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Les Cinq Cents Millions de la Begum Chut !

Publié le 12/04/2014

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Les Cinq Cents Millions de la Begum Chut ! répondit Marcel des yeux autant que des lèvres. Vois-tu la fumée qui sort de cette fenêtre, au rez-de-chaussée ?... C'est là qu'ils sont embusqués, les bandits !... Mais je veux leur jouer un tour de ma façon ! )) En un clin d'oeil, Marcel eut coupé derrière le buisson un échalas de longueur raisonnable ; puis, se débarrassant de sa vareuse, il la jeta sur ce bâton, qu'il surmonta de son chapeau, et il fabriqua ainsi un mannequin présentable. Il le planta alors à la place qu'il occupait, de manière à laisser visibles le chapeau et les deux manches, et, se glissant vers Octave, il lui siffla dans l'oreille : (( Amuse-les par ici en tirant sur la fenêtre, tantôt de ta place, tantôt de la mienne ! Moi, je vais les prendre à revers ! )) Et Marcel, laissant Octave tirailler, se coula discrètement dans les massifs qui faisaient le tour du rond-point. Un quart d'heure se passa, pendant lequel une vingtaine de balles furent échangées sans résultat. La veste de Marcel et son chapeau étaient littéralement criblés ; mais, personnellement, il ne s'en trouvait pas plus mal. Quant aux persiennes du rez-de-chaussée, la carabine d'Octave les avait mises en miettes. Tout à coup, le feu cessa, et Octave entendit distinctement ce cri étouffé : (( A moi !... Je le tiens !... )) Quitter son abri, s'élancer à découvert dans le rond-point, monter à l'assaut de la fenêtre, ce fut pour Octave l'affaire d'une demi-minute. Un instant après, il tombait dans le salon. Sur le tapis, enlacés comme deux serpents, Marcel et Sigimer luttaient désespérément. Surpris par l'attaque soudaine de son adversaire, qui avait ouvert à l'improviste une porte intérieure, le géant n'avait pu faire usage de ses armes. Mais sa force herculéenne en faisait un redoutable adversaire, et, quoique jeté à terre, il n'avait pas perdu l'espoir de reprendre le dessus. Marcel, de son côté, déployait une vigueur et une souplesse remarquables. La lutte eût nécessairement fini par la mort de l'un des combattants, si l'intervention d'Octave ne fat arrivée à point pour amener un résultat moins tragique. Sigimer, pris par les deux bras et désarmé, se vit attaché de manière à ne pouvoir plus faire un mouvement. (( Et l'autre ? )) demanda Octave. Marcel montra au bout de l'appartement un sofa sur lequel Arminius était étendu tout sanglant. (( Est-ce qu'il a reçu une balle ? demanda Octave. Oui )), répondit Marcel. Puis il s'approcha d'Arminius. (( Mort ! dit-il. Ma foi, le coquin ne l'a pas volé ! s'écria Octave. Nous voilà maîtres de la place ! répondit Marcel. Nous allons procéder à une visite sérieuse. D'abord le XVII EXPLICATIONS A COUPS DE FUSIL 85 Les Cinq Cents Millions de la Begum cabinet de Herr Schultze ! )) Du salon d'attente où venait de se passer le dernier acte du siège, les deux jeunes gens suivirent l'enfilade d'appartements qui conduisait au sanctuaire du Roi de l'Acier. Octave était en admiration devant toutes ces splendeurs. Marcel souriait en le regardant et ouvrait une à une les portes qu'il rencontrait devant lui jusqu'au salon vert et or. Il s'attendait bien à y trouver du nouveau, mais rien d'aussi singulier que le spectacle qui s'offrit à ses yeux. On eut dit que le bureau central des postes de New York ou de Paris, subitement dévalisé, avait été jeté pêle-mêle dans ce salon. Ce n'étaient de tous côtés que lettres et paquets cachetés, sur le bureau, sur les meubles, sur le tapis. On enfonçait jusqu'à mi-jambe dans cette inondation. Toute la correspondance financière, industrielle et personnelle de Herr Schultze, accumulée de jour en jour dans la boîte extérieure du parc, et fidèlement relevée par Arminius et Sigimer, était là dans le cabinet du maître. Que de questions, de souffrances, d'attentes anxieuses, de misères, de larmes enfermées dans ces plis muets à l'adresse de Herr Schultze ! Que de millions aussi, sans doute, en papier, en chèques, en mandats, en ordres de tout genre !... Tout cela dormait là, immobilisé par l'absence de la seule main qui eut le droit de faire sauter ces enveloppes fragiles mais inviolables. (( Il s'agit maintenant, dit Marcel, de retrouver la porte secrète du laboratoire ! )) Il commença donc à enlever tous les livres de la bibliothèque. Ce fut en vain. Il ne parvint pas à découvrir le passage masqué qu'il avait un jour franchi en compagnie de Herr Schultze. En vain il ébranla un à un tous les panneaux, et, s'armant d'une tige de fer qu'il prit dans la cheminée, il les fit sauter l'un après l'autre ! En vain il sonda la muraille avec l'espoir de l'entendre sonner le creux ! Il fut bientôt évident que Herr Schultze, inquiet de n'être plus seul à posséder le secret de la porte de son laboratoire, l'avait supprimée. Mais il avait nécessairement dû en faire ouvrir une autre. (( Où ?... se demandait Marcel. Ce ne peut être qu'ici, puisque c'est ici qu'Arminius et Sigimer ont apporté les lettres ! C'est donc dans cette salle que Herr Schultze a continué de se tenir après mon départ ! Je connais assez ses habitudes pour savoir qu'en faisant murer l'ancien passage, il aura voulu en avoir un autre à sa portée, à l'abri des regards indiscrets !... Serait-ce une trappe sous le tapis ? )) Le tapis ne montrait aucune trace de coupure. Il n'en fut pas moins décloué et relevé. Le parquet, examiné feuille à feuille, ne présentait rien de suspect. (( Qui te dit que l'ouverture est dans cette pièce ? demanda Octave. J'en suis moralement sûr ! répondit Marcel. Alors il ne me reste plus qu'à explorer le plafond )), dit Octave en montant sur une chaise. Son dessein était de grimper jusque sur le lustre et de sonder le tour de la rosace centrale à coups de crosse de fusil. Mais Octave ne fut pas plus tôt suspendu au candélabre doré, qu'à son extrême surprise, il le vit s'abaisser sous sa main. Le plafond bascula et laissa à découvert un trou béant, d'où une légère échelle d'acier descendit XVII EXPLICATIONS A COUPS DE FUSIL 86

