Le Grand Meaulnes était au mois d'août.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document


«
Au moment où nous arrivions au sommet de la côte, à l'endroit où il reste deux grosse vieilles pierres qu'on
dit être les vestiges d'un château fort, il en vint à parler des domaines qu'il avait visités et spécialement d'un
domaine à demi abandonné aux environs du Vieux-Nançay: le domaine des Sablonnières.
Avec cet accent de
l'Allier qui arrondit vaniteusement certains mots et abrège avec précosité les autres, il racontait avoir vu
quelques années auparavant, dans la chapelle en ruine de cette vieille propriété, une pierre tombale sur
laquelle étaient gravés ces mots:
Ci-gît le chevalier Galois Fidèle à son Dieu, à son Roi, à sa Belle
"Ah! Bah! Tiens!" disait M.
Seurel, avec un léger haussement d'épaules, un peu gêné du ton que prenait la
conversation, mais désireux cependant de nous laisser parler comme des hommes.
Alors Jasmin continua de décrire ce château, comme s'il y avait passé sa vie.
Plusieurs fois, en revenant du Vieux-Nançay, Dumas et lui avaient été intrigués par la vieille tourelle grise
qu'on apercevait au-dessus des sapins.
Il y avait là, au milieu des bois, tout un dédale de bâtiments ruinés que
l'on pouvait visiter en l'absence des maîtres.
Un jour, un garde de l'endroit, qu'ils avaient fait monter dans leur
voiture, les avait conduits dans le domaine étrange.
Mais depuis lors on avait fait tout abattre; il ne restait
plus guère, disait-on, que la ferme et une petite maison de plaisance.
Les habitants étaient toujours les
mêmes: un vieil officier retraité, demi-ruiné, et sa fille.
Il parlait...
Il parlait...
J'écoutai attentivement, sentant sans m'en rendre compte qu'il s'agissait là d'une chose
bien connue de moi, lorsque soudain, tout simplement, comme se font les choses extraordinaires, Jasmin se
tourna vers moi et, me touchant le bras, frappé d'une idée qui ne lui était jamais venue:
éTiens, mais, j'y pense, dit-il, c'est là que Meaulnes\24tu sais, le grand Meaulnes?\24avait dû aller.
"Mais oui, ajouta-t-il, car je ne répondais pas, et je me rappelle que le garde parlait du fils de la maison, un
excentrique, qui avait des idées extraordinaires..."
Je ne l'écoutais plus, persuadé dès le début qu'il avait deviné juste et que devant moi, loin de Meaulnes, loin
de tout espoir, venait de s'ouvrir, net et facile comme une route familière, le chemin du Domaine sans nom.
CHAPITRE II.
Chez Florentin.
Autant j'avais été un enfant malheureux et rêveur et fermé, autant je devins résolu et, comme on dit chez
nous, "décidé", lorsque je sentis que dépendait de moi l'issue de cette grave aventure.
Ce fut, je crois bien, à dater de ce soir-là que mon genou cessa définitivement de me faire mal.
Au Vieux-Nançay, qui était la commune du domaine des Sablonnières, habitait toute la famille de M.
Seurel
et en particulier mon oncle Florentin, un commerçant chez qui nous passions quelquefois la fin de septembre.
Libéré de tout examen, je ne voulus pas attendre et j'obtins d'aller immédiatement voir mon oncle.
Mais je
décidai de ne rien faire savoir à Meaulnes aussi longtemps que je ne serais pas certain de pouvoir lui
annoncer quelque bonne nouvelle.
A quoi bon en effet l'arracher à son d'ésespoir pour l'y replonger ensuite
plus profondément peut-être?
Le Vieux-Nançay fut pendant très longtemps le lieu du monde que je préférais, le pays des fins de vacances,
où nous n'allions que bien rarement, lorsqu'il se trouvait une voiture à louer pour nous y conduire.
Il y avait
eu, jadis, quelque brouille avec la branche de la famille qui habitait là-bas, et c'est pourquoi sans doute Millie
se faisait tant prier chaque fois pour monter en voiture.
Mais moi, je me souciais bien de ces fâcheries!...
Et Le Grand Meaulnes
CHAPITRE II.
Chez Florentin.
69.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Pourquoi devrait-on investir 400€ chaque mois durant notre vie active ? (grand oral)
- Le Grand Meaulnes 1913 Alain-Fournier (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- Le Grand Meaulnes
- GRAND MEAULNES (Le) Alain-fouRNIER (résumé & analyse)
- Grand MEAULNES (le) d'Alain-Fournier