Les Chansons des rues et des bois Gare au mauvais goût des merles !
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
Chantons ! Oh, les claires fontaines !
X
L'enfant avril est le frère
De l'enfant amour ; tous deux
Travaillent en sens contraire
À notre coeur hasardeux.
L'enfant amour nous rend traîtres,
L'enfant avril nous rend fous.
Ce sont deux petits prêtres
Du supplice immense et doux.
La mousse des prés exhale
Avril, qui chante drinn drinn,
Et met une succursale
De Cythère à Gretna-Green.
Avril, dont la fraîche embûche
A nos vices pour claqueurs,
De ses petits doigts épluche
Nos scrupules dans nos coeurs.
Cependant, il est immense ;
Cet enfant est un géant ;
Il se mêle à la démence
Qu'a l'Éternel en le créant.
Lorsqu'il faut que tout rayonne,
Et que tout paie un tribut,
Avril se proportionne
À l'énormité du but.
La rosée est son mystère ;
Travail profond ! sa lueur
Au front sacré de la terre
Fait perler cette sueur.
XI
Post-scriptum des rêves
C'était du temps que j'étais jeune ;
Je maigrissais ; rien ne maigrit
Comme cette espèce de jeûne
Qu'on appelle nourrir l'esprit.
J'étais devenu vieux, timide,
Et jaune comme un parchemin,
À l'ombre de la pyramide
Des bouquins de l'esprit humain.
Les Chansons des rues et des bois
IV.
POUR D'AUTRES 56.
»
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