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Le Mauvais Genie quittait son troupeau pour ouvrir la barriere, il saisit une dinde qui etait tout pres du buisson ou il se tenait cache, et l'entraina vivement dans le fourre.

Publié le 11/04/2014

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Le Mauvais Genie quittait son troupeau pour ouvrir la barriere, il saisit une dinde qui etait tout pres du buisson ou il se tenait cache, et l'entraina vivement dans le fourre. Puis, se glissant de buisson en buisson jusqu'a ce qu'il eut gagne l'endroit ou l'avait quitte Julien, il sortit du bois et se retrouva en face de l'Anglais. Celui-ci n'avait pas bouge; il se tenait droit, immobile. Quand il vit venir Alcide avec la grosse hanimal sous le bras, il fit un oh! de satisfaction. M. GEORGEY.--Combien que c'est, my dear? ALCIDE.--Huit francs, Monsieur. M. GEORGEY.--Oh! les autres c'etait six. ALCIDE.--Oui, Monsieur, mais Julien n'a pas voulu donner a moins de huit, parce que la bete a quinze jours de plus que les deux dernieres que vous avez mangees, et qu'elle est plus grosse." L'Anglais tira huit francs de sa poche, les mit dans la main d Alcide, et caressa la dinde en disant: "Je croyais, moi, que le petite est un petite scelerate qui vend ses hanimals trop cher... Porte-moi mon turkey; il allait salir mon inexpressible. ALCIDE.--Monsieur veut que je lui porte son dindon? L'ANGLAIS.--Yes, my dear... ALCIDE.--Mais, M'sieur, c'est impossible, parce que je pourrais rencontrer quelqu'un de chez les Bonard, et qu'on pourrait croire que je l'ai vole. L'ANGLAIS.--Je ne comprends pas tres bien. Ca faisait rien, porte le turkey. ALCIDE.--Je ne peux pas, M'sieur; on me verrait. L'ANGLAIS.--Pas si haut, my dear. Je ne souis pas sourde. Je te disais: Porte le turkey. Tu n'entendais pas?" Alcide chercha a lui faire comprendre pourquoi il ne pouvait le porter, et il profita d'un moment d'indecision de l'Anglais pour lui passer le dindon sous le bras et se sauver en courant. L'Anglais, embarrasse de son dindon qui se debattait, le serra des deux mains pour l'empecher de s'echapper. Le pauvre dindon, fortement comprime, realisa les craintes de son nouveau maitre; il salit copieusement l'inexpressible, c'est-a-dire le pantalon de M. Georgey. Celui-ci fit un oh! indigne, ouvrit les mains d'un geste involontaire, et lacha le dindon, qui s'enfuit avec une telle vitesse, que l'Anglais desespera de l'attraper. Il se borna a le suivre majestueusement de loin et a ne pas le perdre de vue. Il ne tarda pas a arriver a la barriere. Pendant ce temps, Julien faisait rentrer son troupeau; Bonard etait dans la cour. "M'sieur, M'sieur, cria Julien en l'apercevant, je me presse de rentrer pour sauver mon troupeau. BONARD.--Qu'est-ce qui t'arrive donc? As-tu fait quelque mauvaise rencontre? III. L'ANGLAIS ET ALCIDE 11 Le Mauvais Genie JULIEN.--Je crois bien, M'sieur; un homme tout drole, qui parle charabia, qui voulait absolument avoir mes dindes. Et puis, M'sieur, j'ai rencontre bien pis que ca: Alcide qui allait du cote de la ferme, et que j'ai appele pour m'aider a faire marcher mes betes. BONARD.--Pourquoi l'as-tu appele? je defends que vous lui parliez, toi et Frederic. JULIEN.--C'est que je ne l'ai pas reconnu, M'sieur; et puis, une fois qu'il m'a tenu, je ne pouvais plus le faire partir." Julien raconta a Bonard ce qui s'etait passe entre lui et Alcide. JULIEN.--J'ai eu un mauvais mouvement, M'sieur; comme une envie de faire ce que me conseillait Alcide. BONARD.--Qu'est-ce qui t'a arrete? JULIEN.--C'est que j'ai pense que si Monsieur et Madame le savaient, j'en serais honteux, et que si je faisais la chose, ce serait en cachette de M'sieur. Alors je me suis dit: "Prends garde, Julien; ce que tu n'oses pas montrer au grand jour n'est pas bon a voir. Et si m'sieur Bonard, qui a ete si bon pour toi, te fait peur, c'est que tu meriterais chatiment." Et j'ai vu que j'avais eu une mechante envie, et j'en ai eu bien du regret, M'sieur, bien sur; et je me suis dit encore que, pour me punir, je vous raconterais tout. BONARD.--Tu as bien fait, Julien; tu es un bon et honnete garcon. Mais compte donc tes dindes pour voir s'il ne t'en manque pas: il me semble avoir vu courir quelqu'un dans le bois il y un instant. --Oh! M'sieur, elles y sont toutes; je les comptais tout en marchant." Malgre l'assurance de Julien, Bonard fit le compte du troupeau. BONARD.--Je n'en trouve que quarante-cinq, mon garcon. Il t'en manque une. JULIEN, etonne.--Pas possible, M'sieur, puisque je viens de les compter en approchant de la barriere." Au moment ou ils allaient recommencer leur compte, des piaulements se firent entendre; ils virent un dindon qui cherchait a passer a travers les claires-voies de la barriere. Julien courut lui ouvrir et s'ecria joyeusement: "La voici, M'sieur, c'est notre dinde; elle a perdu des plumes et une partie de sa queue; c'est, bien sur, la notre. Mais comment a-t-on fait pour me l'enlever, moi qui ne les ai pas quittees des yeux?" Bonard prit la dinde, l'examina, la retourna de tous cotes, et ne vit rien qui put faire connaitre comment elle avait ete prise sans que Julien ait pu voir le voleur. Il devina a peu pres la verite, mais il voulut s'en assurer avant d'en rien dire. IV. RACLEE BIEN MERITEE Au meme instant, l'Anglais arriva et alla droit a Julien en se croisant les bras. L'ANGLAIS.--Petite, tu etais malhonnete!" Julien, surpris resta muet et immobile. L'ANGLAIS.--Petite, tu etais oune malhonnete, tu volais mon turkey." Bonard s'approcha de l'Anglais. IV. RACLEE BIEN MERITEE 12

