Devoir de Philosophie

L'éducation de Gargantua.

Publié le 26/05/2011

Extrait du document

gargantua

Gargantua vient d'être mis sous la discipline du savant Ponocratès. Ce nouveau précepteur, après avoir purgé son élève avec de l'ellébore, le soumet à un régime où l'étude, les exercices physiques, l'hygiène sont parfaitement dosés. — Il faudra compléter ce programme par la lecture de la lettre que Gargantua devenu père, adresse lui-même à son fils Pantagruel (Livre II, 8). S'éveillait donc Gargantua environ quatre heures du matin. Cependant qu'on le frottait, lui était lue quelque pagine de la divine Écriture hautement et clairement avec prononciation compétente à la matière, et à ce était commis un jeune page natif de Basché, nommé Anagnostès. Selon le propos et argument de cette leçon, souventes fois s'adonnait à révérer, adorer, prier et supplier le bon Dieu, duquel la lecture montrait la majesté et jugement merveilleux. Ce fait, était habillé, peigné, festonné, accoutré et parfumé, durant lequel temps on lui répétait les leçons du jour d'avant. Lui-même les disait par coeur, et y fondait quelques cas pratiques et concernant l'état humain, lesquels ils étendaient aucunes fois jusques deux ou trois heures, mais ordinairement cessaient lorsqu'il était du tout habillé. Puis, par trois bonnes heures lui était faite lecture. Ce fait, issaient hors, toujours conférants des propos de la lecture, et se déportaient en Bracque ou ès prés, et jouaient à la balle, à la paume, à la pile trigone, galantement s'exerçant les corps comme ils avaient les âmes auparavant exercées.... Cependant monsieur l'appétit venait, et par bonne opportunité s'asseyaient à table. Au commencement du repas était lue quelque histoire plaisante des anciennes prouesses, jusques à ce qu'il eût pris son vin. Lors, (si bon semblait) on continuait la lecture, ou commençaient à deviser joyeusement ensemble, parlant pour les premiers mots de la vertu, propriété, efficace et nature de tout ce qui lui était servi à table, du pain, du vin, de l'eau, du sel, des viandes, poissons, fruits, herbes, racines, et de l'apprêt d'icelles. Ce que faisant, apprit en peu de temps tous les passages à ce compétents, en Pline, Athène, Dioscorides, Jullius Pollux, Galen, Porphyre, Opian, Polybe, Héliodore, Aristoteles, Ælian et autres. Iceux propos tenus, faisaient souvent, pour plus être assurés, apporter les livres susdits à table. Et si bien et entièrement retint en sa mémoire les choses dites, que pour lors n'était médecin qui en sût à la moitié tant comme il faisait. Après devisaient des leçons lues au matin, et parachevant leur repas par quelque confection de cotoniat, s'écurait les dents avec un tronc de lentisce, se lavait les mains et les yeux de belle eau fraîche, et rendaient grâces à Dieu par quelques beaux cantiques faits à la louange de la munificence et bénignité divine. Ce fait, on apportait des chartes, non pour jouer, mais pour y apprendre mille petites gentillesses et inventions nouvelles, lesquelles toutes issaient de arithmétique. Cette heure ainsi employée, la digestion parachevée,... se remettait à son étude principale par trois heures ou davantage, tant à répéter la lecture matutinale que à poursuivre le livre entrepris, que aussi à écrire et bien traire et former les antiques et romaines lettres. Ce fait, issaient hors leur hôtel, avec eux un jeune gentilhomme de Touraine nommé l'écuyer Gymnaste, lequel lui montrait l'art de la chevalerie. Changeant donc de vêtements, montait sur un coursier, sur un roussin, sur un genet, sur un cheval barbe, cheval léger, et lui donnait cent carrières , le faisait voltiger en l'air, franchir le fossé, sauter le palis, court tourner en un cercle, tant à dextre comme à sénestre. Puis branlait la pique, sacquait de l'épée à deux mains, de l'espagnole, de la dague et du poignard, armé, non armé, au bouclier, à la cappe, à la rondelle. Courait le cerf, le chevreuil, l'ours, le daim, le sanglier, le lièvre, la perdrix, le faisan, l'outarde. Jouait à la grosse balle et la faisait bondir en l'air, autant du pied que du poing.... Nageait en profonde eau, à l'endroit, à l'envers, de côté, de tout le corps, des seuls pieds, une main en l'air, en laquelle tenant un livre transpassait toute la rivière de Seine sans icelui mouiller, et tirant par les dents son manteau comme faisait Jules César; puis d'une main entrait par grande force en un bateau ; d'icelui se jetait derechef en l'eau, la tête première ; sondait le parfond, creusait les rochers, plongeait ès abîmes et gouffres. Le temps ainsi employé, lui frotté, nettoyé et rafraîchi d'habillements, tout doucement retournait, et passant par quelques prés ou autres lieux herbus, visitaient les arbres