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LES QUATRE METHODES DE CRITIQUE

Publié le 28/04/2011

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1. La critique dogmatique établit son jugement sur une comparaison entre l'objet critiqué et la forme idéale de cet objet, forme idéale souvent exprimée par des règles. Ex. : Quand Boileau, dans ses Satires littéraires ou l'Art poétique, condamne les mauvais poètes, il le fait, en général, au nom des règles dont l'application, selon lui, donne une œuvre parfaite. Dans la querelle du Cid, les adversaires de la tragédie la condamnaient au nom des règles idéales d'Aristote. Quand on condamne une faute morale ou un vice, on le fait au nom des règles de la morale qui expriment les conditions de la vertu parfaite, etc. La critique dogmatique est, en général, celle des auteurs classiques; elle joue un grand rôle dans la critique morale.

2. Le parallèle fonde le jugement sur une comparaison détaillée entre deux ou plusieurs objets de même nature. Ex. : le parallèle de Corneille et de Racine, par La Bruyère, cité au N° 190. Le parallèle aboutit, en général, a autant de jugements critiques qu'il y a d'objets comparés. Ce jugement est relatif : il constate simplement la supériorité ou l'infériorité des différents objets les uns par rapport aux autres. Au contraire, le jugement de la critique dogmatique est absolu : il décide de la valeur réelle de l'objet critiqué. Le parallèle joue un grand rôle dans la critique littéraire, où il aboutit, en général, à un classement des valeurs. Dans la vie pratique, le parallèle joue également un grand rôle : c'est lui qui justifie, en principe, les préférences qu'on accorde à tel produit, telle œuvre, telle personne. Tout choix se fonde, en principe, sur un parallèle. 3. La critique interne s'enferme dans l'objet lui-même : l'analyse en décompose les éléments ; la comparaison s'établit entre ces éléments pour juger de leur valeur relative les uns par rapport aux autres et chacun par rapport à l'ensemble. Ex. : L'étude du personnage d'Oreste, dans le sujet cité précédemment, est surtout affaire de critique interne : on s'enferme dans la tragédie, on décompose les éléments du personnage d'Oreste que Von compare aux autres personnages et à l'ensemble de la pièce. La critique interne est d'un grand usage en critique littéraire ; elle décompose le mécanisme d'une œuvre et porte, en général, un jugement sur la composition de l'œuvre. Inversement, dans le travail de composition, l'Analyse du sujet est une critique interne de ce sujet qui sert de guide à tout le travail d'information, et, à la fin, fonde le jugement critique. Dans la vie pratique, quand on démonte un mécanisme pour en apprécier l'agencement, on fait de la critique interne. 4. La critique personnelle fonde le jugement sur les sentiments personnels du critique. Elle s'enferme dans la personne même du critique et juge d'après l'agrément ou le désagrément éprouvé par lui. Son analyse consiste à décomposer les causes de cet agrément ou de ce désagrément. La comparaison s'établit entre les causes de plaisir et les causes de déplaisir pour décider, à la fin, si l'œuvre est, ou non, agréable au critique. Cette critique s'appelle aussi subjective ou encore externe, parce qu'elle cherche sa base hors de l'œuvre, dans île sujet qui la lit ou l'écoute. La critique interne parait la moins autorisée des quatre méthodes critiques; elle a cependant une grande importance, parce que c'est elle que pratique spontanément le public et qui fait, par conséquent, le succès ou l'insuccès des œuvres publiées. La critique classique lui accorde une importance souveraine, comme on le verra plus loin, dans le texte de Boileau cité au N° 191.

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