Le Grand Meaulnes Puis, vociférés à chaque endroit par huit ou dix inconnus aux voix déguisées, les cris de: "Amenez-le!
Publié le 11/04/2014
Extrait du document


«
Seurel..."
Et le voilà qui recommence son histoire:
"J'étais dans la cour derrière chez moi..." Sur ce, on lui offre une liqueur, qu'il accepte, et on lui demande des
détails qu'il est incapable de fournir.
Il n'avait rien vu en arrivant à la maison.
Toutes les troupes mises en éveil par les deux sentinelles qu'il avait
dérangées s'étaient éclipsées aussitôt.
Quant à dire qui ces estafettes pouvaient être...
"Ça pourrait bien être des bohémiens, avançait-il.
Depuis bientôt un mois qu'ils sont sur la place, à attendre
le beau temps pour jouer la comédie, ils ne sont pas sans avoir organisé quelque mauvais coup".
Tout cela ne nous avançait guère et nous restions debout, fort perplexes tandis que l'homme sirotait la liqueur
et de nouveau mimait son histoire, lorsque Meaulnes, qui avait écouté jusque-là fort attentivement, prit par
terre le falot du boucher et décida:
"Il faut aller voir!"
Il ouvrit la porte et nous le suivîmes, M.
Seurel, M.
Pasquier et moi.
Millie, déjà rassurée, puisque les assaillants étaient partis, et, comme tous les gens ordonnés et méticuleux,
fort peu curieuse de sa nature, déclara:
"Allez-y si vous voulez.
Mais fermez la porte et prenez la clef.
Moi, je vais me coucher.
Je laisserai la lampe
allumée".
CHAPITRE II.
Nous tombons dans une embuscade.
Nous partîmes sur la neige, dans un silence absolu.
Meaulnes marchait en avant, projetant la lueur en éventail
de sa lanterne grillagée...
A peine sortions-nous par le grand portail que, derrière la bascule municipale, qui
s'adossait au mur de notre préau, partirent d'un seul coup, comme perdreaux surpris, deux individus
encapuchonnés.
Soit moquerie, soit plaisir causé par l'étrange jeu qu'ils jouaient là, soit excitation nerveuse et
peur d'être rejoints, ils dirent en courant deux ou trois paroles coupées de rires.
Meaulnes laissa tomber sa lanterne dans la neige, en me criant:
"Suis-moi, François!..."
Et laissant là les deux hommes âgés incapables de soutenir une pareille course, nous nous lançâmes à la
poursuite des deux ombres, qui, après avoir un instant contourné le bas du bourg, en suivant le chemin de la
Vieille-Planche, remontèrent délibérément vers l'église.
Ils couraient régulièrement sans trop de hâte et nous
n'avions pas de peine à les suivre.
Ils traversèrent la rue de l'église où tout était endormi et silencieux, et
s'engagèrent derrière le cimetière dans un dédale de petites ruelles et d'impasses.
C'était là un quartier de journaliers, de couturières et de tisserands, qu'on nommait les Petits-Coins.
Nous le
connaissons assez mal et nous n'y étions jamais venu la nuit.
L'endroit était désert le jour: les journaliers
absents, les tisserands enfermés; et durant cette nuit de grand silence il paraissait plus abandonné, plus
endormi encore que les autres quartiers du bourg.
Il n'y avait donc aucune chance pour que quelqu'un survînt
et nous prêtât main-forte.
Le Grand Meaulnes
CHAPITRE II.
Nous tombons dans une embuscade.
43.
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