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Le General Dourakine "Plus vite, plus vite!

Publié le 11/04/2014

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Le General Dourakine "Plus vite, plus vite! criait Yegor. Nikolai, Mitineka, Pavlouska, fouettez mon cheval, qu'il aille plus vite!" Les trois freres saisirent chacun une petite baguette et se mirent a frapper Paul. Le pauvre petit voulut se relever, mais tous se jeterent sur lui et l'obligerent a rester a quatre pattes. Paul criait et appelait Jacques a son secours; par malheur Jacques etait loin et ne pouvait l'entendre. "Au galop! lui criait Yegor toujours a cheval sur son dos. Ah! tu es un mauvais cheval, retif! Fouettez, freres! fouettez!" Les cris de Paul furent enfin entendus par Mme Derigny; elle accourut, se precipita dans la chambre, culbuta Yegor, repoussa les autres et arracha de leurs mains son pauvre Paul terrifie. "Mechants enfants, s'ecria-t-elle, mon pauvre Paul ne jouera plus avec vous. --Vous etes une impertinente, dit Sonushka, et je demanderai a mon oncle de vous faire fouetter." Mme Derigny poussa un eclat de rire, qui irrita encore plus les quatre aines, et emmena Paul sans repondre. Jacques revenait avec la corde; effraye de voir pleurer son frere, il crut que Mme Derigny l'emmenait pour le punir. "Maman, maman, pardonnez a ce pauvre Paul; laissez-le jouer avec les neveux du general", s'ecria Jacques en joignant les mains. Mais, quand il sut de Mme Derigny pourquoi elle l'emmenait, et que Paul lui raconta la mechancete de ces enfants, il voulut, dans son indignation, porter plainte au general; Mme Derigny l'en empecha. "Il ne faut pas tourmenter le general de nos demeles, mon petit Jacques, dit-elle. Ne jouez plus avec ces enfants mal eleves, et Paul n'aura pas a en souffrir. --Ils n'auront toujours pas la corde, dit Jacques en embrassant Paul et en suivant Mme Derigny. T'ont-ils fait bien mal, ces mechants, mon pauvre Paul?" Paul: "Non, pas trop; mais tout de meme ils tapaient fort quand maman est arrivee; et puis j'etais fatigue. Le garcon que les autres appelaient Yegor etait lourd, et je ne pouvais pas aller vite a quatre pattes." Jacques consola son frere de son mieux, aide de Mme Derigny; elle etait occupee a reparer le desordre de leurs chambres, que Derigny avait depouillees pour rendre plus commodes celles de Mme Papofski et de ses enfants. Ils coururent a la recherche de Derigny, qui courait de son cote pour trouver les objets necessaires au coucher et a la toilette de sa femme et de ses enfants. Jacques: "Voila papa, je le vois qui traverse la cour avec d'enormes paquets. Par ici, maman; par ici, Paul." Et tous trois se depecherent d'aller le rejoindre. "Que portez-vous donc, papa? dit Jacques quand il fut pres de lui." Derigny: "Des oreillers et des couvertures pour nous, mon cher enfant; nous n'en avions plus, j'avais donne les notres a la niece du general et a ses enfants." Paul: "Papa, il faut tout leur reprendre; ils sont trop mechants; ils m'ont battu, ils m'ont fait aller si vite que je ne pouvais plus respirer. Yegor etait si lourd, que j'etais ereinte." V. PREMIER DEMELE 17 Le General Dourakine Derigny: "Comment? deja? ils ont joue au maitre a peine arrives? C'est un vilain jeu, auquel il ne faudra pas vous meler a l'avenir, mes pauvres chers enfants." Jacques: "C'est ce que nous disait maman tout a l'heure. Si j'avais ete la, Paul n'aurait pas ete battu, car je serais tombe sur eux a coups de poing et je les aurais tous rosses." Derigny, souriant: "Tu aurais fait la une jolie equipee, mon cher enfant! Battre les neveux du general! c'eut ete une mauvaise affaire pour nous; le general eut ete fort mecontent, et avec raison. N'oublie pas qu'il ne faut jamais agir avec ses superieurs comme avec ses egaux, et qu'il faut savoir supporter avec patience ce qui nous vient d'eux." Jacques: "Mais, papa, je ne peux pas laisser maltraiter mon pauvre Paul." Derigny: "Certainement non, mon brave Jacques; tu l'aurais emmene avant qu'on l'eut maltraite, et, comme tu es fort et resolu, tu les aurais facilement vaincus sans les battre." Jacques: "C'est vrai, papa; une autre fois, je ferai comme vous dites. Des qu'ils contrarieront Paul, je l'emmenerai. --C'est tres bien, mon Jacquot, dit Derigny en lui serrant la main." Paul: "Papa, je ne veux plus aller avec ces mechants. --C'est ce que tu pourrais faire de mieux, mon cheri, dit Mme Derigny en l'embrassant. Mais nous oublions que votre papa est horriblement charge, et nous sommes la les mains vides sans lui proposer de l'aider." Derigny: "Merci, ma bonne Helene; ce que je porte est trop lourd pour vous tous." Madame Derigny: "Nous en prendrons une partie, mon ami." Derigny: "Mais non, laissez-moi faire." Jacques et Paul, sur un signe et un sourire de Mme Derigny, se jeterent sur un des paquets, et parvinrent, apres quelques efforts et des rires joyeux, a l'arracher des mains de leur pere. "Encore", leur dit Mme Derigny, les encourageant du sourire et s'emparant du paquet, qu'elle emporta en courant dans son appartement. Une nouvelle lutte, gaie et amicale, s'engagea entre le pere et les enfants; ceux-ci attaquaient vaillamment les paquets; le pere les defendait mollement, voulant donner a ses enfants le plaisir du triomphe; Jacques et Paul reussirent a en soustraire chacun un, et tous trois suivirent Mme Derigny dans leur appartement. Ils se mirent a l'oeuvre si activement, que le desordre des lits fut promptement repare; seulement il fallut attendre quelques jours pour avoir les bois de lit, que Derigny etait oblige de fabriquer lui-meme, et pour la vaisselle, qu'il fallait acheter a la ville voisine, situee a seize kilometres de Gromiline. Leurs arrangements venaient d'etre termines lorsque le general entra. Sa face rouge, ses yeux ardents, son front plisse, ses mains derriere le dos, indiquaient une colere violente, mais comprimee. "Derigny, dit-il d'une voix sourde." Derigny:"Mon general?" Le general: "Votre femme, vos enfants,... sac a papier! Pourquoi cherches-tu a te sauver, Jacques? Reste ici,... pourquoi as-tu peur si tu es innocent." V. PREMIER DEMELE 18

