Leconte de Lisle n'aimait point Lamartine. Il lui reprochait d'être un « amateur poétique ». Comment entendez-vous ce reproche ?
Publié le 14/03/2011
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Pour bien comprendre ce sujet, il faut connaître la doctrine poétique de Leconte de Lisle que nous étudierons plus loin. Leconte de Lisle méprise la poésie de confidence personnelle et particulièrement celle qui étale les histoires du cœur; il demande à la poésie d'être « savante «, c'est-à-dire de chanter l'histoire de l'humanité telle que la science nous la révèle et, particulièrement, l'histoire des religions ; enfin il demande au poète d'être avant tout un artiste; la poésie n'est pas un épanchement; elle doit nous donner des visions de beauté qu'on ne peut réaliser que par un long travail. Le reproche veut donc dire : que Lamartine s'en tient à des sujets trop faciles, puisque n'importe quel « amateur « peut avoir des chagrins poétiques ; — qu'il n'est qu'un « ignorant qui ne sait que son âme « ; — et enfin qu'il laisse couler ses vers sans aucun souci d'en corriger la prolixité, les banalités, les maladresses d'expression. Si nous discutons successivement ces reproches, nous verrons facilement que rien ne nous oblige à préférer la conception poétique de Leconte de Lisle à celle de Chateaubriand; et que d'ailleurs Lamartine ne s'en est pas tenu à la poésie de confidences ; — que le style poétique de Lamartine a en effet, souvent, bien des défauts, prolixités, banalités, impropriétés, confusion; et qu'il n'atteint presque jamais le pittoresque, la beauté plastique qu'on trouve chez Chateaubriand ou Leconte de Lisle; mais qu'il a, par contre, dans ses chefs-d'œuvre, cette musique, cette harmonie mystérieuses qui sont peut-être la vraie poésie plus que l'art impeccable de Leconte de Lisle.
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