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Les Chansons des rues et des bois VII Les étoiles filantes I À qui donc le grand ciel sombre Jette-t-il ses astres d'or ?

Publié le 12/04/2014

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Les Chansons des rues et des bois VII Les étoiles filantes I À qui donc le grand ciel sombre Jette-t-il ses astres d'or ? Pluie éclatante de l'ombre, Ils tombent...Encor ! encor ! Encor !lueurs éloignées, Feux purs, pâles orients, Ils scintillent...ô poignées De diamant effrayants ! C'est de la splendeur qui rôde, Ce sont des points univers, La foudre dans l'émeraude ! Des bleuets dans des éclairs ! Réalités et chimères Traversant nos soirs d'été ! Escarboucles éphémères De l'obscure éternité ! De quelle main sortent-elles ? Cieux, à qui donc jette-t-on Ces tourbillons d'étincelles ? Est-ce à l'âme de Platon ? Est-ce à l'esprit de Virgile ? Est-ce aux monts ? est-ce au flot vert ? Est-ce à l'immense évangile Que Jésus-Christ tient ouvert ? Est-ce à la tiare énorme De quelque Moïse enfant Dont l'âme a déjà la forme Du firmament triomphant ? Ces feux-là vont-ils aux prières ? À qui l'Inconnu profond Ajoute-t-il ces lumières, Vagues flammes de son front ? Est-ce, dans l'azur superbe, Aux religions que Dieu, Pour accentuer son verbe, Jette ces langues de feu ? Est-ce au-dessus de la Bible Que flamboie, éclate et luit III. POUR JEANNE SEULE 41 Les Chansons des rues et des bois L'éparpillement terrible Du sombre écrin de la nuit ? Nos questions en vain pressent Le ciel, fatal ou béni. Qui peut dire à qui s'adressent Ces envois de l'infini ? Qu'est-ce que c'est que ces chutes D'éclairs au ciel arrachés ? Mystère ! Sont-ce des luttes ? Sont-ce des hymens ? Cherchez. Sont-ce les anges du soufre ? Voyons-nous quelque essaim bleu D'argyraspides du gouffre Fuir sur des chevaux de feu ? Est-ce le Dieu des désastres, Le Sabaoth irrité, Qui lapide avec des astres Quelque soleil révolté ? II Mais qu'importe ! l'herbe est verte, Et c'est l'été ! Ne pensons, Jeanne qu'à l'ombre entrouverte, Qu'aux parfums et qu'aux chansons. La grande saison joyeuse Nous offre les prés, les eaux, Les cressons mouillés, l'yeuse, Et l'exemple des oiseaux. L'été, vainqueur des tempêtes, Doreur des cieux essuyés, Met des rayons sur nos têtes Et des fraises sous nos pieds. Été sacré ! l'air soupire. Dieu, qui veut tout apaiser, Fait le jour pour le sourire Et la nuit pour le baiser. L'étang frémit sous les aulnes ; La plaine est un gouffre d'or Où court, dans les grands blés jaunes, Le frisson de messidor. C'est l'instant qu'il faut qu'on aime, Et qu'on le dise aux forêts, III. POUR JEANNE SEULE 42

« L'éparpillement terrible Du sombre écrin de la nuit ? Nos questions en vain pressent Le ciel, fatal ou béni.

Qui peut dire à qui s'adressent Ces envois de l'infini ? Qu'est-ce que c'est que ces chutes D'éclairs au ciel arrachés ? Mystère ! Sont-ce des luttes ? Sont-ce des hymens ? Cherchez.

Sont-ce les anges du soufre ? Voyons-nous quelque essaim bleu D'argyraspides du gouffre Fuir sur des chevaux de feu ? Est-ce le Dieu des désastres, Le Sabaoth irrité, Qui lapide avec des astres Quelque soleil révolté ? II Mais qu'importe ! l'herbe est verte, Et c'est l'été ! Ne pensons, Jeanne qu'à l'ombre entrouverte, Qu'aux parfums et qu'aux chansons.

La grande saison joyeuse Nous offre les prés, les eaux, Les cressons mouillés, l'yeuse, Et l'exemple des oiseaux.

L'été, vainqueur des tempêtes, Doreur des cieux essuyés, Met des rayons sur nos têtes Et des fraises sous nos pieds.

Été sacré ! l'air soupire.

Dieu, qui veut tout apaiser, Fait le jour pour le sourire Et la nuit pour le baiser.

L'étang frémit sous les aulnes ; La plaine est un gouffre d'or Où court, dans les grands blés jaunes, Le frisson de messidor.

C'est l'instant qu'il faut qu'on aime, Et qu'on le dise aux forêts, Les Chansons des rues et des bois III.

POUR JEANNE SEULE 42. »

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