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Le General Dourakine Derigny: "A la derniere station avant la frontiere, mon general.

Publié le 11/04/2014

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Le General Dourakine Derigny: "A la derniere station avant la frontiere, mon general." Le general: "Bon pate, parbleu! c'est un dernier souvenir de ma pauvre patrie. Mange, Natasha; mange, Natalie; mange, Romane." Et il leur donnait a tous des tranches formidables. Madame Dabrovine: "Jamais je ne pourrai manger tout cela, mon oncle." Le general: "Allons donc! Avec un peu de bonne volonte tu iras jusqu'a la fin. Tiens, regarde comme j'avale cela, moi." Mme Dabrovine sourit; Natasha rit de tout son coeur; Romane joignit son rire au sien. Le general: "On voit bien que tu as passe la frontiere, mon pauvre garcon; voila que tu ris de tout ton coeur." Romane: "Oh oui! mon ami, j'ai le coeur leger et content." Le repas fut copieux pour le general et gai pour tous, grace aux plaisanteries aimables du bon general. Quand on s'arreta pour diner, le secret du prince Romane fut revele a ses anciens eleves et aux enfants de Derigny. Lui et sa femme savaient des l'origine ce qu'etait M. Jackson. Alexandre et Michel regardaient avec une surprise melee de respect leur ancien gouverneur. Ils ne dirent rien d'abord, puis ils s'approcherent du prince, lui prirent les mains et les serrerent contre leur coeur. Alexandre: "Je suis bien fache... c'est-a-dire bien content, que vous soyez le prince Pajarski, mon bon monsieur Jackson. Cela me fait bien de la peine,... non, je veux dire... que... ce sera bien triste..., c'est-a-dire bien heureux pour nous, de ne plus vous voir..., pas pour nous, pour vous, je veux dire... Je vous aime tant!" Le pauvre Alexandre, qui ne savait plus ce qu'il disait, eclata en sanglots, et se jeta dans les bras de son ex-gouverneur. Michel fit comme son frere. Le prince Romane les embrassa, les serra contre son coeur. Le prince: "Mes chers enfants, vous resterez mes chers eleves, si votre mere et votre oncle veulent bien me garder; pourquoi me renverrait-on, si tout le monde est content de moi?" Alexandre: "Comment! vous voudriez..., vous seriez assez bon pour rester avec nous, quoique vous soyez prince?" Le prince: "Eh! mon Dieu, oui! un pauvre prince sans le sou, qui sera assez bon pour vivre heureux au milieu d'excellents amis, si toutefois ses amis veulent bien le lui permettre." Mme Dabrovine lui serra la main en le remerciant affectueusement de la preuve d'amitie qu'il leur donnait. Le general l'embrassa a l'etouffer; Natasha le remerciait du bonheur de ses freres; Jacques et Paul restaient a l'ecart. "Et vous, mes bons enfants, leur dit le prince en les embrassant, je veux aussi vous conserver comme eleves: je serai encore votre maitre et toujours votre ami. C'est toi, mon petit Paul, qui m'as trouve le premier." Paul: "Je me le rappelle bien! Vous aviez l'air si malheureux! Cela me faisait de la peine." Jacques: "J'ai bien pense que vous vous etiez sauve de quelque prison! Vous aviez si peur qu'on ne vous denoncat." XX. VOYAGE PENIBLE, HEUREUSE FIN 83 Le General Dourakine Le prince: "L'as-tu dit a quelqu'un?" Jacques: "A personne! Jamais! Je savais bien que cela pourrait vous faire du mal." Le general: "Brave enfant! tu auras la recompense de ta charitable discretion." Jacques: "Je n'en veux pas d'autre que votre amitie a tous! Le general: "Tu l'as et tu l'auras, mon brave garcon." Le general, qui n'oubliait jamais les repas, appela Derigny pour commander un bon diner et du bon vin qu'on boirait a la sante de Romane et de tous les Siberiens. Pendant qu'on appretait le diner, Mme Dabrovine et Natasha allerent voir les chambres ou l'on devait coucher; elles choisirent pour le general la meilleure et la plus grande; une belle a cote, pour le prince Pajarski, et quatre autres chambres pour elles-memes, pour les deux garcons, pour Mme Derigny et Paul, et enfin pour Derigny et Jacques. Elles s'occuperent avec Mme Derigny a faire les lits, a donner de l'air aux chambres et a les rendre aussi confortables que possible. Le diner fut excellent et fort gai; on but les santes des absents et des presents. Le general calcula que le lendemain devait etre le jour de la prise de possession de Gromiline par le prince Negrinski; ils s'amuserent beaucoup du desappointement et de la colere que devait eprouver Mme Papofski, Natasha seule la plaignit et trouva la punition trop forte. Le general: "Tu oublies donc, Natasha, qu'elle voulait nous denoncer tous et nous faire tous envoyer en Siberie? Elle n'aura d'autre punition que de retourner dans ses terres, qu'elle n'aurait pas du quitter, et de ne pas avoir ma fortune, qu'elle ne devait pas avoir." Natasha: "C'est vrai, mon oncle, mais nous sommes si heureux, tous reunis, que cela fait peine de penser a son chagrin." Le general: "Chagrin! dis donc fureur, rage. Elle n'a que ce qu'elle merite, crois-moi. Prions pour elle, afin que Dieu ne lui envoie pas une punition plus terrible que celle que je lui inflige." XXI. L'ASCENSION Le voyage continua gaiement; on passa quelques jours dans chaque ville un peu importante qu'on devait traverser. A la fin de juin on arriva aux eaux d'Ems; le general voulut absolument les faire prendre a Mme Dabrovine, dont la sante etait loin d'etre satisfaisante. La jeunesse fit des excursions amusantes dans les montagnes et dans les environs d'Ems. Le general voulut un jour les accompagner pour escalader les montagnes qui dominent la ville. "Mon general, permettez-vous que je vous accompagne? dit Derigny. Le general: "Pourquoi, mon ami? croyez-vous que je ne puisse pas marcher seul?" Derigny: "Pas du tout, mon general; mais si vous aviez besoin d'un aide pour grimper de rocher en rocher, je serais la, tres heureux de vous offrir mon bras. Le general: "Vous croyez donc que je resterai perche sur un rocher, sans pouvoir ni monter ni descendre?" XXI. L'ASCENSION 84

