Le surréalisme et l'amour
Publié le 22/02/2012
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Vous apprécierez l'importance de l'amour dans le surréalisme à l'aide de ces lignes d'André Breton (L'Amour fou, Gallimard, 1937) : «La recréation, la recoloration perpétuelle du monde dans un seul être, telles qu'elles s'accomplissent par l'amour, éclairent en avant de mille rayons la marche de la terre. Chaque fois qu'un homme aime, rien ne peut faire qu'il n'engage avec lui la sensibilité de tous les hommes. Pour ne pas démériter d'eux, il se doit de l'engager à fond.»
Commentez, en vous appuyant sur des exemples tirés d'écrivains surréalistes, ce texte de Philippe Audoin (Breton, Gallimard, 1970) : «L'amour - le sexe - sont à peu près tout ce qui nous reste du sacré, conçu comme possibilité de se soustraire passagèrement à la discontinuité servile du profane. L'amour, pour Breton, n'est pas à démystifier : il ne l'a jamais vécu ni conçu comme une ultime mystification mais au contraire comme le modèle accessible de toute émancipation puisqu'il suppose la rencontre du désir sans frein de l'Unique avec celui, non moins débridé, de l'Autre. La sublimation, prise ici dans une acception qui semble outrepasser celle que Freud lui assigne, arrache la libido à ses investissements mortifères et l'exalte en même temps qu'elle l'accomplit.»
Après avoir cité la formule d'André Breton suivant laquelle la lumière «ne peut se connaître que trois voies : la poésie, la liberté et l'amour», Ferdinand Alquié écrit : «Ces voies sont-elles différentes ? A s'en tenir à l'acception reçue des mots : poésie, liberté et amour, on pourrait les croire opposées. La poésie, comme la liberté, est le pouvoir de créer, ou du moins de conférer un sens nouveau à tout objet ; l'amour est au contraire soumission passive, et adoration de ce qui est. Mais, en réalité, amour, poésie, liberté se réconcilient, dans le surréalisme, par leur ambiguïté même : chacun exprime toute la réalité de l'homme. L'amour est oubli de soi : mais il n'est pas pour autant principe d'acceptation du monde objectif. Il ne s'oublie que devant l'être aimé, dont le visage semble demander que soit détruit le monde logique dans lequel il est pris, et que lui soit rendu un Univers conforme à lui-même, le fameux «pays qui te ressemble» de Baudelaire : l'amour est, ainsi, inséparable de la révolte ; il exprime notre liberté fondamentale. Et cette liberté elle-même n'est pas, malgré quelques apparences, pouvoir totalement arbitraire de choix. Bien plutôt elle traduit ce qu'il y a en moi de plus métaphysique et que, précisément, le monde objectif et social étouffe, contraint et, pour le moins, limite.» (Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955.) A partir de cette analyse, vous vous interrogerez sur les rapports de la poésie, de la liberté et de l'amour dans le surréalisme.
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- Ferdinand Alquié vous semble-t-il avoir bien défini l'amour surréaliste quand il écrit : « L'amour, entendons l'amour passion, prend d'emblée, dans les préoccupations surréalistes, la première place. En lui se retrouvent tous les prestiges de l'Univers, tous les pouvoirs de la conscience, toute l'agitation du sentiment: par lui s'effectue la synthèse suprême du subjectif et de l'objectif, et nous est restitué le ravissement que les déchirements surréalistes semblaient rendre impossible
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