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Le Corricolo mois de rodomontade jetes au vent par la colere d'Achille, et qu'il en avait fait un tableau.

Publié le 11/04/2014

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achille
Le Corricolo mois de rodomontade jetes au vent par la colere d'Achille, et qu'il en avait fait un tableau. Ce n'est pas probable; mais, n'importe, admettons votre donnee. C'est donc la rencontre d'Achille et d'Hector pres de la porte de Scee. D'abord, monsieur Sanchez, Achille avait des chevaux de rechange. Il avait, a cette epoque, Xanthe et Balius, fils de Podarge et du Zephyr, et par consequent immortels, il avait de plus Pedase, qu'il avait pris au siege de Thebes, et qui, au dire d'Homere, tout mortel qu'il etait, etait digne d'etre attele pres de ses deux collegues divins. Mais, quoique Achille dut monter a cheval comme un membre du Jokey-Club ou comme un ecuyer de Franconi, Achille ne montait jamais a cheval quand il s'agissait de combattre. Fi donc! les heros comme Achille avaient un char, un automedon pour conduire ce char, et au fond de ce char tout un arsenal de piques et de javelots. Combattre a cheval! pour qui prenez-vous le divin fils de Thetis et de Pelee? C'est bon pour des pleutres et des faquins; mais du temps d'Homere les gens comme il faut combattaient en char. Ecoutez Nestor: "Contenez vos chevaux, dit-il, prenez garde qu'ils ne portent le desordre dans nos lignes; qu'aucun de vous ne s'abandonne a sa fougueuse ardeur, qu'aucun ne sorte des rangs pour attaquer l'ennemi, qu'aucun ne recule; vous seriez bientot rompus et defaits. Si quelqu'un est force d'abandonner son char pour monter sur un autre, qu'il ne se serve plus que de ses javelots." Puis, s'il vous plait, a cette epoque, Achille avait encore ses armes, puisque Patrocle n'etait pas mort. Ou est donc l'immense bouclier sous lequel gemissait le bras de Patrocle? ou est le casque terrible dont le cimier seul, en se balancant, faisait fuir les Troyens? ou Achille dit-il que lorsque Hector a fui devant lui, lui Achille etait nu-tete? Certes, Achille n'est point assez modeste pour avoir oublie une pareille circonstance. Donc le chef vainqueur de la mosaique ne peut etre Achille, puisque le vainqueur de la mosaique n'est pas sur le char d'Achille et ne porte pas les armes d'Achille. Passons a Hector. Maintenant, Hector est sur son char, c'est vrai; malheureusement, le chef vaincu de la mosaique non seulement n'a pas les armes d'Hector, mais encore n'a pas l'age d'Hector. Ou M. Giuseppe Sanchez a-t-il vu que l'elegant fils de Priam, qui dispute le prix de la beaute a Paris, le prix du courage a Achille, soit un homme de quarante-cinq a quarante-huit ans? Franchement, quoique Homere ne dise nulle part l'age d'Achille, tout ce que je peux faire pour M. Sanchez, c'est d'accorder trente ans a Hector. Puis, j'en demande pardon a M. Sanchez, j'ai lu et relu l'Iliade, et je n'ai vu nulle part qu'Hector se servit d'un arc. C'est Paris, l'archer de la famille; et Homere est trop adroit pour etablir une pareille similitude entre les deux freres. A Hector, il faut les armes offensives du brave; il lui faut les javelots avec lesquels on se bat a vingt pas de distance: il lui faut cette lance au cercle d'or avec laquelle on frappe son ennemi en le joignant; il lui faut l'epee, avec laquelle on lutte corps a corps. Puis, connue arme defensive, ou est ce casque, present d'Apollon, dont le panache seme la terreur? ou est ce grand bouclier qu'il rejette sur ses epaules quand il tourne le dos a l'ennemi et qui le couvre tout entier? ou est enfin la cuirasse ou s'enfonce si profondement le javelot d'Ajax qu'il dechire jusqu'a sa tunique? Or, si le guerrier vaincu de la mosaique n'a pas l'age d'Hector et n'a pas les armes d'Hector, ce ne peut pas etre Hector. XVI. La grande Mosaique. 310 Le Corricolo Il en resulte que si l'un ne peut pas etre Hector et que l'autre ne puisse pas etre Achille, la mosaique doit necessairement representer autre chose que la rencontre d'Achille et d'Hector. J'en demande pardon a mes lecteurs, mais j'ai voulu prendre les dix systemes les uns apres les autres pour leur prouver qu'il ne faut pas croire trop aveuglement aux systemes. Maintenant je pourrais, comme un autre, faire un onzieme systeme, mais je ne donnerai pas ce plaisir a MM. les savans italiens. Je leur raconterai tout simplement l'histoire d'un pauvre fou que j'ai vu a Charenton, et qui m'a paru non seulement plus sage, mais encore plus logique qu'eux. Sa folie etait de se croire un grand peintre, et a son avis il venait d'executer son chef-d'oeuvre. Ce chef-d'oeuvre, recouvert d'une toile verte, etait le passage de la mer Rouge par les Hebreux. Il vous conduisait devant le chef-d'oeuvre, levait la toile verte, et l'on apercevait une toile blanche. --Voyez, disait-il, voila mon tableau. --Et il represente? demandait le visiteur. --Il represente le passage de la mer Rouge par les Hebreux. --Pardon, mais ou est la mer? --Elle s'est retiree. --Ou sont les Hebreux? --Ils sont passes. --Et les Egyptiens? --Ils vont venir. Dites-moi, les savans italiens que nous venons de citer sont-ils aussi sages et surtout aussi logiques que mon fou de Charenton? XVII. Visite au Musee de Naples. J'en demande bien pardon a mes lecteurs, mais je suis place, comme narrateur, entre l'omission et l'ennui. Si j'omets, ce sera justement de la chose omise qu'on me demandera compte; si je passe tous les objets en revue, je risque de tomber dans la monotonie. Au surplus, nous en avons fini ou a peu pres avec Naples antique et Naples moderne, et nous touchons a la catastrophe. Un peu de patience donc pour le Musee. Que dirait-on, je vous le demande, si je ne parlais pas un peu du musee de Naples? Le palais des Studi, dont le duc d'Ossuna, vice-roi de Naples, avait jete les fondemens dans le but d'en faire une vaste ecole de cavalerie, vit sa destination changee par Ruis de Castro, comte de Lemos, qui decida qu'il servirait de logement a l'Universite, laquelle y fut effectivement instituee sous son fils, en 1616. Mais, en 1770, les palais de Portici, de Caserte, de Naples et de Capo di Monte s'etant successivement encombres des precieux resultats que produisaient les fouilles de Pompeia, le roi Ferdinand resolut de reunir toutes les XVII. Visite au Musee de Naples. 311
achille