et plantes, les conférant avec les livres des Anciens qui en ont écrit, comme Théophraste, Dioscorides, Marinus, Pline, Nicander, Macer et Galen, et en emportaient leurs pleines mains au logis : desquelles avait la charge un jeune page nommé Rhizotome. Eux arrivés au logis, cependant qu'on apprêtait le souper, répétaient quelques passages de ce qui avait été lu, et s'asseyaient à table.... Durant icelui repas, était continuée la leçon du dîner, tant que bon semblait ; le reste était consommé en bons propos, tous lettrés et utiles. Après grâces rendues s'adonnaient à chanter musicalement, à jouer d'instruments harmonieux, ou de ces petits passe-temps qu'on fait ès cartes, ès dés et gobelets, et là demeuraient faisant grande chère et s'ébaudissant aucunes fois jusques à l'heure de dormir; quelquefois allaient visiter les compagnies des gens lettrés ou de gens qui eussent vu pays étranges. En pleine nuit, avant que soi retirer, allaient au lieu de leur logis le plus découvert voir la face du ciel et là notaient les comètes, si aucunes étaient, les figures, situations, aspects, oppositions et conjonctions des astres. Puis, avec son précepteur récapitulait brièvement, à la mode des Pythagoriques, tout ce qu'il avait lu, vu, su, fait, au décours de toute la journée. Si priaient Dieu le créateur en l'adorant et ratifiant leur foi envers lui, et le glorifiant de sa bonté immense, et lui rendant grâce de tout le temps passé, se recommandaient à sa divine clémence pour tout l'avenir. Ce fait, entraient en leur repos.
(Gargantua, 1. XXIII.)
QUESTIONS D'EXAMEN
I. — L'ensemble ; — les idées principales. — Nature du morceau une page de pédagogie, dans laquelle sont exposées quelques-unes des idées fondamentales de Rabelais sur l'éducation. — Avec maitre Jobelin Bridé, son ancien précepteur, Gargantua se levait à dix heures et passait son temps à pâlir et à s'étioler sur les livres; en est-il de même avec Ponocratès, le nouveau précepteur? Combien d'heures sont consacrées à la classe proprement dite, le matin? — le soir? Gargantua ne puisait-il l'instruction que dans les livres? (Il s'instruisait aussi et surtout par les choses et par l'étude de la nature : notions scientifiques, botanique, astronomie, — ce qui était, au seizième siècle, une chose toute nouvelle); Ne s'instruisait-il pas également en mangeant, en jouant? Montrez la part considérable faite par Rabelais à l'hygiène, aux exercices physiques (promenade, équitation, escrime, chasse, natation, etc...), au chant et à la musique; La journée de Gargantua ne vous paraît-elle pas un peu chargée? Ne semble-t-il pas qu'il y ait là, de la part de Rabelais, une exagération voulue? (Pourquoi cette exagération?) Comment Rabelais conçoit-il l'éducation religieuse? (Il est l'adversaire d'une éducation de pure forme...).
II. — L'analyse du morceau ; — quelques idées secondaires. — Quelles sont les deux parties principales du morceau? a) L'emploi du temps de la matinée; b) L'emploi du temps de l'après-midi); Énumérez les occupations de l'élève, le matin, — le soir; Pourquoi Rabelais attache-t-il une aussi grande importance à l'hygiène? (Il réagit contre le dédain que l'on avait pour le corps, au moyen âge; — en outre, il était médecin); De quoi sont chargés, auprès de Gargantua, les personnages dont les noms suivent : Anagnostès, Gymnaste, Rhizotome? Gargantua n'a pas une minute à perdre, et son savoir sera vraiment encyclopédique : cependant l'étude ne lui apparaît-elle pas sous un jour agréable? (Dites pourquoi.)
III. — Le style; — les expressions. — te Montrez l'animation et la rapidité du style (c'est avec une généreuse ardeur que Rabelais esquisse son programme d'études : — ... Puis branlait la pique..., Courait le cerf..., Nageait en profonde eau...); Quels sont les passages qui vous paraissent écrits avec le plus de verve? Faites remarquer l'ampleur des phrases (telle d'entre elles n'a pas moins de huit lignes; — quel danger peut en résulter ?) ; Rabelais n'abuse-t-il pas un peu des énumérations et des. synonymes? (expliquer, en donnant quelques exemples); Que signifie l'expression issaient? indiquez un mot de la même famille; Quel est le sens de deviser? (deviser joyeusement ensemble...), — de aucunes (... notaient les comètes, si aucunes étaient...).
IV. — La grammaire. — Indiquez la composition des mots gentilhomme, transpassait (transpassant toute la rivière) ; Quelles sont les propositions contenues dans la deuxième phrase du morceau? (Cependant qu'on le frottait...); Nature et fonction de chacun des mots suivants : Ce fait, issaient hors... (4e alinéa).
Rédaction. — Gargantua ne s'instruira-t-il que par les livres? — Que Pensez-vous de l'éducation intellectuelle telle que l'entend Rabelais?

