut-elle que,
sans attendre lalettre deMarguerite, LaMole, pluspressé quedecoutume, envoyalasienne, quivint, avecson
adresse accoutumée, tomberauxpieds desaroyale maîtresse.
Marguerite compritquelamissive devait
renfermer quelquechosedeparticulier, ellerentra pourlalire.
Le billet, surlerecto delapremière page,renfermait cesmots :
« Madame, ilfaut quejeparle auroi deNavarre.
L’affaireesturgente.
J’attends. »
Et sur lesecond rectocesmots, quel’on pouvait isolerdespremiers enséparant lesdeux feuilles :
« Madame etma reine, faitesquejepuisse vousdonner undeces baisers quejevous envoie.
J’attends. »
Marguerite achevaitàpeine cetteseconde partiedelalettre, qu’elle entendit lavoix deHenri deNavarre qui,
avec saréserve habituelle, frappaitàla porte commune, etdemandait àGillonne s’ilpouvait entrer.
La reine divisa aussitôt lalettre, mitune despages danssoncorset, l’autredanssapoche, courutàla fenêtre
qu’elle ferma,ets’élançant verslaporte :
– Entrez, Sire,dit-elle.
Si doucement, sipromptement, sihabilement queMarguerite eûtfermé cettefenêtre, lacommotion enétait
arrivée jusqu’à Henri,dontlessens toujours tendusavaient, aumilieu decette société dontilse défiait sifort,
presque acquisl’exquise délicatesse oùilssont portés chezl’homme vivantdansl’état sauvage.
Maisleroi de
Navarre n’étaitpasundeces tyrans quiveulent empêcher leursfemmes deprendre l’airetde contempler les
étoiles.
Henri étaitsouriant etgracieux commed’habitude.
– Madame, dit-il,tandis quenosgens decour essaient leurshabits decérémonie, jepense àvenir échanger
avec vous quelques motsdemes affaires, quevous continuez deregarder commelesvôtres, n’est-ce pas ?
– Certainement, monsieur,réponditMarguerite, nosintérêts nesont-ils pastoujours lesmêmes ?
– Oui, madame, etc’est pour celaquejevoulais vousdemander ceque vous pensez del’affectation queM. le
duc d’Alençon metdepuis quelques joursàme fuir, àce point quedepuis avant-hier ils’est retiré àSaint-
Germain.
Neserait-ce paspour luisoit unmoyen departir seul,carilest peu surveillé, soitunmoyen dene
point partir dutout ? Votreavis,s’ilvous plaît, madame ? ilsera, jevous l’avoue, d’ungrand poidspouraffermir
le mien.
– Votre Majesté araison des’inquiéter dusilence demon frère.
J’yaisongé aujourd’hui toutelajournée, et
mon avisestque, lescirconstances ayantchangé, ilachangé avecelles.
– C’est-à-dire, n’est-cepas,que, voyant leroi Charles malade, leduc d’Anjou roidePologne, ilne serait pas
fâché dedemeurer àParis pourgarder àvue lacouronne deFrance ?
– Justement.
– Soit.
Jene demande pasmieux, ditHenri, qu’ilreste ; seulement celachange toutnotre plan ; carilme
faut, pour partir seul,troisfoislesgaranties quej’aurais demandées pourpartir avecvotre frère, dontlenom et
la présence dansl’entreprise mesauvegardaient.
Cequi m’étonne seulement, c’estdene pas entendre parlerde
M. de Mouy.
Cen’est point sonhabitude dedemeurer ainsisansbouger.
N’enauriez-vous pointeudes
nouvelles, madame ?
– Moi, Sire!dit Marguerite étonnée ;etcomment voulez-vous ?…
– Eh !pardieu, mamie, rienneserait plusnaturel ; vousavezbienvoulu, pourmefaire plaisir, sauverlavie
au petit LaMole… Cegarçon adû aller àMantes… etquand onyva, onenpeut bienrevenir…
– Ah !voilà quimedonne laclef d’une énigme dontjecherchais vainement lemot, répondit Marguerite.
J’avais laissélafenêtre ouverte, etj’ai trouvé, enrentrant, surmon tapis, uneespèce debillet.
– Voyez-vous cela!dit Henri.
– Un billet auquel d’abord jen’ai rien compris, etauquel jen’ai attaché aucuneimportance, continua
Marguerite ; peut-êtreavais-jetortetvient-il dececôté-là.
– C’est possible, ditHenri ; j’oserais mêmedirequec’est probable.
Peut-onvoircebillet ?
– Certainement, Sire,répondit Marguerite enremettant auroi celle desdeux feuilles depapier qu’elle avait
introduite danssapoche.
Le roi jeta lesyeux dessus.
– N’est-ce pointl’écriture deM. de La Mole ?dit-il.
– Je ne sais, répondit Marguerite ; lecaractère m’enaparu contrefait.
– N’importe, lisons,ditHenri.
Etillut : « Madame, ilfaut quejeparle auroi deNavarre.
L’affaireest
urgente.
J’attends. »
– Ah !oui-da !… continua Henri.Voyez-vous, ildit qu’il attend !
– Certainement jelevois…, ditMarguerite.
Maisquevoulez-vous ?
– Eh !ventre-saint-gris, jeveux qu’ilvienne..
»
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