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Le Conscrit ou Le Retour de Crimee LAVALEUR C'est bien, mon garçon, avec des sentiments comme ça, tu feras ton chemin.

Publié le 11/04/2014

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Le Conscrit ou Le Retour de Crimee LAVALEUR C'est bien, mon garçon, avec des sentiments comme ça, tu feras ton chemin... Pélissier aime les braves et si tu te fais remarquer, sois tranquille, il ne te perdra pas de vue. LEFUTÉ. Ah! d'abord, moi, je réponds de Robert. JULIEN. Oui, car, comme je le connais, j'crois que les Russes ne lui feront pas peur. LAVALEUR. Et aussi, comment voulez-vous que l'on ait peur sur le champ de bataille quand vous voyez nos généraux s'exposer eux-mêmes au feu de l'ennemi pour encourager nos soldats?... Et surtout, quand on voit nos aumôniers, parler à nos braves de cette belle religion dont ils sont si fiers!... Oui, mes amis, il n'est rien de si grand, de si touchant en voyant ces braves et bons prêtres parcourir le champ de bataille, encourager celui-ci, employant les termes de soldat avec celui-là!... Ils sont toujours là près de vous comme une sentinelle avancée; on les écoute avec plaisir!... Ah! dame! c'est qu'aussi tous nos soldats portent la médaille de Marie, et avec elle ils se croient invulnérables devant les balles ennemies! LEFUTÉ (avec feu). Bravo! sergent, touchez là, j'aime à vous entendre parler ainsi de notre brave clergé et de notre belle religion!... car, malheureusement, dans le métier des armes on ne trouve que trop d'incrédules... Mais espérons et croyons que la France, notre belle France sera toujours victorieuse! LAVALEUR. Ah! mon brave, c'est le voeu de tous les bons Français... mais, moi qui vous parle, j'aime bien la France, n'est-ce pas? Eh bien! j'ai quelquefois des craintes pour l'avenir, et pourquoi?... Je vais vous le dire, dussiez-vous vous moquer du vieux soldat... En 1846, on m'a dit qu'une prédiction avait été faite par une sainte et pieuse personne, que la France était menacée d'une grande guerre qui la ruinerait, qui l'humilierait, en un mot, que notre belle patrie serait envahie par une nation étrangère et que cette nation serait la Prusse!... Eh bien! mes amis, si cela devait arriver, ce serait la faute aux enfants de la France, car malheureusement il faut bien se l'avouer, de prétendus philosophes des écrivains immoraux lancent parmi notre brillante jeunesse, des feuilles impies, par malheur trop tolérées de l'autorité!... Oui, la foi s'éteint!... Et s'il le faut!... Ah! mes braves amis, je ne vais pas plus loin... car si la France un jour est envahie par l'étranger... c'est que la main de Dieu se sera appesantie sur elle!... Mais non!... la France est la fille aînée de l'Eglise et ses enfants ne se montreront pas ingrats!... Tenez, éloignons de nous ces pensées qui m'ôteraient tout mon courage!... Allons, mes braves amis... je vous quitte, je vais faire un tour au village et je reviendrai dans quelques heures chercher nos jeunes recrues, et en avant, le sac sur le dos... Au revoir... (Il sort avec Tapin). SCÈNE 2e LES PRÉCÉDENTS (hors Lavaleur et Tapin) SCÈNE 2e 5 Le Conscrit ou Le Retour de Crimee LEFUTÉ. Comme ça mon cher Robert, tu es donc bien décidé et bien content de partir? ROBERT. Oui, M. Lefuté, joyeux et content!... Quel bonheur de verser son sang pour la patrie!... Quel plaisir de voir une belle et grande bataille!... Tenez, les récits de ce brave sergent ont doublé mon courage. JULIEN. J'en connais un qui n'est pas si joyeux que toi, Robert. LEFUTÉ Ah! tu veux parler de mon filleul Criquet? Il est vrai que le pauvre garçon fait une triste figure depuis qu'il a tiré à la conscription et qu'il a amené le numéro Un!... Il ne mange plus, il ne fait que pleurer... Ma parole, ça me fait de la peine. ROBERT (riant). Mais où est-il donc? on ne l'a pas vu de toute la matinée... Où peut-il être fourré? MATHURIN. Moi, j'l'ai aperçu au coin d'la barrière du père Lucas; y s'tenait les deux poings sur les deux yeux et faisait des soupirs qui pouvaient s'entendre d'un quart de lieue. JULIEN Ce matin, en venant ici, je l'ai aussi rencontré, comme dit Mathurin; je lui ai parlé, mais il n'y avait pas moyen de le comprendre, les sanglots lui brisaient la respiration; ma foi, si ça continue, le pauvre Criquet en mourra de douleur, je crois. MATHURIN (regardant dans la coulisse). Mais... mais... quel est ce bruit que j'entends là-bas? ROBERT (allant au fond). Eh! par ma foi, je ne me trompe pas... c'est lui... c'est Criquet... Ah! quel drôle de figure et comme il est affublé!... Venez donc, les amis... venez donc!... (Riant aux éclats) Ah! ah! ah! ah! (Tous sont au fond riant aux éclats). SCÈNE 3e LES PRÉCÉDENTS, (Criquet, longue tuque blanche avec le N° 1, il est en sabots, un sac sur le dos). CRIQUET (dans la coulisse, le ton pleurard). SCÈNE 3e 6

« LEFUTÉ. Comme ça mon cher Robert, tu es donc bien décidé et bien content de partir? ROBERT. Oui, M.

Lefuté, joyeux et content!...

Quel bonheur de verser son sang pour la patrie!...

Quel plaisir de voir une belle et grande bataille!...

Tenez, les récits de ce brave sergent ont doublé mon courage. JULIEN. J'en connais un qui n'est pas si joyeux que toi, Robert. LEFUTÉ Ah! tu veux parler de mon filleul Criquet? Il est vrai que le pauvre garçon fait une triste figure depuis qu'il a tiré à la conscription et qu'il a amené le numéro Un!...

Il ne mange plus, il ne fait que pleurer...

Ma parole, ça me fait de la peine. ROBERT (riant). Mais où est-il donc? on ne l'a pas vu de toute la matinée...

Où peut-il être fourré? MATHURIN. Moi, j'l'ai aperçu au coin d'la barrière du père Lucas; y s'tenait les deux poings sur les deux yeux et faisait des soupirs qui pouvaient s'entendre d'un quart de lieue. JULIEN Ce matin, en venant ici, je l'ai aussi rencontré, comme dit Mathurin; je lui ai parlé, mais il n'y avait pas moyen de le comprendre, les sanglots lui brisaient la respiration; ma foi, si ça continue, le pauvre Criquet en mourra de douleur, je crois. MATHURIN (regardant dans la coulisse). Mais...

mais...

quel est ce bruit que j'entends là-bas? ROBERT (allant au fond). Eh! par ma foi, je ne me trompe pas...

c'est lui...

c'est Criquet...

Ah! quel drôle de figure et comme il est affublé!...

Venez donc, les amis...

venez donc!...

(Riant aux éclats) Ah! ah! ah! ah! (Tous sont au fond riant aux éclats). SCÈNE 3e LES PRÉCÉDENTS, (Criquet, longue tuque blanche avec le N° 1, il est en sabots, un sac sur le dos). CRIQUET (dans la coulisse, le ton pleurard).

Le Conscrit ou Le Retour de Crimee SCÈNE 3e 6. »

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