Les Bijoux Indiscrets réduite ici ?
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
ces gens-là.
Ne voir qu'eux, n'aimer qu'eux, ne rêver qu'eux ; n'avoir de l'esprit, de l'enjouement, des
charmes que pour eux ; cela ne vous convient certainement pas.
Il ferait beau voir que vous vous
enfournassiez dans une belle passion, et que vous allassiez vous donner tous les travers d'une petite
bourgeoise !
" Mais il me semble, Amisadar, que tu as raison.
Je crois qu'en effet il ne nous siérait pas de filer des
amours.
Changeons donc, puisqu'il faut changer.
Aussi bien, je ne vois pas que ces femmes tendres qu'on
nous propose pour modèles soient plus heureuses que les autres ?
" Qui vous a dit cela, madame ?
" Personne ; mais cela se pressent.
" Méfiez-vous de ces pressentiments.
Une femme tendre fait son bonheur, fait le bonheur de son amant ;
mais ce rôle-là ne va pas à toutes les femmes.
" Ma foi, mon cher, il ne va à personne, et toutes s'en trouvent mal.
Quel avantage y aurait-il à
s'attacher ?
" Mille.
Une femme qui s'attache conservera sa réputation, sera souverainement estimée de celui qu'elle
aime ; et vous ne sauriez croire combien l'amour doit à l'estime.
" Je n'entends rien à ces propos : tu brouilles tout, la réputation, l'amour, l'estime, et je ne sais encore.
Ne
dirait-on pas que l'inconstance doive déshonorer ! Comment ! je prends un homme ; je m'en trouve mal :
j'en prends un autre qui ne me convient pas : je change celui-ci pour un troisième qui ne me convient pas
davantage ; et pour avoir eu le guignon de rencontrer mal une vingtaine de fois, au lieu de me plaindre, tu
veux...
" Je veux, madame, qu'une femme qui s'est trompée dans un premier choix n'en fasse pas un second, de
peur de se tromper encore, et d'aller d'erreur en erreur.
" Ah ! quelle morale ! Il me semble, mon cher, que tu m'en prêchais une autre tout à l'heure.
Pourrait-on
savoir comment il faudrait, à votre goût, qu'une femme fût faite ?
" Très volontiers, madame ; mais il est tard, et cela nous mènera loin...
" Tant mieux : je n'ai personne, et tu me feras compagnie.
Voilà qui est décidé, n'est-ce pas ? Place-toi
donc sur une duchesse, et continue ; je t'entendrai plus à mon aise.
"
" Amisadar obéit, et s'assit auprès de Fanni.
" Vous avez là, madame, lui dit-il, on se penchant vers elle, et lui découvrant la gorge, un mantelet qui
vous enveloppe étrangement.
" Tu as raison.
" Eh ! pourquoi donc cacher de si belles choses ? ajouta-t-il en les baisant.
" Allons, finissez.
Savez-vous bien que vous êtes fou ? Vous devenez d'une effronterie qui passe.
Monsieur le moraliste, reprends un peu la conversation que tu m'as commencée, Les Bijoux Indiscrets
CHAPITRE XLIII.
VINGT-TROISIÈME ESSAI DE L'ANNEAU..
FANNI.
107.
»
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