Les sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux prescriptions:
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
faiblesse croissait chaque jour sans diminuer sa capacité de souffrir.
\24 Monsieur de Saint-Sylvain, dit-il un matin, après une mauvaise nuit vous m'avez plusieurs fois parle du
docteur Rodrigue Faites-le venir.
Le docteur Rodrigue était à ce moment-là, signalé au Cap, à Melbourne, a Saint- Pétersbourg.
Des
câblogrammes et des radiogrammes furent aussitôt envoyés dans ces directions.
Une semaine ne s'était pas
écoulée que le roi réclamait le docteur Rodrigue avec instance.
Les jours qui suivirent, il demandait a toute
minute: « Ne viendra-t-il pas bientôt? » On lui représenta que sa Majesté n'était pas un client à dédaigner et
que Rodrigue voyageait avec une rapidité prodigieuse.
Mais rien ne pouvait calmer l'impatience du malade.
\24 Il ne viendra pas, soupirait-il ; vous verrez qu'il ne viendra pas !
Une dépêche arriva de Gênes, annonçant que Rodrigue prenait passage à bord du Preussen.
Trois jours après,
le docteur mondial, après avoir fait à ses collègues Saumon et Machellier une visite de déférence insolente, se
présenta au palais.
Il était plus jeune et plus beau que le docteur Saumon avec un air plus fier et plus noble.
Par respect pour la
nature, a laquelle il obéissait en toutes choses, il laissait croître ses cheveux et sa barbe et ressemblait à ces
philosophes antiques que la Grèce a figurés dans le marbre.
Ayant examiné le roi:
\24 Sire, dit-il, les médecins, qui parlent des maladies comme les aveugles des couleurs, disent que vous avez
une neurasthénie ou faiblesse des nerfs.
Mais, quand ils auront reconnu votre mal, ils n'en seront pas plus
propres à le guérir, car un tissu organique ne se peut reconstituer que par les moyens que la nature a employés
pour le constituer, et ces moyens, ils les ignorent.
Or quels sont les moyens, quels sont les procédés de la
nature? Elle ne connaît ni la main ni l'outil ; elle est subtile, elle est spirituelle ; elle emploie à ses plus
puissantes, à ses plus massives constructions les particules infiniment ténues de la matière, l'atome, le protyle.
D'un impalpable brouillard elle fait des rochers, des métaux, des plantes, des animaux, des hommes.
Comment? par attraction, gravitation, transpiration, pénétration, imbibition, endosmose, capillarité, affinité,
sympathie.
Elle ne forme pas un grain de sable autrement qu'elle n'a formé la voie lactée: l'harmonie des
sphères règne dans l'un comme dans l'autre ; ils ne subsistent tous deux que par le mouvement des parcelles
qui les composent et qui est leur âme musicale, amoureuse et toujours agitée.
Entre les étoiles du ciel et les
poussières qui dansent dans le rayon de soleil qui traverse cette chambre, il n'y a aucune différence de
structure, et la moindre de ces poussières est aussi admirable que Sirius, car la merveille dans tous les corps
de l'univers est l'infiniment petit qui les forme et les anime.
Voilà comment travaille la nature.
De
l'imperceptible, de l'impalpable, de l'impondérable elle a tiré le vaste monde accessible à nos sens et que notre
esprit pèse et mesure, et ce dont elle nous a faits nous-mêmes est moins qu'un souffle.
Opérons comme elle
au moyen de l'impondérable, de l'impalpable, de l'imperceptible, par attraction amoureuse et pénétration
subtile.
Voilà le principe.
Comment l'appliquer au cas qui nous occupe? Comment redonner la vie aux nerfs
épuisés, c'est ce qu'il nous reste à examiner.
« Et d'abord, qu'est-ce que les nerfs? Si nous en demandons la définition, le moindre physiologiste, que
dis-je? un Machellier, un Saumon nous la donnera.
Qu'est-ce que les nerfs? Des cordons, des fibres qui
partent du cerveau et de la moelle épinière et vont se distribuer dans toutes les parties du corps pour
transmettre les excitations sensorielles et faire agir les organes moteurs.
Ils sont donc sensation et
mouvement.
Cela suffit pour nous en faire connaître la constitution intime, pour nous en révéler l'essence: de
quelque nom qu'on la nomme, elle est identique à ce que, dans l'ordre des sensations, nous appelons joie, et,
dans l'ordre moral, bonheur.
Les sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux
CHAPITRE II.
LE REMÈDE DU DOCTEUR RODRIGUE 38.
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