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Le General Dourakine dans les bras de Moutier, qui eut de la peine a ne pas toucher terre avec sa charge.

Publié le 11/04/2014

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Le General Dourakine dans les bras de Moutier, qui eut de la peine a ne pas toucher terre avec sa charge. Mais il s'y attendait, il ne broncha pas, et il serra le general contre son coeur avec des larmes dans les yeux. Le general aussi sentit les siens se mouiller; il s'empara d'Elfy pour l'embrasser plus d'une fois. Elfy lui baisait les mains, riait, pleurait tout a la fois. Mme Dabrovine et le prince Romane furent presentes par le general. "Ma petite Elfy, voici la fille de mon coeur et le fils de mes vieux jours. Aimez-les comme vous m'aimez." La profonde reverence d'Elfy fut interrompue par Mme Dabrovine, qui embrassa tendrement cette jeune amie de son vieil oncle. Le prince Romane lui serra la main avec effusion. Moutier recut aussi des poignees de main affectueuses de Mme Dabrovine, du prince Romane et d'Alexandre et Michel. "Mon cher monsieur Moutier, dit Alexandre, vous nous raconterez bien en detail comment vous avez trouve dans les bois le pauvre Jacques et son frere. Moutier: "Tres volontiers, messieurs; vous les aimerez davantage apres ce recit; mon bon petit Jacques est le modele des freres et des fils: ils sont restes ce qu'ils etaient. Le General: "N'avez-vous pas quelque chose a nous donner pour notre diner, ma petite menagere? Nous avons une faim terrible." Elfy, souriant: "Je croyais que vous n'aimiez plus ma pauvre cuisine et mes maigres poulets, general." Le General: "Comment, petite rancuneuse, vous vous souvenez de ce detail de votre diner de noces? Nous allons donc mourir de faim, si vous n'avez rien prepare." Elfy: "Soyez tranquille, general, tout est pret, nous vous attendions pour servir." Le general entra et se mit a table; le couvert etait mis. Elfy engagea tout le monde a s'asseoir; il fallut l'ordre expres du general pour que les Derigny et les Moutier se missent a table. Le General: "Je ne pensais pas que vous eussiez si vite oublie nos bonnes habitudes, ma petite Elfy et mon grand Moutier! Nous etions si bons amis, jadis!" Moutier: "Et nous le sommes encore, mon general; pour vous le prouver, nous vous obeissons sans plus de resistance. Viens, Elfy; obeis comme jadis." Le General: "A la bonne heure! Ici, a ma droite, Elfy; Moutier, pres: de ma niece Dabrovine; Natasha, a la gauche de Moutier; Romane, pres de Natasha; Mme Derigny, a ma gauche; Alexandre, Michel, Jacques et Paul, ou vous voudrez; Je ne me mele pas de vous placer." Jacques: "Moi, pres de mon bon Moutier." Moutier: "La place est prise par les dames, mon ami; va ailleurs." Les quatre garcons se placerent en groupe tous ensemble. Elfy prouva au general qui ni elle ni sa soeur n'avaient perdu leur talent pour la soupe aux choux, la fricassee de poulet, la matelote d'anguilles, le gigot a l'ail, la salade a la creme, les pommes de terre frites et les crepes. Le general, ne se lassait pas de redemander encore et encore de chaque plat. Le vin etait bon, le cafe excellent, l'eau-de-vie vieille et vrai cognac. Le prince; Romane joignit ses eloges a ceux du general, et, quoique ses demonstrations fussent moins energiques, XXII. FIN DES VOYAGES, CHACUN CHEZ SOI 91 Le General Dourakine il lui arriva deux fois de redemander des plats servis et accommodes par les deux soeurs. Apres le repas et apres une promenade dans les domaines d'Elfy et de Moutier, on se dirigea vers l'auberge du General reconnaissant. Natasha, ses freres et leurs amis couraient en avant et admirerent avec une gaiete bruyante l'effigie rubiconde du