« cabinet de Herr Schultze ! )) Du salon d'attente où venait de se passer le dernier acte du siège, les deux jeunes gens suivirent l'enfilade d'appartements qui conduisait au sanctuaire du Roi de l'Acier. Octave était en admiration devant toutes ces splendeurs. Marcel souriait en le regardant et ouvrait une à une les portes qu'il rencontrait devant lui jusqu'au salon vert et or. Il s'attendait bien à y trouver du nouveau, mais rien d'aussi singulier que le spectacle qui s'offrit à ses yeux. On eut dit que le bureau central des postes de New York ou de Paris, subitement dévalisé, avait été jeté pêle-mêle dans ce salon.

Ce n'étaient de tous côtés que lettres et paquets cachetés, sur le bureau, sur les meubles, sur le tapis.

On enfonçait jusqu'à mi-jambe dans cette inondation.

Toute la correspondance financière, industrielle et personnelle de Herr Schultze, accumulée de jour en jour dans la boîte extérieure du parc, et fidèlement relevée par Arminius et Sigimer, était là dans le cabinet du maître. Que de questions, de souffrances, d'attentes anxieuses, de misères, de larmes enfermées dans ces plis muets à l'adresse de Herr Schultze ! Que de millions aussi, sans doute, en papier, en chèques, en mandats, en ordres de tout genre !...

Tout cela dormait là, immobilisé par l'absence de la seule main qui eut le droit de faire sauter ces enveloppes fragiles mais inviolables. (( Il s'agit maintenant, dit Marcel, de retrouver la porte secrète du laboratoire ! )) Il commença donc à enlever tous les livres de la bibliothèque.

Ce fut en vain.

Il ne parvint pas à découvrir le passage masqué qu'il avait un jour franchi en compagnie de Herr Schultze.

En vain il ébranla un à un tous les panneaux, et, s'armant d'une tige de fer qu'il prit dans la cheminée, il les fit sauter l'un après l'autre ! En vain il sonda la muraille avec l'espoir de l'entendre sonner le creux ! Il fut bientôt évident que Herr Schultze, inquiet de n'être plus seul à posséder le secret de la porte de son laboratoire, l'avait supprimée. Mais il avait nécessairement dû en faire ouvrir une autre. (( Où ?...

se demandait Marcel.

Ce ne peut être qu'ici, puisque c'est ici qu'Arminius et Sigimer ont apporté les lettres ! C'est donc dans cette salle que Herr Schultze a continué de se tenir après mon départ ! Je connais assez ses habitudes pour savoir qu'en faisant murer l'ancien passage, il aura voulu en avoir un autre à sa portée, à l'abri des regards indiscrets !...

Serait-ce une trappe sous le tapis ? )) Le tapis ne montrait aucune trace de coupure.

Il n'en fut pas moins décloué et relevé.

Le parquet, examiné feuille à feuille, ne présentait rien de suspect. (( Qui te dit que l'ouverture est dans cette pièce ? demanda Octave. \24 J'en suis moralement sûr ! répondit Marcel. \24 Alors il ne me reste plus qu'à explorer le plafond )), dit Octave en montant sur une chaise. Son dessein était de grimper jusque sur le lustre et de sonder le tour de la rosace centrale à coups de crosse de fusil. Mais Octave ne fut pas plus tôt suspendu au candélabre doré, qu'à son extrême surprise, il le vit s'abaisser sous sa main.

Le plafond bascula et laissa à découvert un trou béant, d'où une légère échelle d'acier descendit Les Cinq Cents Millions de la Begum XVII EXPLICATIONS A COUPS DE FUSIL 86. »

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