Le Mauvais Genie M.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Un matin, lendemain de l'arrivee de M.
Georgey, la porte du cachot s'ouvrit, et Frederic vit entrer l'excellent
Anglais suivi d'un soldat qui apportait un panier rempli de provisions.
Frederic ne put retenir un cri de joie; il
s'elanca vers M.
Georgey, et, par un mouvement machinal, irreflechi, il se jeta dans ses bras et le serra contre
son coeur.
M.
GEORGEY.Povre Fridric! J'etais si chagrine, si fache! Je savais rien hier.
Je savais tout le soir; le
colonel avait tout raconte a moi.
Je avais apporte un consolation pour l'estomac; et le scelerate Alcide avoir
rien du tout, pas une piece.
Frederic, trop emu pour parler, lui serrait les mains, le regardait avec des yeux humides et reconnaissants.
M.
Georgey profita du silence de Frederic pour exhaler son indignation contre Alcide, son espoir de le voir
fusille en pieces.
Je apportais a vous des nouvelles excellentes de Mme Bonarde, de M.
Bonarde, de petite Juliene.
Frederic tressaillit et palit visiblement.
M.
Georgey, qui l'observait, rentra sa main dans sa poche; il avait
apporte des lettres du pere et de la mere.
M.
Georgey savait ce qu'elles contenaient; Bonard remerciait son fils
d'avoir honore son nom; il racontait les propos des gens du pays, les compliments qu'on lui adressait, son
bonheur en apprenant que son fils avait ete mis deux fois a l'ordre du jour; et d'autres choses de ce genre qui
eussent ete autant de coups de poignard pour le malheureux Frederic.
La lettre de Mme Bonard, beaucoup
plus tendre, etait pourtant dans les memes sentiments d'orgueil maternel.
Si le povre infortune etait justifie, se dit M.
Georgey, je remettrai apres.
Si la condamnation se faisait, je
brulerai.
Ils resterent quelques instants sans parler, Frederic cherchait a contenir son emotion et a dissimuler sa honte;
M.
Georgey cherchait les moyens de le faire penser a autre chose.
Enfin, il trouva.
J'avais vu le colonel; il m'avait dit c'etait pas grand'chose pour toi.
Le marechal des logis dira c'etait rien,
c'etait lui qui avait pousse; toi avais pousse Alcide seulement; toi etais excellente creature et le autres t'aiment
tous.
Et le jugement etre excellent.
Frederic le regarda avec surprise.
FREDERIC.J'ai pourtant entendu la lecture de l'acte d'accusation qui dit que j'ai lutte contre le marechal des
logis.
M.
GEORGEY.Quoi c'est lutter? Ce n'etait rien du tout.
Ce n'etait pas taper.
FREDERIC.Que Dieu vous entende, Monsieur! Je vous remercie de votre bonne intention.
M.
GEORGEY.Tiens, Fridric, voila une grosse panier; il y avait bonnes choses pour manger.
Tu avais
curiosite? Tu volais voir? je savais.
Voila.
M.
Georgey retira trois langues fourrees et fumees.
Une, ail.
Une, truffes.
Une, pistaches; tout trois admirables.
Une pate, une jambon.
Il posa le tout sur la paillasse.
Frederic sourit, il etait touche de la bonte avec laquelle cet excellent homme
cherchait a le consoler.
Il prit un air satisfait et le remercia vivement d'avoir si bien trouve des distractions a Le Mauvais Genie
XXV.
VISITE AGREABLE 92.
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