vieux general. Toute le societe entra dans la maison de Derigny, qui avait ete preparee pour recevoir le general et sa famille; les domestiques et les femmes de chambre y etaient deja et rangeaient les effets de leurs maitres. L'auberge etait grande; chacun eut une chambre spacieuse et confortable; le general eut son salon; Mme Dabrovine eut egalement le sien; Natasha, Alexandre, Michel et meme le prince Romane, virent avec grand plaisir un billard dans une piece pres de la salle a manger et du salon. Des le jour meme, aide d'Elfy et de Derigny, le general s'installa avec les siens dans cette auberge si bien montee. Les Derigny s'y transporterent egalement. Le lendemain, le general, inquiet de ses repas, apprit avec une joie extreme que Derigny avait deja installe a la cuisine un excellent chef venu de Paris, et son garcon de cuisine, excellent patissier. Ce soin touchant de bien-etre mit le comble a la reconnaissance du general; ses inquietudes etaient finies, son bonheur devenait complet; dans sa joie, il pleura comme un enfant. Un jour, une lettre du prince Negrinski annonca au general la mort de sa niece Papofski et les penibles evenements qui avaient amene cette fin prematuree. Cette nouvelle impressionna peniblement le general, sa famille et ses amis; mais ce sentiment s'effaca promptement par le bonheur dont ils jouissaient. Leur vie a tous etait douce et gaie; Natasha allait tous les jours passer quelques heures chez son amie Elfy: elle l'aidait a faire sa cuisine, a laver son linge, a le raccommoder, a faire son menage; Alexandre et Michel passaient leur recreations avec Jacques et Paul, a becher le jardin, a ratisser les allees, arroser les legumes, etc.; le prince Romane et Moutier y mettaient aussi la main; Mme Dabrovine et le general venaient souvent se meler a leurs occupations, rire de leurs jeux, s'amuser de leurs plaisirs. Le lendemain de son arrivee, le general et sa niece allerent voir le chateau a vendre tout y etait joli et magnifique; la terre etait considerable; les bois etaient superbes; le prix en etait peu eleve pour la beaute de la propriete: deux millions payes comptant rendirent le general possesseur de cette terre si bien placee pour leur agrement a tous. Ils s'y transporterent quinze jours apres leur arrivee a Loumigny, et ils y passerent gaiement et agreablement l'automne, l'hiver et le printemps. Derigny etait reste pres du general. Il etait regisseur de la terre et de toute la fortune du general; sa femme surveillait le linge et fut etablie femme de charge. Mme Dabrovine reprenait petit a petit sa gaiete; elle voyait souvent le bon cure, que le general aimait aussi beaucoup, et qui devint le confesseur et le directeur de toute le famille; Natasha etait heureuse; elle chantait et riait du matin au soir. Le prince Romane etait devenu un membre indispensable de la famille. On voyait sans cesse les Moutier, soit chez eux, soit au chateau. XXIII. TOUT LE MONDE EST HEUREUX. CONCLUSION L'annee suivante, au commencement de l'ete, Moutier vint annoncer un matin qu'Elfy avait une belle petite fille. Le general en fut tres content. "C'est moi qui suis parrain, dit-il. --Et moi, je serai marraine", dit Mme Dabrovine. Moutier remercia et courut porter la bonne nouvelle a Elfy. La marraine donna a sa filleule Marie une charmante et utile layette. Le parrain lui donna vingt mille francs et une foule de presents pour le pere, la mere et l'enfant. Peu de temps apres la ceremonie du bapteme, qui fut suivie d'un repas excellent et d'une abondante distribution de dragees et d'objets de fantaisie, le general appela Natasha. "Mon enfant, lui dit-il, sais-tu que je suis vieux?" XXIII. TOUT LE MONDE EST HEUREUX. CONCLUSION 92

