Le cercle magique
Publié le 16/12/2011
Extrait du document
Les murs de la demeure sont comme un cercle magique ; une fois qu'ils sont franchis, rien n'est plus comme avant. C'est du moins ce qui devrait être. C'était vrai dans les maisons d'autrefois; cela ne l'est que rarement aujourd'hui. Le cercle magique n'existe plus. Il aura fallu que l'urbanisation des années 60 aboutisse aux résultats dérisoires qu'on sait pour qu'apparaisse, tardivement, une prise de conscience salutaire. Tout le monde est bien d'accord: il ne faut plus construire aujourd'hui comme on le faisait voilà quinze ou vingt ans. Les plâtres essuyés par les générations d'hier doivent être refaits par celles de maintenant.
«
ce, les directeurs départementaux de l'équipement
et de l'agriculture, ainsi que l'inspecteur d'acadé
mie.
Quatre professionnels, dont deux architectes
et deux représentants d'associations intéressées
seront nommés par le préfet.
Désormais,
à partir
du 1er janvier 1979, les pàrticuliers qui soUhaite ront construire une maison de moins de deux cent
cinquante mètres carrés sans faire appel à un archi
tecte, seront astreints à consulter le Conseil d'ar
chitecture.
Mais
personne ne pourra les obliger à ne pas construire une villa basque ou provençale en Bretagne s'ils en ont envie : on souhaite seulement
les mettre en garde contre des erreurs fâcheuses et
trop fréquentes ayant pour effet de gâter le paysage
en même temps que de mettre à mal la qualité de la vie.
Les conseils auront pour mission d'interroger les futurs constructeurs et de les aider à exprimer, à
travers leur .mode de vie, leurs besoins et leurs
rêves, pour les renseigner utilement.
Il n'est peut
être pas inutile de redécouvrir l'imagination perdue
et d'échapper aux normes qu'imposent l'industrie,
le prix de revient et le mauvais goût omniprésent.
Peut-être verra-t-on naître à partir de cette expé
rience une nouvelle architecture.
L'idée est de trouver un moyen terme entre
le collectivisme instauré par les cités-dortoirs, et l'in
dividualisme qui lui répond et qui aboutit à la pro
lifération de groupements horizontaux dont on
ne sait trop s'ils sont meilleurs ou plus mauvais que ce qu'ils prétendent remplacer ou supprimer.
La loi
sur l'urbanisme, en date du 31 décembre 1976, entrée en vigueur le 1er janvier dernier, vise à empê
cher que le lotissement d'un terrain ne constitue
qu'une division en lots et délimite ce qui appartient
au droit privé, -comme les rapports entre proprié
taires -et au droit public, -tout
ce qui concerne
l'urbanisme par exemple.
Les promoteurs immobilers ne semblent pas
tellement intéressés
par le projet qui va à l'encontre
de leurs habitudes et de leurs moyens.
On ne fabrique pas industriellement et à la chaîne ce qui
naît d'une succession de générations et d'une sorte
d'usure du temps sur la pierre.
Et c'est bien là que
se situe le problème.
L'urbanisme peut être volon taire ; les exemples ne manquent pas, mais com
bien compte-t-on de réussites dans ce domaine ?
Se marier aujourd'hui
La revue Population a publié, dans son numéro
de janvier-février 1978, une étude de Louis Roussel
intitulée la Cohabitation juvénile en France.
C'est
la première fois que le phénomène est étudié, pour
la raison peut-être qu'il n'avait encore jamais
atteint l'importance qu'il a aujourd'hui.
Selon l'en
quête réalisée par l'auteur, si le nombre des maria
ges diminue régulièrement depuis une dizaine d'an
nées, en même temps que le nombre des divorces
augmente sensiblement (un cinquième environ),
ce qu'il est convenu d'appeler, dans le langage des
sociologues, la cohabitation juvénile, est devenue
un fait acquis de plus en plus répandu.
Quarante- quatre
pour cent des couples mariés en
1976-1977 avaient vécu ensemble, avant le mariage, ce qui
n'était le cas que de dix-sept pour cent d'entre eux
en
1968-1969.
Un tiers de la population interrogée
déclare refuser le mariage, ce qui ne l'empêche pas,
pour une importante majorité de finir à la mairie
ou à l'église.
Il
ne semble pas que ce soit sous l'effet
de pressions extérieures car les trois-quarts des
parents connaissent la situation
de leurs enfants et, même sans l'aperouver explicitement, ne manifes
tent pas d'hostilité apparente.
Ce qu'on appelle
encore le concubinage aux Allocations familiales ne semble guère choquer employeurs, employés,
voisins ou commerçants qui sont au fait de la situa
tion du couple.
Autrement dit, la cohabitation est
devenue courante et est admise.
Ce n'est peut-être
pas
le mariage lui-même qui est en cause, mais le
système social qu'il représente, une institution dont
on
ne voudrait plus.
La preuve en serait donnée par
la multiplicité des naissances en dehors de toute
union légitime.
Leur augmentation est particulière
ment sensible dans
les pays scandinaves.
Elle n'ap
paraît pas encore nettement en France.
Le problème est abordé, sur deux registres
diamétralement opposés, par Maximilien Rohmer,
dans
Cœurs à prendre (Flammarion), et par Marie Odile Métral, le Mariage, les hésitations de l'Occi dent (Aubier-Montaigne).
Cœurs à prendre est
autant une étude sociologique qu'un roman.
Les
petites annonces plus ou moins matrimoniales,
comme on peut en lire dans les journaux ou dans
les feuilles distribuées gratuitement aux caisses de « libre-service », fournissent le sujet d'une intrigue
désabusée qui, dans une apparente légèreté, raconte
des histoires vraies et la solitude qu'engendrent nos
cités et nos modes de vie.
L'amour, ou du moins la
recherche de l'autre, quitte à passer par-dessus tous
les tabous sociaux, est l'expression d'une anxiété
qu'on ne peut pas nier.
Certaines annonces ne
cachent pas leurs intentions et font appel au « mon
sieur généreux qui voudra bien vous emmener en
week-end
».
Si les mœurs sont en cause, ou la
morale, si on préfère, c'est bien la preuve que la
société a changé.
Les idées sur
le mariage en Occi dent, comme les décrit Marie-Odile Métral en
témoignent.
Pour le christianisme, la virginité était
la valeur suprême ; la seule utilité du mariage était
de mettre des enfants au monde pour les éduquer.
L'amour courtois fait apparaître pour la première
fois la réalité amoureuse avec ce qu'elle suppose de
sexualité, en donnant à l'expression sa seule valeur,
qui est celle d'un langage,
le plaisir partaJé étant
un dialogue en même temps qu'une necessité,
comme la nourriture.
Cette histoire du mariage, qui
va jusqu'à notre époque est une sorte de complé
ment au
li
re très utile d'Edward Shorter, Naissan ce de la famille moderne, publié au Seuil, et qui,
centré sur la France, donne bien l'impression que
l'amour, comme réalité spirituelle et
physique est
une invention récente.
Mais au train ou vont les
choses, on
ne peut jurer de rien.
Qu'en sera-t-il de l'amour et du mariage dans vingt ans?.
»
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