gargantua

« (Gargantua, 1.

XXIII.) QUESTIONS D'EXAMEN I.

— L'ensemble ; — les idées principales.

— Nature du morceau une page de pédagogie, dans laquelle sontexposées quelques-unes des idées fondamentales de Rabelais sur l'éducation.

— Avec maitre Jobelin Bridé, sonancien précepteur, Gargantua se levait à dix heures et passait son temps à pâlir et à s'étioler sur les livres; en est-ilde même avec Ponocratès, le nouveau précepteur? Combien d'heures sont consacrées à la classe proprement dite,le matin? — le soir? Gargantua ne puisait-il l'instruction que dans les livres? (Il s'instruisait aussi et surtout par leschoses et par l'étude de la nature : notions scientifiques, botanique, astronomie, — ce qui était, au seizième siècle,une chose toute nouvelle); Ne s'instruisait-il pas également en mangeant, en jouant? Montrez la part considérablefaite par Rabelais à l'hygiène, aux exercices physiques (promenade, équitation, escrime, chasse, natation, etc...),au chant et à la musique; La journée de Gargantua ne vous paraît-elle pas un peu chargée? Ne semble-t-il pas qu'ily ait là, de la part de Rabelais, une exagération voulue? (Pourquoi cette exagération?) Comment Rabelais conçoit-ill'éducation religieuse? (Il est l'adversaire d'une éducation de pure forme...). II.

— L'analyse du morceau ; — quelques idées secondaires.

— Quelles sont les deux parties principales du morceau?a) L'emploi du temps de la matinée; b) L'emploi du temps de l'après-midi); Énumérez les occupations de l'élève, lematin, — le soir; Pourquoi Rabelais attache-t-il une aussi grande importance à l'hygiène? (Il réagit contre le dédainque l'on avait pour le corps, au moyen âge; — en outre, il était médecin); De quoi sont chargés, auprès deGargantua, les personnages dont les noms suivent : Anagnostès, Gymnaste, Rhizotome? Gargantua n'a pas uneminute à perdre, et son savoir sera vraiment encyclopédique : cependant l'étude ne lui apparaît-elle pas sous unjour agréable? (Dites pourquoi.) III.

— Le style; — les expressions.

— te Montrez l'animation et la rapidité du style (c'est avec une généreuse ardeurque Rabelais esquisse son programme d'études : — ...

Puis branlait la pique..., Courait le cerf..., Nageait enprofonde eau...); Quels sont les passages qui vous paraissent écrits avec le plus de verve? Faites remarquerl'ampleur des phrases (telle d'entre elles n'a pas moins de huit lignes; — quel danger peut en résulter ?) ; Rabelaisn'abuse-t-il pas un peu des énumérations et des.

synonymes? (expliquer, en donnant quelques exemples); Quesignifie l'expression issaient? indiquez un mot de la même famille; Quel est le sens de deviser? (deviser joyeusementensemble...), — de aucunes (...

notaient les comètes, si aucunes étaient...). IV.

— La grammaire.

— Indiquez la composition des mots gentilhomme, transpassait (transpassant toute la rivière) ;Quelles sont les propositions contenues dans la deuxième phrase du morceau? (Cependant qu'on le frottait...);Nature et fonction de chacun des mots suivants : Ce fait, issaient hors...

(4e alinéa). Rédaction.

— Gargantua ne s'instruira-t-il que par les livres? — Que Pensez-vous de l'éducation intellectuelle telleque l'entend Rabelais?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles