L'ESCALE BRÉSILIENNE - Jules Supervielle, Débarcadères
Publié le 08/03/2011
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Je sors de la sieste et j'entre en escale, Ouvert le hublot, lanterne magique, M'offrant des maisons basses, impudiques, Surprises à nu au ras de la cale Et qu'illustre haut dans le ciel à vif Le galbe de trois palmiers décisifs. Des hommes, des chiens, des huttes s'engendrent Et de vrais bambous qui font bouger l'air, Ma rétine happe un oiseau plus tendre De survoler l'herbe au sortir des mers. Et je vois, tanguer doux, le paysage, Entre les barreaux blancs du bastingage Comme un autre oiseau que berce en sa cage Le vent transparent, Le navire remonte et plisse L'eau que le rivage descend, Mon âme requise en tous sens S'écartèle avec délices. Roches et palmiers, une île enfantine, La bave marine A la plage fait un mouvant collier. Au centre du golfe rythmé Par quatre barques orphelines Flottent des couleurs impromptues Qui l'une de l'autre s'enivrent, Et que des rames équilibrent Tandis que l'ancre à jeun mord la vase charnue. Jules Supervielle, Débarcadères, 1922. Vous ferez de ce poème un commentaire composé, en vous efforçant de souligner l'originalité du regard de l'auteur sur ce paysage paisible.
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