« Derigny: “Comment? deja? ils ont joue au maitre a peine arrives? C'est un vilain jeu, auquel il ne faudra pas vous meler a l'avenir, mes pauvres chers enfants.” Jacques: “C'est ce que nous disait maman tout a l'heure.

Si j'avais ete la, Paul n'aurait pas ete battu, car je serais tombe sur eux a coups de poing et je les aurais tous rosses.” Derigny, souriant: “Tu aurais fait la une jolie equipee, mon cher enfant! Battre les neveux du general! c'eut ete une mauvaise affaire pour nous; le general eut ete fort mecontent, et avec raison.

N'oublie pas qu'il ne faut jamais agir avec ses superieurs comme avec ses egaux, et qu'il faut savoir supporter avec patience ce qui nous vient d'eux.” Jacques: “Mais, papa, je ne peux pas laisser maltraiter mon pauvre Paul.” Derigny: “Certainement non, mon brave Jacques; tu l'aurais emmene avant qu'on l'eut maltraite, et, comme tu es fort et resolu, tu les aurais facilement vaincus sans les battre.” Jacques: “C'est vrai, papa; une autre fois, je ferai comme vous dites.

Des qu'ils contrarieront Paul, je l'emmenerai. —C'est tres bien, mon Jacquot, dit Derigny en lui serrant la main.” Paul: “Papa, je ne veux plus aller avec ces mechants. —C'est ce que tu pourrais faire de mieux, mon cheri, dit Mme Derigny en l'embrassant.

Mais nous oublions que votre papa est horriblement charge, et nous sommes la les mains vides sans lui proposer de l'aider.” Derigny: “Merci, ma bonne Helene; ce que je porte est trop lourd pour vous tous.” Madame Derigny: “Nous en prendrons une partie, mon ami.” Derigny: “Mais non, laissez-moi faire.” Jacques et Paul, sur un signe et un sourire de Mme Derigny, se jeterent sur un des paquets, et parvinrent, apres quelques efforts et des rires joyeux, a l'arracher des mains de leur pere. “Encore", leur dit Mme Derigny, les encourageant du sourire et s'emparant du paquet, qu'elle emporta en courant dans son appartement.

Une nouvelle lutte, gaie et amicale, s'engagea entre le pere et les enfants; ceux-ci attaquaient vaillamment les paquets; le pere les defendait mollement, voulant donner a ses enfants le plaisir du triomphe; Jacques et Paul reussirent a en soustraire chacun un, et tous trois suivirent Mme Derigny dans leur appartement.

Ils se mirent a l'oeuvre si activement, que le desordre des lits fut promptement repare; seulement il fallut attendre quelques jours pour avoir les bois de lit, que Derigny etait oblige de fabriquer lui-meme, et pour la vaisselle, qu'il fallait acheter a la ville voisine, situee a seize kilometres de Gromiline. Leurs arrangements venaient d'etre termines lorsque le general entra.

Sa face rouge, ses yeux ardents, son front plisse, ses mains derriere le dos, indiquaient une colere violente, mais comprimee. “Derigny, dit-il d'une voix sourde.” Derigny:"Mon general?” Le general: “Votre femme, vos enfants,...

sac a papier! Pourquoi cherches-tu a te sauver, Jacques? Reste ici,... pourquoi as-tu peur si tu es innocent.” Le General Dourakine V.

PREMIER DEMELE 18. »

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