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Le Mauvais Genie Les gendarmes se retirerent et temoignerent a Bonard tout leur interet et leurs regrets.

Publié le 11/04/2014

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Le Mauvais Genie Les gendarmes se retirerent et temoignerent a Bonard tout leur interet et leurs regrets. M. Georgey les accompagna. "Voila pour boire et manger", dit-il en leur tendant une piece d'or. LE BRIGADIER.--Pardon, Monsieur, si nous refusons; c'est une insulte que de nous offrir de l'argent pour avoir fait notre devoir. Bien le bonsoir, Monsieur. M. GEORGEY.--J'etais bien beaucoup chagrine de offenser vous, courageuse soldat, repondit M. Georgey. Je voulais pas; le verite vrai, je voulais pas. LE BRIGADIER.--Je le pense bien, Monsieur; vous etes etranger, vous ne connaissez pas nos usages et nos caracteres francais. M. GEORGEY.--Moi connaissais bien caractere francais; c'etait genereuse, c'etait tres grande, c'etait tres aimable, et d'autres choses. Je connaissais, je savais. Bonsoir gendarme francaise." Les gendarmes partirent en riant. M. Georgey rentra. "Je restais pour ecouter le physicien. Je voulais savoir quelles choses il fallait pour Fridric." Il s'assit et ne bougea plus. Julien ne tarda pas a revenir accompagne du medecin. M. Georgey le fit entrer de suite chez Frederic. M. Boneuil tata le pouls du malade, examina ses yeux injectes de sang, ecouta sa parole breve et saccadee. "Il doit avoir eu une vive emotion, une grande frayeur. Depuis quand est-il dans cet etat? MADAME BONARD.--Depuis trois ou quatre heures, Monsieur." L'interrogatoire et l'examen continuerent quelques temps encore; le resultat de la consultation fut une saignee immediate, des sinapismes aux pieds, et divers autres prescriptions, auxquelles se conforma scrupuleusement Mme Bonard. M. Georgey se retira avec M. Boneuil; il l'interrogea; le medecin comprenait mal ses questions, auxquelles il faisait des reponses que M. Georgey ne comprenait pas du tout. La conversation continua ainsi jusqu'a la porte de M. Georgey, qui salua et rentra. CAROLINE.--Monsieur ne ramene donc pas Julien? M. GEORGEY.--No, my dear; Madme Bonarde elle avait la necessite de lui. CAROLINE.--Et quand l'aurons-nous? M. GEORGEY.--Je pas savoir. Physiciene savoir; moi pas comprendre le parole sans comprehension de cette mosieur Bonul. Lui parlait, parlait comme un magpie. CAROLINE.--Qu'est-ce que c'est, Monsieur, un magpie? XIX. LA MALADIE 71 Le Mauvais Genie M. GEORGEY.--Vous pas comprendre? C'est etonnant! Vous rien savoir. Un magpie, c'etait une grosse oison qui avait des plumets blanc et noir, qui parlait beaucoup toujours. On disait de femmes: elle parlait comme une magpie. CAROLINE.--Ah! Monsieur veut dire une pie! M. GEORGEY.--Tres justement! Une pie! C'etait ca tout justement; comme vous, Caroline." M. Georgey, fatigue de sa journee de la veille et de sa matinee, voulut rester chez lui pendant quelque temps a travailler a ses plans et a ses modeles de mecaniques. Il alla seulement tous les jours, matin et soir, savoir des nouvelles de Frederic; il ne manquait jamais de demander a Julien quand il viendrait. "Quand Frederic sera gueri, Monsieur, et quand Mme Bonard n'aura plus besoin de moi", repondait toujours Julien. La maladie fut longue, la convalescence plus longue encore. La presence de Bonard faisait retomber Frederic dans un etat nerveux qui obligea le medecin a defendre au pere de se faire voir jusqu'au retablissement complet de son fils. Un jour, deux mois apres la foire, Julien entra precipitamment chez Mme Bonard. "Maitresse, savez-vous la nouvelle? Alcide vient de s'engager. C'est son pere qui l'y a oblige; il lui a donne le choix ou d'etre soldat ou d'etre chasse sans argent, sans asile. Il a mieux aime partir comme soldat." Les yeux de Frederic s'animerent. "Il a bien fait; je voudrais bien faire comme lui. MADAME BONARD.--Toi! Y penses-tu, mon pauvre enfant? C'est un metier de chien d'etre soldat. FREDERIC.--Pas deja si mauvais. On voit du pays; on a de bons camarades. MADAME BONARD.--Ne va pas te monter la tete. Je ne veux pas que tu sois soldat, moi. Ton pere ne le voudrait pas non plus. Pour te faire tuer dans quelque bataille! FREDERIC.--Mon pere! Ca lui est bien egal. Que je vive ou que je meure, que lui importe? Sans M. Georgey, il y a longtemps que je ne serais plus. MADAME BONARD.--Frederic, ne parle pas comme ca. N'oublie pas ce qui s'etait passe." Frederic se tut, baissa la tete et resta triste et silencieux. Depuis sa maladie on ne le voyait plus sourire: on entendait a peine sa voix; il mangeait peu, il dormait mal, il travaillait mollement. Jamais il ne parlait a son pere ni de son pere. Il evitait de se trouver avec lui et meme de le regarder; il semblait que la vue de Bonard lui causat une sensation penible, douloureuse meme. XX. L'ENGAGEMENT Julien avait enfin rempli son engagement avec M. Georgey. Trois mois apres la fameuse foire qui avait ete temoin de si facheux evenements, Frederic put reprendre son travail et Julien commenca le sien chez M. Georgey. XX. L'ENGAGEMENT 72