« il lui arriva deux fois de redemander des plats servis et accommodes par les deux soeurs. Apres le repas et apres une promenade dans les domaines d'Elfy et de Moutier, on se dirigea vers l'auberge du General reconnaissant.

Natasha, ses freres et leurs amis couraient en avant et admirerent avec une gaiete bruyante l'effigie rubiconde du vieux general.

Toute le societe entra dans la maison de Derigny, qui avait ete preparee pour recevoir le general et sa famille; les domestiques et les femmes de chambre y etaient deja et rangeaient les effets de leurs maitres.

L'auberge etait grande; chacun eut une chambre spacieuse et confortable; le general eut son salon; Mme Dabrovine eut egalement le sien; Natasha, Alexandre, Michel et meme le prince Romane, virent avec grand plaisir un billard dans une piece pres de la salle a manger et du salon. Des le jour meme, aide d'Elfy et de Derigny, le general s'installa avec les siens dans cette auberge si bien montee.

Les Derigny s'y transporterent egalement.

Le lendemain, le general, inquiet de ses repas, apprit avec une joie extreme que Derigny avait deja installe a la cuisine un excellent chef venu de Paris, et son garcon de cuisine, excellent patissier.

Ce soin touchant de bien-etre mit le comble a la reconnaissance du general; ses inquietudes etaient finies, son bonheur devenait complet; dans sa joie, il pleura comme un enfant. Un jour, une lettre du prince Negrinski annonca au general la mort de sa niece Papofski et les penibles evenements qui avaient amene cette fin prematuree.

Cette nouvelle impressionna peniblement le general, sa famille et ses amis; mais ce sentiment s'effaca promptement par le bonheur dont ils jouissaient.

Leur vie a tous etait douce et gaie; Natasha allait tous les jours passer quelques heures chez son amie Elfy: elle l'aidait a faire sa cuisine, a laver son linge, a le raccommoder, a faire son menage; Alexandre et Michel passaient leur recreations avec Jacques et Paul, a becher le jardin, a ratisser les allees, arroser les legumes, etc.; le prince Romane et Moutier y mettaient aussi la main; Mme Dabrovine et le general venaient souvent se meler a leurs occupations, rire de leurs jeux, s'amuser de leurs plaisirs.

Le lendemain de son arrivee, le general et sa niece allerent voir le chateau a vendre tout y etait joli et magnifique; la terre etait considerable; les bois etaient superbes; le prix en etait peu eleve pour la beaute de la propriete: deux millions payes comptant rendirent le general possesseur de cette terre si bien placee pour leur agrement a tous.

Ils s'y transporterent quinze jours apres leur arrivee a Loumigny, et ils y passerent gaiement et agreablement l'automne, l'hiver et le printemps. Derigny etait reste pres du general.

Il etait regisseur de la terre et de toute la fortune du general; sa femme surveillait le linge et fut etablie femme de charge.

Mme Dabrovine reprenait petit a petit sa gaiete; elle voyait souvent le bon cure, que le general aimait aussi beaucoup, et qui devint le confesseur et le directeur de toute le famille; Natasha etait heureuse; elle chantait et riait du matin au soir.

Le prince Romane etait devenu un membre indispensable de la famille.

On voyait sans cesse les Moutier, soit chez eux, soit au chateau. XXIII.

TOUT LE MONDE EST HEUREUX.

CONCLUSION L'annee suivante, au commencement de l'ete, Moutier vint annoncer un matin qu'Elfy avait une belle petite fille.

Le general en fut tres content. “C'est moi qui suis parrain, dit-il. —Et moi, je serai marraine", dit Mme Dabrovine.

Moutier remercia et courut porter la bonne nouvelle a Elfy. La marraine donna a sa filleule Marie une charmante et utile layette.

Le parrain lui donna vingt mille francs et une foule de presents pour le pere, la mere et l'enfant.

Peu de temps apres la ceremonie du bapteme, qui fut suivie d'un repas excellent et d'une abondante distribution de dragees et d'objets de fantaisie, le general appela Natasha. “Mon enfant, lui dit-il, sais-tu que je suis vieux?” Le General Dourakine XXIII.

TOUT LE MONDE EST HEUREUX.

CONCLUSION 92. »

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