LE RENARD ET LE BOUC - Document
Publié le 06/05/2011
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La comparaison du schéma en prose de la fable du Renard et le Bouc qui se trouve dans la Préface du premier recueil avec la version en vers (III, 5) « manifeste plus clairement que le rapprochement avec des sources toujours difficiles à déterminer de façon précise, en quoi consiste l'art d'égayer la narration et de rendre la fable nouvelle par des traits qui en relèvent le goût. Les quatre premiers vers sont une présentation des personnages qui en avive plaisamment les contrastes. Le renard est qualifié de « capitaine «; on a voulu y voir une nuance péjorative : le mot selon Furetière, rappelle M. Jasinski, « se dit aussi en mauvaise part de ceux qui se mettent à la tête d'une troupe de vagabonds, pour piller et pour voler. Un capitaine de bandits, de bohémiens, de filous, de coupeurs de bourse «. Sans doute. Mais le renard est ici surtout la « tête « de l'association, en dépit des cornes si plaisamment caricaturées de son compagnon : le radical latin redevenu sensible donne à l'emploi du mot toute sa justesse et lui restitue la plénitude de son sens. En outre, l'association de cette fable à l'exemple historique de Crassus, dans la Préface, invite à donner au mot une nuance voisine de celle qu'il prend chez Amyot lorsqu'il traduit Plutarque et l'applique aux chefs de guerre. Le moyen imaginé par le renard est un stratagème, et il utilise le bouc comme une « machine « analogue à celles dont se servent les assaillants pour escalader les murailles d'une ville assiégée. Tout l'humour de la fable repose pour une large part sur cette discrète résonance héroï-comique. Les deux vers qui suivent cette présentation correspondent au premier temps de la version en prose : ils terminent l'exposition, marquant la transition entre le premier enrichissement, constitué par l'amusante peinture des deux pittoresques personnages, et le second, qui consiste dans leur dialogue. L'expédient imaginé par le renard, en lui-même, est déjà plaisant; mais le plus piquant est la façon dont le bouc se laisse convaincre : la fable se rehausse d'une fine comédie morale qui manque chez Ésope. Toute la fin, moins originale, paraphrase librement le modèle, conservant le trait: Si le Ciel t'eût, dit-il, donné par excellence Autant de jugement que de barbe au menton, condensant la moralité et la détachant dans un vers-maxime. Une « éthopée «, un dialogue : tels sont en résumé les deux enrichissements que fait apparaître la confrontation entre la fable en vers et sa version réduite en prose; le travail de recréation se présente ici sous un de ses aspects les plus simples. « (J.-P. COLLINET, Le Monde littéraire de La Fontaine, 1970, pp. 167-168).
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