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Louis Napoléon Bonaparte, « Appel au peuple »

Publié le 14/04/2013

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bonaparte

Fin 1851, devant l’impossibilité d’obtenir une révision constitutionnelle permettant sa réélection, Louis Napoléon Bonaparte organise un coup d’État à la date symbolique du 2 décembre. Habile tacticien, il s’offre en recours dans une conjoncture qu’il noircit délibérément, s’en remet au jugement du peuple (suffrage universel) et place son action sous un double patronage symbolique (Révolution française et Napoléon Ier). Mais si une écrasante majorité approuve son geste et son projet d’un retour à l’expansion dans la paix, la répression antirépublicaine, traumatisante, nourrit une durable animosité à son endroit et empêche le succès complet de sa stratégie plébiscitaire.

Coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte (2 décembre 1851)

 

« Appel au peuple «

 

 

La situation actuelle ne peut durer plus longtemps. Chaque jour qui s’écoule aggrave les dangers du pays. L’Assemblée qui devait être le plus ferme appui de l’ordre est devenue un foyer de complots. […] Au lieu de faire des lois dans l’intérêt général, elle forge des armes pour la guerre civile ; elle attente au pouvoir que je tiens directement du peuple ; elle encourage toutes les mauvaises passions ; elle compromet le repos de la France ; je l’ai dissoute et je rends le Peuple entier juge entre elle et moi.

 

 

La Constitution, vous le savez, a été faite dans le but d’affaiblir d’avance le pouvoir que vous alliez me confier. Six millions de suffrages furent une éclatante protestation contre elle, et cependant je l’ai fidèlement observée. Les provocations, les calomnies, les outrages m’ont trouvé impassible. Mais aujourd’hui que le pacte fondamental n’est plus respecté de ceux-là même qui l’invoquent sans cesse et que les hommes qui ont déjà perdu deux monarchies veulent me lier les mains, afin de renverser la République, mon devoir est de déjouer leurs perfides projets, de maintenir la République et de sauver le pays en invoquant le jugement solennel du seul souverain que je connaisse en France : le Peuple.

 

 

Je fais donc un appel loyal à la nation tout entière et je vous dis : si vous continuez cet état de malaise qui nous dégrade et compromet notre avenir, choisissez un autre à ma place. […]

 

 

Si au contraire vous avez confiance en moi, donnez-moi les moyens d’accomplir la grande mission que je tiens de vous.

 

 

Cette mission consiste à fermer l’ère des révolutions en satisfaisant les besoins légitimes du peuple et en le protégeant contre les passions subversives. Elle consiste surtout à créer des institutions qui survivent aux hommes et qui soient enfin des fondations sur lesquelles on puisse asseoir quelque chose de durable.

 

 

Persuadé que l’instabilité du pouvoir et la prépondérance d’une seule Assemblée sont des causes permanentes de troubles et de désordres, je soumets à votre suffrage les bases fondamentales suivantes d’une Constitution que les Assemblées développeront plus tard :

 

 

  • Un chef responsable nommé pour dix ans ;
  • Des ministres dépendant du pouvoir exécutif seul ;
  • Un Conseil d’État formé des hommes les plus distingués préparant les lois et les soutenant à la discussion devant le corps législatif ;
  • Un corps législatif discutant et votant les lois, élu au suffrage universel ;
  • Une seconde Assemblée formée de toutes les illustrations du pays, pouvoir pondérateur, gardien du pacte fondamental et des libertés publiques.
Ce système, créé par le Premier Consul au commencement du siècle, a déjà donné à la France le repos et la prospérité. […]

 

 

Telle est ma conviction profonde. Si vous la partagez, déclarez-le par vos suffrages. Si au contraire, vous préférez un gouvernement sans forces, monarchique ou républicain, emprunté à je ne sais quel passé ou quel avenir chimérique, répondez négativement.

 

 

Si je n’obtiens pas la majorité, je convoquerai un nouvelle Assemblée et je lui remettrai le mandat que j’ai reçu de vous.

 

 

Si vous croyez que la cause dont mon nom est le symbole, c’est-à-dire la France régénérée par la Révolution de 1789 et organisée par l’Empereur est toujours la vôtre, proclamez-le en consacrant les pouvoirs que je vous demande.

 

 

Alors la France et l’Europe seront préservées de l’anarchie. […]

 

 

Fait au palais de l’Élysée, le 2 décembre 1851.

 

 

Louis Napoléon Bonaparte

 

 

Source : Louis Napoléon Bonaparte, discours du 2 décembre 1851.

 

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