L'historien Michelet commençait une de ses leçons par ces mots : « Le grand siècle, je veux dire, Messieurs, le XVIIIe siècle... » L'histoire de la pensée et de la littérature françaises au XVIIIe siècle justifie-t-elle, et jusqu'à quel point, cette déclaration ?
Publié le 13/03/2011
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C'est, en fait, une dissertation-polémique. Vous avez à chercher et les raisons qui peuvent justifier le jugement de Michelet et celles qui peuvent le contredire. Le XVIIIe siècle a lutté contre des préjugés et des abus évidemment condamnables : l'intolérance, l'abus des privilèges, etc. Il a vraiment assuré l'essor des sciences expérimentales. On a le droit de croire qu'il a puissamment contribué à créer l'esprit social. D'une façon plus générale, on peut dire que les façons de penser et de vivre du XVIIe siècle sont très éloignées des choses modernes ; mais que la pensée du XVIIIe siècle se partage entre des tendances qui sont encore exactement les nôtres : le goût de la raison critique, l'esprit d'examen ; — le goût de l'observation et de l'expérience raisonnée, le développement des sciences expérimentales, raison et science devant assurer le progrès humain; — la revendication des droits de la sensibilité et du cœur que les analyses de la raison pure ne sauraient ni contredire ni exprimer. Les raisons contre tiennent évidemment au fait que Michelet est un juge passionné et non impartial. Il parle autant en polémiste qu'en historien. Il admire parce que le XVIIIe siècle a combattu et défendu ce que lui, Michelet, déteste ou admire : l'intolérance et l'esprit borné des prêtres, les droits du peuple contre les privilégiés. Sans nous engager dans des polémiques politiques, on peut parfaitement faire observer : ce que l'irréligion de certaines œuvres du XVIIIe siècle a d'étroit — et surtout que, même si l'on croit à la grandeur de la pensée du XVIIIe siècle, il y a dans les œuvres classiques du XVIIe une vérité humaine, une perfection artistique, une qualité de chef-d'œuvre qu'on ne trouve guère dans les œuvres beaucoup plus inégales du XVIIIe siècle.
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