Le General Dourakine dans les bras de Moutier, qui eut de la peine a ne pas toucher terre avec sa charge.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
il lui arriva deux fois de redemander des plats servis et accommodes par les deux soeurs.
Apres le repas et apres une promenade dans les domaines d'Elfy et de Moutier, on se dirigea vers l'auberge du
General reconnaissant.
Natasha, ses freres et leurs amis couraient en avant et admirerent avec une gaiete
bruyante l'effigie rubiconde du vieux general.
Toute le societe entra dans la maison de Derigny, qui avait ete
preparee pour recevoir le general et sa famille; les domestiques et les femmes de chambre y etaient deja et
rangeaient les effets de leurs maitres.
L'auberge etait grande; chacun eut une chambre spacieuse et
confortable; le general eut son salon; Mme Dabrovine eut egalement le sien; Natasha, Alexandre, Michel et
meme le prince Romane, virent avec grand plaisir un billard dans une piece pres de la salle a manger et du
salon.
Des le jour meme, aide d'Elfy et de Derigny, le general s'installa avec les siens dans cette auberge si bien
montee.
Les Derigny s'y transporterent egalement.
Le lendemain, le general, inquiet de ses repas, apprit avec
une joie extreme que Derigny avait deja installe a la cuisine un excellent chef venu de Paris, et son garcon de
cuisine, excellent patissier.
Ce soin touchant de bien-etre mit le comble a la reconnaissance du general; ses
inquietudes etaient finies, son bonheur devenait complet; dans sa joie, il pleura comme un enfant.
Un jour, une lettre du prince Negrinski annonca au general la mort de sa niece Papofski et les penibles
evenements qui avaient amene cette fin prematuree.
Cette nouvelle impressionna peniblement le general, sa
famille et ses amis; mais ce sentiment s'effaca promptement par le bonheur dont ils jouissaient.
Leur vie a tous
etait douce et gaie; Natasha allait tous les jours passer quelques heures chez son amie Elfy: elle l'aidait a faire
sa cuisine, a laver son linge, a le raccommoder, a faire son menage; Alexandre et Michel passaient leur
recreations avec Jacques et Paul, a becher le jardin, a ratisser les allees, arroser les legumes, etc.; le prince
Romane et Moutier y mettaient aussi la main; Mme Dabrovine et le general venaient souvent se meler a leurs
occupations, rire de leurs jeux, s'amuser de leurs plaisirs.
Le lendemain de son arrivee, le general et sa niece
allerent voir le chateau a vendre tout y etait joli et magnifique; la terre etait considerable; les bois etaient
superbes; le prix en etait peu eleve pour la beaute de la propriete: deux millions payes comptant rendirent le
general possesseur de cette terre si bien placee pour leur agrement a tous.
Ils s'y transporterent quinze jours
apres leur arrivee a Loumigny, et ils y passerent gaiement et agreablement l'automne, l'hiver et le printemps.
Derigny etait reste pres du general.
Il etait regisseur de la terre et de toute la fortune du general; sa femme
surveillait le linge et fut etablie femme de charge.
Mme Dabrovine reprenait petit a petit sa gaiete; elle voyait
souvent le bon cure, que le general aimait aussi beaucoup, et qui devint le confesseur et le directeur de toute le
famille; Natasha etait heureuse; elle chantait et riait du matin au soir.
Le prince Romane etait devenu un
membre indispensable de la famille.
On voyait sans cesse les Moutier, soit chez eux, soit au chateau.
XXIII.
TOUT LE MONDE EST HEUREUX.
CONCLUSION
L'annee suivante, au commencement de l'ete, Moutier vint annoncer un matin qu'Elfy avait une belle petite
fille.
Le general en fut tres content.
C'est moi qui suis parrain, dit-il.
Et moi, je serai marraine", dit Mme Dabrovine.
Moutier remercia et courut porter la bonne nouvelle a Elfy.
La marraine donna a sa filleule Marie une charmante et utile layette.
Le parrain lui donna vingt mille francs et
une foule de presents pour le pere, la mere et l'enfant.
Peu de temps apres la ceremonie du bapteme, qui fut
suivie d'un repas excellent et d'une abondante distribution de dragees et d'objets de fantaisie, le general appela
Natasha.
Mon enfant, lui dit-il, sais-tu que je suis vieux? Le General Dourakine
XXIII.
TOUT LE MONDE EST HEUREUX.
CONCLUSION 92.
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