Lorsque M. de Latouche publia en 1819 les œuvres d'André Chénier, cette révélation d'un génie si original dans l'imitation de l'Antique excita parmi les lettrés un véritable enthousiasme : on crut au renouveau de la poésie classique. Vous supposerez une lettre de Chateaubriand à M. de Latouche dans laquelle, après avoir rendu un juste hommage au génie personnel et divers de Chénier, il précisera pour quelles raisons morales et politiques la poésie française lui semble entraînée vers de
Publié le 13/03/2011
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Ce sujet est assez difficile, car il suppose non seulement la connaissance de Chénier, dont les sujets précédents donnent une idée très suffisante, mais encore celle de Chateaubriand. Remarquez d'abord que le sujet exclut l'idée d'un Chénier romantique, qui a été cependant celle de beaucoup de contemporains de Latouche et de Latouche lui-même. Il est exact cependant que les « classiques « revendiquèrent aussi Chénier comme un des leurs. D'autre part, vous devez partir des idées « morales et politiques « de Chateaubriand. Elles sont, à cette date, fort claires. Chateaubriand défend le christianisme et la morale du christianisme; ennemi de la Révolution et de « Buonaparte «, de Napoléon, il défend la monarchie traditionnelle. Il aura donc à montrer que la poésie doit être d'inspiration chrétienne et monarchique; et il est exact qu'à ses débuts, chez Lamartine, chez Victor Hugo, chez Nodier, etc., le romantisme a été monarchique et chrétien. Il conviendra d'ailleurs de dépasser ces conseils un peu étroits. Chateaubriand a dit que l'erreur du xviii6 siècle avait été de prendre comme guide une raison raisonnante qui est incapable de nous donner les raisons profondes de vivre; nous ne pouvons les trouver que dans le cœur, dans cet instinct qui nous attache à la foi et à la façon de vivre de nos pères, et auquel Chénier n'a rien compris. En nous souvenant des sujets précédents, nous arriverons au plan suivant. Plan. — I. Sans doute beautés de la poésie de Chénier (beauté plastique). — II. Mais Chénier n'est qu'un homme du XVIIIe siècle, un « philosophe « dont la philosophie ne nous satisfait plus. — III. Il faut prendre ses guides dans les besoins du cœur qui nous attachent aux traditions chrétienne et monarchique. — IV. Et qui seuls peuvent renouveler une littérature vieillie.
Liens utiles
- Supposez une conversation ou une lettre d'André Chénier, quelques temps avant sa mort, sur ce qu'il aurait voulu réaliser dans la poésie et sur les critiques que lui parait mériter la poésie française du XVIIIe siècle.
- André Chénier par Emile Henriot de l'Académie française André Chénier le seul véritable
- André Chénier a dit : « De toutes les nations de l'Europe, les Français sont ceux qui aiment le moins la poésie et qui s'y connaissent le moins. » Renchérissant sur ce jugement, Baudelaire écrivait : « La France éprouve une horreur congénitale de la poésie ». Enfin un critique contemporain, Gustave Lanson, déclare : « Le lyrisme n'est qu'un accident chez nous, la création en a été tardive et laborieuse : la source du lyrisme s'ouvre en effet assez rarement au fond de l'âme française. »
- On lit dans les notes d'André Chénier : « De toutes les nations de l'Europe, les Français sont ceux qui aiment le moins la poésie et qui s'y connaissent le moins. La langue française a peur de la poésie. » Vous expliquerez et vous discuterez cette opinion, en vous rappelant qu'elle a été exprimée sous le règne de Louis XVI.
- Étudiez ce bilan du surréalisme proposé par Gaétan Picon (Panorama de la nouvelle littérature française, Gallimard, 1960) : «Qu'avons-nous conservé, qu'avons-nous rejeté du Surréalisme ? Dans une large mesure, il est encore et toujours notre poésie : la poésie moderne tout entière prenant conscience d'elle-même, et allant jusqu'au bout. Toute poésie, à l'heure actuelle, veut être autre chose que poème, fabrication rythmique, jeu inoffensif d'images et de mots : confusion ardente avec l