LES PEINTRES DE LA RÉALITÉ

« magie du clair-obscur conspirent à élever l'œuvre au niveau de l'épopée .

Assombri par l'ambiance enfumée des salles de réunion dans lesquelles il a longtemps séjourné, ce tableau « inondé de lu­ mière» disparut au Xlxe siècle sous une couche brunâtre.

D'où l'appellation im­ propre de «Ronde de nuit».

(Ph.

Scala).

5.

Le Nain, Repas de Paysans (Musée du Louvre) La plupart des artistes du XVII ' siècle français appliquèrent leur talent aux sujets «nobles» de l'Histoire et de la Fable .

Parmi les rares « peintres de la réalié )), Louis Le Nain ( 1593-1648) et ses deux frères furent les seuls à s'intéresser à la classe paysanne (cf.

Isaac 4e.

p.

226 et suiv.).

Trois hommes sont assis devant une table couverte d'une nappe blanche sur laquelle sont disposés un pichet de vin et un pain.

Le maitre de maison, au centre, lève son verre et regarde le pauvre hère, aux pieds nus, timidement assis à gauche, retenant son chapeau sur ses genoux.

Autour d'eux, debout, une femme, un enfant et un jeune homme accordant son violon.

Un petit chien à tête de barbet, présence familière, au premier plan, à droite.

Nous ne sommes pas dans une famille misérable, mais sans doute sous le toit d'une famille relativement aisée, comme l'indique l'emploi de linge de table et de verrerie , produits très coûteux à cette époque .

(Ph.

Scala) .

6.

Chardin, La Pourvoyeuse (Musée du , Louvre).

C'est dans la lignée des maîtres hol­ landais du XVII ' siècle qu'il convient de situer Chardin .

Le XVIII ' siècle traitait avec quelque dédain ce genre de peinture, fidèle à l'humble réalité des objets et des êtres.

Chardin n'en devint pas moins un artiste célèbre , membre de l'Académie Royale de Peinture depuis 1728, et pen­ sionné par le Roi en 1758 .

Il n'en renia pas pour autant ce milieu de l'artisanat auquel il appartenait par ses attaches familiales, et «La Pourvoyeuse)) ( 1739).

comme nombre de ses œuvres (voir dos­ sier 28, diapos .

4).

nous introduit dans son intérieur de la rue du Four.

Sobre harmonie des tons, fuite savante de la perspective, avec le jeu des portes en­ trouvertes .

Contraste de cet art plein de discrétion avec le pathos de Greuze.

(Ph .

Giraudon) .. »