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Les premières poteries européennes

Publié le 17/12/2011

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Il n'y a pas si longtemps que, sous l'effet des extraordinaires découvertes faites dans le Proche-Orient, entre l'Anatolie, l'Euphrate et le Nil, l'idée était venue aux spécialistes de faire de cette zone, à la façon des auteurs de la Bible, non pas un creuset de l'humanité, mais le creuset des civilisations méditerranéennes et surtout l'origine de leurs premières formes esthétiques. Ce qu'on appelle la néolithisation, période qui suit le Paléolithique, correspond à la sédentarisation des groupes humains qui, sans abandonner la chasse, se mettent en mème temps à cultiver le sol. Ce qui engendre le village d'un côté et la céramique de l'autre, puisque l'individu est désormais contraint de demeurer là où sont ses champs et de fabriquer des récipients pour mettre en réserve ses récoltes. Si l'agriculture a été inventée dans la proche Asie, sept ou huit millénaires avant notre ère, elle s'est propagée lentement vers l'ouest, grâce aux déplacements humains. Il en est allé de mème de la céramique. Il en est allé encore de mème des croyances.

« voit apparaître un type de statuettes, en os ou en pierre, qui sont des représentations schématiques de la déesse-mère.

La Méditerranée occidentale est moins riche que la Méditerranée orientale dans ce domaine, mais une île comme Malte, sans doute à cause de sa position, a révélé une statuaire assez extraordinaire, qui fait en effet penser à l'art reli­ gieux du Proche-Orient.

Les liens doivent être évi­ dents.

Ces premières approches sont importantes, même si, au regard du profane, elles n'ont pas cet aspect spectaculaire que les amateurs de sensation­ nel demandent à l'archéologie.

On a affaire ici à une archéologie quotidienne et à des formes d'art qui sont plus attirantes dans le domaine de l'histoi­ re de la pensée et des sociétés que dans l'histoire de l'esthétique; mais comment séparer celle-ci de cel­ le-là? Tout ce qui concerne la préhistoire, et le Néolithique en est un des aspects, met l'homme en relation avec sa propre origine, et par là, avec tous les doutes qui concernent son existence.

Quand il s'agit des civilisations de la Méditerranée occiden­ tale néolithique, il s'agit évidemment de notre civi­ lisation.

Tout n'a pas survécu des apports de ce monde-là ; mais une longue lignée artistique nous est offerte, comme des formes de l'idée de beauté.

L'air et la terre L'archéologie aérienne, inventée voilà une soi­ xantaine d'années, par le hasard d'un vol au-dessus de la Syrie, au long du limes romain, est devenue une des disciplines d'avant-garde de la recherche.

M.

Agache, un des pionniers, en est maintenant l'un des maîtres.

Il a fait le relevé de la Picardie entière ; les photos qu'il a prises ont révélé l'ex­ traordinaire richesse de cette région en domaines agricoles à l'époque gallo-romaine ainsi que des suites données par le Moyen Age, à cette géogra­ phie humaine.

Il faut dire que la terre, vue du ciel, révèle, à certaines saisons et à certaines heures (au lever du soleil, quand l'humidité ressort, quand il gèle le matin ...

) de précieuses images d'un cadastre perdu.

On retrouve, sous forme de plan, une villa gallo-romaine, avec ses dépendances et ses champs, un village oublié, une église, un château disparus dont le souvenir est parfois demeuré dans la toponymie locale, lors même qu'il s'agit de gran­ des étendues de terres labourées.

On voit même, dans certaines zones, le tracé des tranchées de la guerre de 1914 et les entonnoirs provoqués par les obus.

Ce sont pour l'archéologue et l'historien d'ex­ traordinaires documents, utilisables quand la fouil­ le est possible, mais constituant déjà en eux-mê­ mes, tels qu'ils se présentent sur les photos, comme d'étranges fantômes du passé.

La terre reste mar­ quée par les hommes qui l'habitent et les siècles qui passent n'effacent rien.

La sécheresse de l'été der­ nier a permis, à la surprise des spécialistes, de nou­ velles trouvailles dans les régions les plus atteintes.

Les murs enterrés provoquent en surface, par leur présence, une végétation assez pauvre que l'avion permet d'apercevoir, comme au contraire d'anciens fossés engendrent une nature plus riche.

La chaleur qui s'est installée sur la France au cours de l'année passée a fait ressortir des paysages allant du Néoli­ thique à nos jours et dont on n'avait pas la moindre conscience.

C'est une singulière résurrection.

Ainsi a-t-on retrouvé, en Picardie, des traces de structu­ res gauloises, avec de grands domaines transformés par les Gallo-romains en belles villas.

Près de Châ­ teaudun, les photos aériennes ont révélé l'existence d'une véritable ville des premiers siècles de notre ère, avec ses maisons, ses rues, ses places, ses ther­ mes et son stade -cité engloutie sans laisser d'au­ tres traces d'elle-même que ce fantôme apparu aux confins de la Beauce.

Cent vingt villas ont été repé­ rées dans le secteur qui s'étend entre Versailles, Chartres et la Loire.

Aussi intéressantes sont les découvertes, dans l'ouest, de forteresses datant de l'âge du Bronze et de l'âge du Fer, ressemblant d'une remarquable façon à celles de la Grèce pré­ historique.

En Saintonge, c'est une ville qui se trou­ ve sous des champs ; dans la vallée de la Saône, on a peut-être retrouvé un site religieux inconnu jus­ qu'alors et lié sans doute au vieux culte des eaux, resté vivace encore aujourd'hui avec les sources saintes ou miraculeuses.

Il semble que ce site ait une grande importance puisque les monuments y so.nt très nombreux.

Cette nouvelle archéologie est d'un intérêt considérable.

Des noms de lieu, dont le sens échap­ pait, prennent tout à coup leur véritable significa­ tion ; telle plantation de blé ou de betteraves dont l'appellation, venue du fond des âges, ne semblait correspondre à rien, révèle son vrai visage puis­ qu'elle recouvre un bois, une ferme, une église ou un château.

L'archéologie aérienne reste encore assez peu développée en France car pour la prati­ quer, il faut être à la fois archéologue et pilote d'avion.

L'expérience prouve qu'il serait urgent de développer cette discipline qui s'annonce fructueu­ se et devrait, si elle était « programmée >> permettre une « lecture >> assez inattendue de la France.

Comme d'ailleurs de n'importe quel autre pays du monde.

N'a-t-on pas assez rêvé sur les curieux qua­ drillages photographiés dans les Andes dont on ne sàit toujours pas s'il faut y voir une structure géo­ logique naturelle, d'ailleurs inexplicable ; des tra­ cés réalisés par des populations anciennes, ce qui paraît incroyable étant donné leur rigide régularité, ou -hypothèse de science fiction -des aires d'at­ terrissage pour des visiteurs venus d'autres gala­ xies?. »

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