Le General Dourakine Le general: "Tres mal, mon cher; horriblement!
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
C'est drole, dit Paul a Jacques, que tous les hommes ici soient des sapeurs!
Jacques: Ce ne sont pas des sapeurs: ce sont les paysans du general Paul: Mais pourquoi sont-ils tous en
robe de chambre?
Jacques: C'est leur maniere de s'habiller; tu en as vu tout le long de la route; ils etaient tous en robe de
chambre de drap bleu avec des ceintures rouges.
C'est tres joli, bien plus joli que les blouses de chez nous.
Ils arriverent aux chambres qu'ils devaient occuper et que Vassili, l'intendant, avait fait arranger du mieux
possible.
Il y en avait trois, avec des canapes en guise de lits, des coffres pour serrer les effets, une table par
chambre, des chaises et des bancs.
Elles sont jolies nos chambres, dit Jacques; seulement je ne vois pas de lits.
Ou coucherons-nous?
Derigny: Que veux-tu, mon enfant! s'il n'y a pas de lits, nous nous arrangerons des canapes; il faut savoir
s'arranger de ce qu'on trouve.
Derigny et sa femme se mirent immediatement a l'ouvrage, et quelques minutes apres ils avaient donne aux
canapes une apparence de lits.
Paul s'etait endormi sur une chaise; Jacques baillait, tout en aidant son pere et
sa mere a defaire les malles et a en tirer ce qui etait necessaire pour la nuit.
Ils se coucherent des que cette besogne fut terminee, et ils dormirent jusqu'au lendemain.
Derigny, avant de se
coucher, chercha a arriver jusqu'au general, qu'il eut de la peine a trouver dans la foule de chambres et de
corridors qu'il traversait.
Il finit pourtant par arriver a l'appartement du general, qui se promenait dans sa grande chambre a coucher,
d'assez mauvaise humeur.
Quand Derigny entra, il s'arreta, et, croisant les bras:
Je suis contrarie, furieux, d'etre venu ici; tous ces gens n'entendent rien a mon service; ils se precipitent
comme des fous et des imbeciles pour executer mes ordres qu'ils n'ont pas compris.
Je ne trouve rien de ce
qu'il me faut.
Votre auberge de l'Ange-gardien etait cent fois mieux montee que mon Gromiline.
J'ai pourtant
six cent mille roubles de revenu! A quoi me servent-ils?
Derigny: Mais, mon general, quand on arrive apres une longue absence, c'est toujours ainsi.
Nous
arrangerons tout cela, mon general; dans quelques jours vous serez installe comme un prince.
Le General: Alors ce sera vous et votre femme qui m'installerez, car mes gens d'ici ne comprennent pas ce
que je leur demande.
Derigny: C'est la joie de vous revoir qui les trouble, mon general.
Il n'y a peut-etre pas longtemps qu'ils
savent votre arrivee?
Le General: Je crois bien! je n'avais pas ecrit; c'est Stepane qui m'a annonce.
Derigny: Mais...
alors, mon general, les pauvres gens ne sont pas coupables: ils n'ont pas eu le temps de
preparer quoi que ce soit.
Le General: Pas seulement mon souper, que j'attends encore.
En verite, cela est trop fort!
Derigny: C'est pour qu'il soit meilleur, mon general, c'est pour que les viandes soient bien cuites, qu'on vous
les fait attendre. Le General Dourakine
II.
ARRIVEE A GROMILINE.
6.
»
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