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l'histoire Naturelle 36 ?

Publié le 29/06/2013

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histoire
l'histoire Naturelle 36 ? d'ailleurs l'Utile circonscrit tout 37. Ce sera l'Utile qui dans quelques siècles donnera des bornes à la physique expérimentale, comme il est sur le point d'en donner à la géométrie. raccorde des siècles à cette étude, parce que la sphère de son utilité est infiniment plus étendue que celle d'aucune science abstraite, et qu'elle est sans contredit la base de nos véritables connaissances. VII Tant que les choses ne sont que dans notre entendement, ce sont nos opinions ; ce sont des notions qui peuvent être vraies ou fausses, accordées ou contredites. Elles ne prennent de la consistance qu'en se liant aux êtres extérieurs 38. Cette liaison se fait ou par une chaîne ininterrompue d'expériences, ou par une chaîne ininterrompue de raisonnements qui tient d'un bout à l'observation, et de l'autre à l'expérience ; ou par une chaîne d'expériences dispersées d'espace en espace entre des raisonnements, comme des poids sur la longueur d'un fil suspendu par ses deux extrémités. Sans ces poids, le fil deviendrait le jouet de la moindre agitation qui se ferait dans l'air 39. VIII On peut comparer les notions qui n'ont aucun fondement dans la nature, à ces forêts du Nord dont les arbres n'ont point de racines 40. Il ne faut qu'un coup de vent, qu'un fait léger, pour renverser toute une forêt d'arbres et d'idées. IX Les hommes en sont à peine à sentir combien les lois de l'investigation de la vérité sont sévères, et combien le nombre de nos moyens est borné. Tout se réduit à revenir des sens à la réflexion, et de la réflexion aux sens : rentrer en soi et en sortir sans cesse. C'est le tra- vail de l'abeille. On a battu bien du terrain en vain, si on ne rentre pas dans la ruche chargée de cire. On a fait bien des amas de cire inutile, si on ne sait pas en former des rayons 41. X Mais par malheur il est plus facile et plus court de se consulter soi que la Nature. Aussi la raison est-elle portée à demeurer en elle-même, et l'instinct à se répandre au-dehors. L'instinct va sans cesse regardant, goûtant, touchant, écoutant ; et il y aurait peut-être plus de physique expérimentale à apprendre en étudiant les Animaux qu'en suivant les cours d'un Professeur. Il n'y a point de charlatanerie dans leurs procédés. Ils tendent à leur but, sans se soucier de ce qui les environne : s'ils nous surprennent, ce n'est point leur intention. L'étonnement 42 est le premier effet d'un grand phénomène ; c'est à la philosophie à le dissiper. Ce dont il s'agit dans un cours de philosophie expérimentale, c'est de renvoyer son auditeur plus instruit, et non plus stupéfait. S'enorgueillir des phénomènes de la Nature, comme si l'on en était soi-même l'auteur, c'est imiter la sottise d'un Éditeur des Essais qui ne pouvait entendre le nom de Montaigne sans rougir 43. Une grande leçon qu'on a souvent occasion de donner, c'est l'aveu de son insuffisance. Ne vaut-il pas mieux se concilier la confiance des autres par la sincérité d'un je n'en sais rien, que de balbutier des mots et se faire pitié à soi-même, en s'efforçant de tout expliquer 44. Celui qui confesse librement qu'il ne sait pas ce qu'il ignore, me dispose à croire ce dont il entreprend de me rendre raison. XI L'étonnement vient souvent de ce qu'on suppose plusieurs prodiges où il n'y en a qu'un ; de ce qu'on imagine dans la Nature autant d'actes particuliers qu'on nombre de phénomènes, tandis qu'elle n'a peut- être jamais produit qu'un seul acte. Il semble même que, si elle avait été dans la nécessité d'en produire plusieurs, les différents résultats de ces actes seraient isolés ; qu'il y aurait des collections de phénomènes indépendantes les unes des autres ; et que cette chaîne générale dont la philosophie suppose la continuité, se romprait en plusieurs endroits. L'indépendance absolue d'un seul fait est incompatible avec l'idée de tout ; et sans l'idée de tout, plus de philosophie 45. XII Il semble que la Nature se soit plu à varier le même mécanisme d'une infinité de manières différentes * 46. Elle n'abandonne un genre de productions qu'après en avoir multiplié les individus sous toutes les faces possibles. Quand on considère le règne animal, et qu'on s'aperçoit que, parmi les quadrupèdes, il n'y en a pas un qui n'ait les fonctions et les parties, surtout intérieures, entièrement semblables à un autre quadrupède, ne croirait-on pas volontiers qu'il n'y a jamais eu qu'un premier animal prototype "de tous les animaux dont la Nature n'a fait qu'allonger, raccourcir, transformer, multiplier, oblitérer certains organes ? Imaginez les doigts de la main réunis, et la matière des ongles si abondante que venant à s'étendre et à se gonfler, elle enveloppe et couvre le tout ; au lieu de la main d'un homme, vous aurez le pied d'un cheval ** 48. Quand on voit les métamorphoses successives de l'enveloppe du prototype, quel qu'il ait été, approcher un règne d'un autre règne par des degrés insensibles, et peupler les confins des deux règnes (s'il est permis de se servir du terme de confins où il n'y a aucune division réelle 49) ; et peupler, dis-je, les confins des deux * Voyez l' Hist. nat., t. IV, Histoire de l'Âne ; et un petit ouvrage latin intitulé : Dissertatio inaugures metaphysica, de universcdi Naturae systemate, pro gradu Doctoris habita, imprimé à Erlang en 1751, et apporté en France par M. de M**** en 1753. **Voyez l' Hist. nat. gén. et part., t. W, Description du cheval, par M. d'Aubenton
histoire

