Liza vieillissait, elle cédait sous les coups du temps.
Publié le 30/10/2013
Extrait du document


«
– Je
nesais pas.
Peut-être qu’unchocleréveillerait.
Jusqu’icirienn’aréussi.
– Je nesais pasm’y prendre, jerisquerais deme faire mal.Aufait, comment s’appellent
les jumeaux ?
– Ils n’ont pasdenom.
– Vous voulezrire,Lee.
– Pas dutout.
– Comment lesappelle-t-il ?
– Il lesappelle « eux ».
– Je veux direquand ils’adresse àeux.
– Quand ils’adresse àeux, ildit « toi » àl’un ouàl’autre.
– Ça netient pasdebout, ditSamuel encolère.
– Je voulais venirvousprévenir.
Sivous neleréveillez pas,c’est unhomme mort.
– Je vaisvenir, ditSamuel.
Etavec mon fouet ! Pasdenom ? Ah !Oui, jevais venir.
– Quand ?
– Demain !
– Je tuerai unpoulet.
Lesjumeaux vousplairont, Mr.Hamilton.
Cesont deux beaux
bébés.
Jene préviendrai pasMr.
Trask devotre visite. »
Samuel dittimidement àsa femme qu’ilvoulait alleràla ferme deTrask.
Ilpensait voir
s’élever devantluiune muraille d’objections.
Pourunefoisdans savie, ilétait prêtà
désobéir àLiza, àpasser outre.Cettedécision lemettait malàl’aise.
Pendant toutle
temps quedura sonexplication quiressemblait àune confession, Lizagarda lesmains
sur leshanches, etSamuel sentitsoncœur lelâcher.
Lorsqu’il eutfini, ellecontinua dele
regarder dumême regard, froidpensa-t-il.
Enfin elledit :
« Crois-tu, Samuel,quetupuisses éveiller cethomme depierre ?
– Je n’en saisrien, maman. »
Il n’avait pasprévu cettequestion.
« Crois-tu qu’ilsoittellement important quecesdeux bébés aientunnom ?
– Il mesemble, dit-ilmaladroitement.
– Samuel, sais-tucequi tepousse àaller là-bas ? Est-cetonbesoin incurable d’aller
fourrer tonnez partout ? Est-cetoninaptitude àte mêler decequi teregarde ?
– Liza, jecrois connaître mesdéfauts.
Maiscettefois,jecrois qu’ils’agit d’autre chose.
– Je l’espère pourtoi,dit-elle.
Cethomme n’apas admis quesesfilsétaient des
créatures duSeigneur.
Illes laisse vivrecomme desplantes.
– C’est biencequ’il mesemble, Liza.
– Et s’iltedit detemêler decequi teregarde, queferas-tu ?
– Je l’ignore. »
Liza Hamilton refermasamâchoire etilyeut unclaquement sec.
« Ne t’avise pasdeteprésenter devantmoisices enfants nesont pasbaptisés.
N’aiepas
l’audace derevenir engeignant qu’ilarefusé ouqu’il t’arenvoyé, cardans cecas, il
faudrait quej’yaille moi-même.
– Je luiferai tâter demes poings, ditSamuel.
– Tu neleferas pas.Tuesdoux.
Jeteconnais, tutecontenteras delui assener dejolies
phrases, tureviendras entelamentant ettu essaieras deme faire oublier quetuyes allé.
– Je luicasserai lafigure », lançaSamuel.
Il bondit danssachambre etLiza sourit àla porte claquée quivibrait encore.
Samuel ressortit bientôtavecsoncostume noir,sachemise blancheàcol dur.
Ilse
pencha verssafemme pourqu’elle luinouât sacravate noire.Ilavait tantbrossé sa
barbe qu’elle brillait.
« Tu ferais biendedonner uncoup dechiffon àtes chaussures. »
Pendant qu’ilselivrait àce travail, Samuel jeta,unregard decôté.
« Puis-je emmener laBible ? demanda-t-il.
C’estencore làque l’on trouve lesmeilleurs
noms debaptême..
»
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