« Il en resulte que si l'un ne peut pas etre Hector et que l'autre ne puisse pas etre Achille, la mosaique doit necessairement representer autre chose que la rencontre d'Achille et d'Hector. J'en demande pardon a mes lecteurs, mais j'ai voulu prendre les dix systemes les uns apres les autres pour leur prouver qu'il ne faut pas croire trop aveuglement aux systemes. Maintenant je pourrais, comme un autre, faire un onzieme systeme, mais je ne donnerai pas ce plaisir a MM. les savans italiens. Je leur raconterai tout simplement l'histoire d'un pauvre fou que j'ai vu a Charenton, et qui m'a paru non seulement plus sage, mais encore plus logique qu'eux.

Sa folie etait de se croire un grand peintre, et a son avis il venait d'executer son chef-d'oeuvre. Ce chef-d'oeuvre, recouvert d'une toile verte, etait le passage de la mer Rouge par les Hebreux. Il vous conduisait devant le chef-d'oeuvre, levait la toile verte, et l'on apercevait une toile blanche. —Voyez, disait-il, voila mon tableau. —Et il represente? demandait le visiteur. —Il represente le passage de la mer Rouge par les Hebreux. —Pardon, mais ou est la mer? —Elle s'est retiree. —Ou sont les Hebreux? —Ils sont passes. —Et les Egyptiens? —Ils vont venir. Dites-moi, les savans italiens que nous venons de citer sont-ils aussi sages et surtout aussi logiques que mon fou de Charenton? XVII.

Visite au Musee de Naples. J'en demande bien pardon a mes lecteurs, mais je suis place, comme narrateur, entre l'omission et l'ennui.

Si j'omets, ce sera justement de la chose omise qu'on me demandera compte; si je passe tous les objets en revue, je risque de tomber dans la monotonie.

Au surplus, nous en avons fini ou a peu pres avec Naples antique et Naples moderne, et nous touchons a la catastrophe.

Un peu de patience donc pour le Musee.

Que dirait-on, je vous le demande, si je ne parlais pas un peu du musee de Naples? Le palais des Studi, dont le duc d'Ossuna, vice-roi de Naples, avait jete les fondemens dans le but d'en faire une vaste ecole de cavalerie, vit sa destination changee par Ruis de Castro, comte de Lemos, qui decida qu'il servirait de logement a l'Universite, laquelle y fut effectivement instituee sous son fils, en 1616.

Mais, en 1770, les palais de Portici, de Caserte, de Naples et de Capo di Monte s'etant successivement encombres des precieux resultats que produisaient les fouilles de Pompeia, le roi Ferdinand resolut de reunir toutes les Le Corricolo XVII.

Visite au Musee de Naples.

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