« vail de l'abeille.

On a battu bien du terrain en vain, si on ne rentre pas dans la ruche chargée de cire.

On a fait bien des amas de cire inutile, si on ne sait pas en former des rayons 41 .

X Mais par malheur il est plus facile et plus court de se consulter soi que la Nature.

Aussi la raison est-elle portée à demeurer en elle-même, et l'instinct à se répandre au-dehors.

L'instinct va sans cesse regardant, goûtant, touchant, écoutant ; et il y aurait peut-être plus de physique expérimentale à apprendre en étu- diant les Animaux qu'en suivant les cours d'un Profes- seur.

Il n'y a point de charlatanerie dans leurs pro- cédés.

Ils tendent à leur but, sans se soucier de ce qui les environne : s'ils nous surprennent, ce n'est point leur intention.

L'étonnement 42 est le premier effet d'un grand phénomène ; c'est à la philosophie à le dissiper.

Ce dont il s'agit dans un cours de philosophie expéri- mentale, c'est de renvoyer son auditeur plus instruit, et non plus stupéfait.

S'enorgueillir des phénomènes de la Nature, comme si l'on en était soi-même l'auteur, c'est imiter la sottise d'un Éditeur des Essais qui ne pouvait entendre le nom de Montaigne sans rougir 43 .

Une grande leçon qu'on a souvent occasion de donner, c'est l'aveu de son insuffisance.

Ne vaut-il pas mieux se concilier la confiance des autres par la sincérité d'un je n'en sais rien, que de balbutier des mots et se faire pitié à soi-même, en s'efforçant de tout expliquer 44 .

Celui qui confesse librement qu'il ne sait pas ce qu'il ignore, me dispose à croire ce dont il entreprend de me rendre raison.

XI L'étonnement vient souvent de ce qu'on suppose plusieurs prodiges où il n'y en a qu'un ; de ce qu'on i magine dans la Nature autant d'actes particuliers qu'on nombre de phénomènes, tandis qu'elle n'a peut-. »

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