L'Etui de nacre n'être point arrêté comme suspect.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Je constatai que jamais perruquier n'avait éprouvé plus d'effroi.
Et j'en augurai bien pour le succès du dessein
que j'avais soudainement formé.
Mon intention en effet était de prier M.
Larisse de venir témoigner avec moi
au comité.
\24 Il est si poltron, me disais-je, qu'il n'osera pas me refuser.
Le marchand de vin se retira en grommelant de nouvelles menaces et me laissa seul avec le perruquier qui,
tout frémissant encore, me passa une serviette au cou.
\24 Ah! monsieur, me dit-il à l'oreille d'une voix plus faible qu'un soupir, l'enfer est déchaîné sur nous! N'ai-je
donc étudié l'art de la coiffure que pour accommoder des démons? Les têtes qui me faisaient honneur sont
maintenant à Londres ou à Coblentz.
Comment se porte monseigneur le duc de Puybonne? C'était un bon
maître.
Je l'assurai que le duc vivait à Londres, en donnant des leçons d'écriture.
En effet, le duc m'avait fait tenir
récemment un papier où il me mandait qu'il vivait parfaitement heureux à Londres avec quatre shillings six
pence par jour.
\24 Il se peut, me répondit M.
Larisse, mais on n'est pas coiffé à Londres comme à Paris.
Les Anglais savent
faire des constitutions, mais ils ne savent pas faire de perruques, et leur poudre n'est pas d'un blanc assez pur.
M.
Larisse m'eut vite rasé.
Je n'avais pas alors la barbe bien rude.
A peine avait-il fermé son rasoir que, lui
saisissant le poignet, je lui dis résolument:
\24 Mon cher monsieur Larisse, vous êtes un galant homme: vous allez m'accompagner à l'assemblée générale
de la section des Postes, en la ci-devant église Saint-Eustache.
Vous y attesterez avec moi que monsieur
Eustance n'a jamais émigré.
A ces mots, M.
Larisse pâlit et murmura d'une voix mourante:
\24 Mais je ne connais pas monsieur Eustance.
\24 Moi non plus, lui répondis-je.
Ce qui était la pure vérité.
J'avais bien auguré du caractère de M.
Larisse.
Il était anéanti.
La peur même le
jetait dans le péril.
Je le pris par le bras, il me suivit sans résistance.
\24 Mais vous me menez à la niort, me dit-il doucement.
A la gloire! lui répondis-je.
Je ne sais s'il connaissait ses tragiques, mais il était sensible à l'honneur; il parut flatté.
Il avait quelque
littérature, car me quittant le bras pour se rendre dans son arrière-boutique:
\24 Cher monsieur, me dit-il, laissez-moi mettre du moins mon bel habit.
Dans l'antiquité, les victimes étaient
parées de fleurs.
Je l'ai lu dans l'Almanach des honnêtes gens.
Il tira de sa commode un habit bleu qu'il passa autour de sa longue et flexible personne.
C'est dans cet
équipage qu'il m'accompagna à l'assemblée générale de la section des Postes, qui était en permanence.
Au seuil de l'église désaffectée, sur la porte de laquelle on lisait les mots: Liberté, égalité, fraternité ou la L'Etui de nacre
MÉMOIRES D'UN VOLONTAIRE 56.
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