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Les Chansons des rues et des bois Et que, dans le champ funeste, Les chacals et les oiseaux, Hideux, iront voir s'il reste De la chair après vos os !

Publié le 12/04/2014

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Les Chansons des rues et des bois Et que, dans le champ funeste, Les chacals et les oiseaux, Hideux, iront voir s'il reste De la chair après vos os ! Aucun peuple ne tolère Qu'un autre vive à côté ; Et l'on souffle la colère Dans notre imbécillité. C'est un Russe ! Égorge, assomme. Un Croate ! Feu roulant. C'est juste. Pourquoi cet homme Avait-il un habit blanc ? Celui-ci, je le supprime Et m'en vais, le coeur serein, Puisqu'il a commis le crime De naître à droite du Rhin. Rosbach ! Waterloo ! Vengeance ! L'homme, ivre d'un affreux bruit, N'a plus d'autre intelligence Que le massacre et la nuit. On pourrait boire aux fontaines, Prier dans l'ombre à genoux, Aimer, songer sous les chênes ; Tuer son frère est plus doux. On se hache, on se harponne, On court par monts et par vaux ; L'épouvante se cramponne Du poing aux crins des chevaux. Et l'aube est là sur la plaine ! Oh ! j'admire, en vérité, Qu'on puisse avoir de la haine Quand l'alouette a chanté. II Le vrai dans le vin Jean Sévère était fort ivre. Ô barrière ! ô lieu divin Où Surène nous délivre Avec l'azur de son vin ! Un faune habitant d'un antre, Sous les pampres de l'été, III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ 115 Les Chansons des rues et des bois Aurait approuvé son ventre Et vénéré sa gaieté. Il était beau de l'entendre. On voit, quand cet homme rit, Chacun des convives tendre Comme un verre son esprit. À travers les mille choses Qu'on dit parmi les chansons, Tandis qu'errent sous les roses Les filles et les garçons, On parla d'une bataille ; Deux peuples, russe et prussien, Sont hachés par la mitraille ; Les deux rois se portent bien. Chacun de ces deux bons princes (De là tous leurs différends) Trouve ses États trop minces Et ceux du voisin trop grands. Les peuples, eux, sont candides ; Tout se termine à leur gré Par un dôme d'Invalides Plein d'infirmes et doré. Les rois font pour la victoire Un hospice, où le guerrier Ira boiter dans la gloire, Borgne, et coiffé d'un laurier. Nous admirions ; mais, farouche, En nous voyant tous béats, Jean Sévère ouvrit la bouche Et dit ces alinéas : " Le pauvre genre humain pleure, " Nos pas sont tremblants et courts, " Je suis très ivre, et c'est l'heure " De faire un sage discours. " Le penseur joint sous la treille " La logique à la boisson ; " Le sage, après la bouteille, " Doit déboucher la raison. " Faire, au lieu des deux armées, " Battre les deux généraux, " Diminuerait les fumées III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ 116

« Aurait approuvé son ventre Et vénéré sa gaieté.

Il était beau de l'entendre.

On voit, quand cet homme rit, Chacun des convives tendre Comme un verre son esprit.

À travers les mille choses Qu'on dit parmi les chansons, Tandis qu'errent sous les roses Les filles et les garçons, On parla d'une bataille ; Deux peuples, russe et prussien, Sont hachés par la mitraille ; Les deux rois se portent bien.

Chacun de ces deux bons princes (De là tous leurs différends) Trouve ses États trop minces Et ceux du voisin trop grands.

Les peuples, eux, sont candides ; Tout se termine à leur gré Par un dôme d'Invalides Plein d'infirmes et doré.

Les rois font pour la victoire Un hospice, où le guerrier Ira boiter dans la gloire, Borgne, et coiffé d'un laurier.

Nous admirions ; mais, farouche, En nous voyant tous béats, Jean Sévère ouvrit la bouche Et dit ces alinéas : " Le pauvre genre humain pleure, " Nos pas sont tremblants et courts, " Je suis très ivre, et c'est l'heure " De faire un sage discours.

" Le penseur joint sous la treille " La logique à la boisson ; " Le sage, après la bouteille, " Doit déboucher la raison.

" Faire, au lieu des deux armées, " Battre les deux généraux, " Diminuerait les fumées Les Chansons des rues et des bois III.

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ 116. »

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