L'homme aux quarante écus de la pudeur; on les examine attentivement devant et derrière.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
il a du bon sens : il comprit aisément que nous avions été des esclaves auxquels il restait encore un petit bout
de chaîne.
Il parla longtemps avec énergie contre cet abus; mais avec quel respect pour la religion en général!
Comme il révérait les évêques! comme il leur souhaitait beaucoup de quarante écus, afin qu'ils les
dépensassent dans leurs diocèses en bonnes oeuvres!
Il voulait aussi que tous les curés de campagne eussent un nombre de quarante écus suffisant pour les faire
vivre avec décence.
" Il est triste, disait-il qu'un curé soit obligé de disputer trois gerbes de blé à son ouaille,
et qu'il ne soit pas largement payé par la province.
Il est honteux que ces messieurs soient toujours en procès
avec leurs seigneurs.
Ces contestations éternelles pour des droits imaginaires, pour des dîmes, détruisent la
considération qu'on leur doit.
Le malheureux cultivateur, qui a déjà payé aux préposés son dixième, et les
deux sous pour livre, et la taille, et la capitation, et le rachat du logement des gens de guerre, après qu'il a logé
des gens de guerre, etc., etc., etc.; cet infortuné, dis-je, qui se voit encore enlever le dixième de sa récolte par
son curé, ne le regarde plus comme son pasteur, mais comme son écorcheur, qui lui arrache le peu de peau
qui lui reste.
Il sent bien qu'en lui enlevant la dixième gerbe de droit divin, on a la cruauté diabolique de ne
pas lui tenir compte de ce qu'il lui en a coûté pour faire croître cette gerbe.
Que lui reste-t-il, pour lui et pour
sa famille? Les pleurs, la disette, le découragement, le désespoir; et il meurt de fatigue et de misère.
Si le curé
était payé par la province, il serait la consolation de ses paroissiens, au lieu d'être regardé par eux comme leur
ennemi."
Ce digne homme s'attendrissait en prononçant ces paroles; il aimait sa patrie, et était idolâtre du bien public.
Il s'écriait quelquefois : " Quelle nation que la française, si on voulait!
Nous allâmes voir son fils, à qui sa mère, bien propre et bien lavée, donnait un gros téton blanc.
L'enfant était
fort joli.
"Hélas! dit le père, te voilà donc, et tu n'as que vingt-trois ans de vie, et quarante écus à prétendre!"
DES PROPORTIONS
Le produit des extrêmes est égal au produit des moyens; mais deux sacs de blé volés ne sont pas à ceux qui
les ont pris comme la perte de leur vie l'est à l'intérêt de la personne volée.
Le prieur de***, à qui deux de ses domestiques de campagne avaient dérobé deux setiers de blé, vient de faire
pendre les deux délinquants.
Cette exécution lui a plus coûté que toute sa récolte ne lui a valu, et, depuis ce
temps, il ne trouve plus de valets.
Si les lois avaient ordonné que ceux qui voleraient le blé de leur maître laboureraient son champ toute leur
vie, les fers aux pieds et une sonnette au cou, attachée à un carcan, ce prieur aurait beaucoup gagné.
Il faut effrayer le crime: oui, sans doute; mais le travail forcé et la honte durable l'intimident plus que la
potence.
Il y a quelques mois qu'à Londres un malfaiteur fut condamné à être transporté en Amérique pour y travailler
aux sucreries avec les nègres.
Tous les criminels en Angleterre, comme en bien d'autres pays, sont reçus à
présenter requête au roi, soit pour obtenir grâce entière, soit pour diminution de peine.
Celui-ci présenta
requête pour être pendu il alléguait qu'il haïssait mortellement le travail, et qu'il aimait mieux être étranglé
une minute que de faire du sucre toute sa vie.
D'autres peuvent penser autrement, chacun a son goût; mais on a déjà dit, et il faut répéter, qu'un pendu n'est
bon à rien, et que les supplices doivent être utiles.
Il y a quelques années que l'on condamna dans la Tartarie deux jeunes gens à être empalés, pour avoir
regardé, leur bonnet sur la tête, passer une procession de lamas.
L'empereur de la Chine, qui est un homme de L'homme aux quarante écus
L'homme aux quarante écus 24.
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