« M.

GEORGEY.—Vous pas comprendre? C'est etonnant! Vous rien savoir.

Un magpie, c'etait une grosse oison qui avait des plumets blanc et noir, qui parlait beaucoup toujours.

On disait de femmes: elle parlait comme une magpie. CAROLINE.—Ah! Monsieur veut dire une pie! M.

GEORGEY.—Tres justement! Une pie! C'etait ca tout justement; comme vous, Caroline.” M.

Georgey, fatigue de sa journee de la veille et de sa matinee, voulut rester chez lui pendant quelque temps a travailler a ses plans et a ses modeles de mecaniques.

Il alla seulement tous les jours, matin et soir, savoir des nouvelles de Frederic; il ne manquait jamais de demander a Julien quand il viendrait. “Quand Frederic sera gueri, Monsieur, et quand Mme Bonard n'aura plus besoin de moi", repondait toujours Julien. La maladie fut longue, la convalescence plus longue encore. La presence de Bonard faisait retomber Frederic dans un etat nerveux qui obligea le medecin a defendre au pere de se faire voir jusqu'au retablissement complet de son fils. Un jour, deux mois apres la foire, Julien entra precipitamment chez Mme Bonard. “Maitresse, savez-vous la nouvelle? Alcide vient de s'engager.

C'est son pere qui l'y a oblige; il lui a donne le choix ou d'etre soldat ou d'etre chasse sans argent, sans asile.

Il a mieux aime partir comme soldat.” Les yeux de Frederic s'animerent. “Il a bien fait; je voudrais bien faire comme lui. MADAME BONARD.—Toi! Y penses-tu, mon pauvre enfant? C'est un metier de chien d'etre soldat. FREDERIC.—Pas deja si mauvais.

On voit du pays; on a de bons camarades. MADAME BONARD.—Ne va pas te monter la tete.

Je ne veux pas que tu sois soldat, moi.

Ton pere ne le voudrait pas non plus.

Pour te faire tuer dans quelque bataille! FREDERIC.—Mon pere! Ca lui est bien egal.

Que je vive ou que je meure, que lui importe? Sans M. Georgey, il y a longtemps que je ne serais plus. MADAME BONARD.—Frederic, ne parle pas comme ca.

N'oublie pas ce qui s'etait passe.” Frederic se tut, baissa la tete et resta triste et silencieux.

Depuis sa maladie on ne le voyait plus sourire: on entendait a peine sa voix; il mangeait peu, il dormait mal, il travaillait mollement.

Jamais il ne parlait a son pere ni de son pere.

Il evitait de se trouver avec lui et meme de le regarder; il semblait que la vue de Bonard lui causat une sensation penible, douloureuse meme. XX.

L'ENGAGEMENT Julien avait enfin rempli son engagement avec M.

Georgey.

Trois mois apres la fameuse foire qui avait ete temoin de si facheux evenements, Frederic put reprendre son travail et Julien commenca le sien chez M. Georgey.

Le Mauvais Genie XX.

L'ENGAGEMENT 72. »

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