« JULIEN.—Je crois bien, M'sieur; un homme tout drole, qui parle charabia, qui voulait absolument avoir mes dindes.

Et puis, M'sieur, j'ai rencontre bien pis que ca: Alcide qui allait du cote de la ferme, et que j'ai appele pour m'aider a faire marcher mes betes. BONARD.—Pourquoi l'as-tu appele? je defends que vous lui parliez, toi et Frederic. JULIEN.—C'est que je ne l'ai pas reconnu, M'sieur; et puis, une fois qu'il m'a tenu, je ne pouvais plus le faire partir.” Julien raconta a Bonard ce qui s'etait passe entre lui et Alcide. JULIEN.—J'ai eu un mauvais mouvement, M'sieur; comme une envie de faire ce que me conseillait Alcide. BONARD.—Qu'est-ce qui t'a arrete? JULIEN.—C'est que j'ai pense que si Monsieur et Madame le savaient, j'en serais honteux, et que si je faisais la chose, ce serait en cachette de M'sieur.

Alors je me suis dit: “Prends garde, Julien; ce que tu n'oses pas montrer au grand jour n'est pas bon a voir.

Et si m'sieur Bonard, qui a ete si bon pour toi, te fait peur, c'est que tu meriterais chatiment.” Et j'ai vu que j'avais eu une mechante envie, et j'en ai eu bien du regret, M'sieur, bien sur; et je me suis dit encore que, pour me punir, je vous raconterais tout. BONARD.—Tu as bien fait, Julien; tu es un bon et honnete garcon.

Mais compte donc tes dindes pour voir s'il ne t'en manque pas: il me semble avoir vu courir quelqu'un dans le bois il y un instant. —Oh! M'sieur, elles y sont toutes; je les comptais tout en marchant.” Malgre l'assurance de Julien, Bonard fit le compte du troupeau. BONARD.—Je n'en trouve que quarante-cinq, mon garcon.

Il t'en manque une. JULIEN, etonne.—Pas possible, M'sieur, puisque je viens de les compter en approchant de la barriere.” Au moment ou ils allaient recommencer leur compte, des piaulements se firent entendre; ils virent un dindon qui cherchait a passer a travers les claires-voies de la barriere.

Julien courut lui ouvrir et s'ecria joyeusement: “La voici, M'sieur, c'est notre dinde; elle a perdu des plumes et une partie de sa queue; c'est, bien sur, la notre. Mais comment a-t-on fait pour me l'enlever, moi qui ne les ai pas quittees des yeux?” Bonard prit la dinde, l'examina, la retourna de tous cotes, et ne vit rien qui put faire connaitre comment elle avait ete prise sans que Julien ait pu voir le voleur.

Il devina a peu pres la verite, mais il voulut s'en assurer avant d'en rien dire. IV.

RACLEE BIEN MERITEE Au meme instant, l'Anglais arriva et alla droit a Julien en se croisant les bras. L'ANGLAIS.—Petite, tu etais malhonnete!” Julien, surpris resta muet et immobile. L'ANGLAIS.—Petite, tu etais oune malhonnete, tu volais mon turkey.” Bonard s'approcha de l'Anglais.

Le Mauvais Genie IV.

RACLEE BIEN MERITEE 12. »

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