« Le prince: “L'as-tu dit a quelqu'un?” Jacques: “A personne! Jamais! Je savais bien que cela pourrait vous faire du mal.” Le general: “Brave enfant! tu auras la recompense de ta charitable discretion.” Jacques: “Je n'en veux pas d'autre que votre amitie a tous! Le general: “Tu l'as et tu l'auras, mon brave garcon.” Le general, qui n'oubliait jamais les repas, appela Derigny pour commander un bon diner et du bon vin qu'on boirait a la sante de Romane et de tous les Siberiens. Pendant qu'on appretait le diner, Mme Dabrovine et Natasha allerent voir les chambres ou l'on devait coucher; elles choisirent pour le general la meilleure et la plus grande; une belle a cote, pour le prince Pajarski, et quatre autres chambres pour elles-memes, pour les deux garcons, pour Mme Derigny et Paul, et enfin pour Derigny et Jacques.

Elles s'occuperent avec Mme Derigny a faire les lits, a donner de l'air aux chambres et a les rendre aussi confortables que possible. Le diner fut excellent et fort gai; on but les santes des absents et des presents.

Le general calcula que le lendemain devait etre le jour de la prise de possession de Gromiline par le prince Negrinski; ils s'amuserent beaucoup du desappointement et de la colere que devait eprouver Mme Papofski, Natasha seule la plaignit et trouva la punition trop forte. Le general: “Tu oublies donc, Natasha, qu'elle voulait nous denoncer tous et nous faire tous envoyer en Siberie? Elle n'aura d'autre punition que de retourner dans ses terres, qu'elle n'aurait pas du quitter, et de ne pas avoir ma fortune, qu'elle ne devait pas avoir.” Natasha: “C'est vrai, mon oncle, mais nous sommes si heureux, tous reunis, que cela fait peine de penser a son chagrin.” Le general: “Chagrin! dis donc fureur, rage.

Elle n'a que ce qu'elle merite, crois-moi.

Prions pour elle, afin que Dieu ne lui envoie pas une punition plus terrible que celle que je lui inflige.” XXI.

L'ASCENSION Le voyage continua gaiement; on passa quelques jours dans chaque ville un peu importante qu'on devait traverser.

A la fin de juin on arriva aux eaux d'Ems; le general voulut absolument les faire prendre a Mme Dabrovine, dont la sante etait loin d'etre satisfaisante.

La jeunesse fit des excursions amusantes dans les montagnes et dans les environs d'Ems.

Le general voulut un jour les accompagner pour escalader les montagnes qui dominent la ville. “Mon general, permettez-vous que je vous accompagne? dit Derigny.

Le general: “Pourquoi, mon ami? croyez-vous que je ne puisse pas marcher seul?” Derigny: “Pas du tout, mon general; mais si vous aviez besoin d'un aide pour grimper de rocher en rocher, je serais la, tres heureux de vous offrir mon bras. Le general: “Vous croyez donc que je resterai perche sur un rocher, sans pouvoir ni monter ni descendre?” Le General Dourakine XXI.

L'ASCENSION 84. »

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