Le Grand Meaulnes "Je prends le bras de Moinel; je tremblais comme la feuille; je croyais que c'était le Bon Dieu!
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
"\24Et elle rentrait.
"Les voisins disaient:
"\24Vous avez trouvé un bien petit jolie petite bonne, madame Moinel.
"Malgré nos supplications, elle a voulu continuer son chemin sur Paris, au mois de mars; je lui ai donné des
robes qu'elle a retaillées, Moinel lui a pris son billet à la gare et donné un peu d'argent.
"Elle ne nous a pas oubliés; elle est couturière à Paris auprès de Notre-Dame; elle nous écrit encore pour
nous demander si nous ne savons rien des Sablonnières.
Une bonne fois, pour la délivrer de cette idée, je lui
ai répondu que le domaine était vendu, abattu, le jeune homme disparu pour toujours et la jeune fille mariée.
Tout cela doit être vrai, je pense.
Depuis ce temps ma Valentine écrit bien moins souvent..."
Ce n'était pas une histoire de revenants que racontait la tante Moinel de sa petite voix stridente si bien faite
pour les raconter.
J'étais cependant au comble du malaise.
C'est que nous avions juré à Frantz le bohémien de
le servir comme des frères et voici que l'occasion m'en était donnée...
Or, était-ce le moment de gâter la joie que j'allais porter à Meaulnes le lendemain matin, et de lui dire ce que
je venais d'apprendre? A quoi bon le lancer dans une entreprise mille fois impossible? Nous avions en effet
l'adresse de la jeune fille; mais où chercher le bohémien qui courait le monde?...
Laissons les fous avec les
fous, pensai-je.
Delouche et Boujardon n'avaient pas tort.
Que de mal nous a fait ce Frantz romanesque! Et je
résolus de ne rien dire tant que je n'aurais pas vu mariés Augustin Meaulnes et Mlle de Galais.
Cette résolution prise, il me restait encore l'impression pénible d'un mauvais présage\24impression absurde que
je chassai bien vite.
La chandelle était presque au bout; un moustique vibrait; mais la tante Moinel, la tête penchée sous sa capote
de velours qu'elle ne quittait que pour dormir, les coudes appuyés sur ses genoux, recommençait son
histoire...
Par moments elle relevait brusquement la tête et me regardait pour connaitre mes impressions, ou
peut-être pour voir si je ne m'endormais pas.
A la fin, sournoisement, la tête sur l'oreiller, je fermai les yeux,
faisant semblant de m'assoupir.
"Allons! tu dors...", fit-elle d'un ton plus sourd et un peu déçu.
J'eus pitié d'elle et je protestai:
"Mais non, ma tante, je vous assure...
\24Mais si! dit-elle.
Je comprends bien d'ailleurs que tout cela ne t'intéresse guère.
Je te parle là de gens que tu
n'as pas connus..."
Et lâchement, cette fois, je ne répondis pas.
CHAPITRE IV.
La grande nouvelle.
Il faisait, le lendemain matin, quand j'arrivai dans la grand'rue, un si beau temps de vacances, un si grand
calme, et sur tout le bourg passaient des bruits si paisibles, si familiers, que j'avais retrouvé toute la joyeuse
assurance d'un porteur de bonne nouvelle...
Augustin et sa mère habitaient l'ancienne maison d'école.
A la mort de son père, retraité depuis longtemps, et Le Grand Meaulnes
CHAPITRE IV.
La grande nouvelle.
77.
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