Laurent Gaudé Le Soleil des Scorta - Sujet non corrigé
Publié le 21/01/2020
Extrait du document
Laurent Gaudé
Le Soleil des Scorta
Babel, 2006
Soudain, un frisson fondit sur le village. Les gens s’immobilisèrent dans les rues. Un grondement fit frémir les rues. Venu de nulle part. Il était là. Partout. On aurait dit un tramway courant sous le bitume. Les femmes pâlirent d’un coup en sentant le sol devenir mouvant sous leurs escarpins d’été. Quelque chose semblait courir dans les murs. Les verres tintaient dans les armoires. Les lampes tombaient sur les tables. Les murs ondulaient comme des parois de papier. Les Montepucciens1 eurent la sensation d’avoir construit leur village sur le dos d’un animal qui se réveillait et s’ébrouait après des siècles de sommeil. Les touristes regardaient, surpris, le visage des autochtones et leurs yeux incrédules demandaient : « Que se passe-t-il ? »
Puis une voix hurla dans la rue, une voix bientôt reprise par des dizaines d’autres : « Terremoto ! Terremoto2 ! ». Alors, après l’incrédulité des corps, ce fut la panique des esprits. Le grondement était immense et couvrait tous les bruits. Oui, la terre tremblait, fissurant le bitume, coupant l’électricité, ouvrant de grandes brèches dans les murs des maisons, renversant les chaises et inondant les rues d’éboulis et de poussière. La terre tremblait avec une force que rien ne semblait pouvoir entamer. Et les hommes redevenaient de minuscules insectes qui courent sur la surface du globe, priant pour ne pas être engloutis.
Mais déjà le grondement faiblit, et les murs cessèrent de vibrer. Les hommes avaient à peine eu le temps de nommer l’étrange fureur de la terre que tour déjà s’apaisait. Le calme était revenu avec l’étonnante simplicité des fins d’orage. Tout Montepuccio était dans les rues. Par une sorte de réflexe, ils étaient tous sortis, le plus vite possible, de leur maison, craignant de rester prisonniers d’un piège d’éboulis si les murs croulaient dans un nuage de gravats. Ils étaient dehors, comme des somnambules. Regardant le ciel avec hébétude. Des femmes se mirent à pleurer. De soulagement ou de peur. Des enfants hurlèrent. La grande foule des Montepucciens ne savait que dire. Ils étaient tous là, se contemplant les uns les autres, heureux d’être en vie mais encore pleins d’un tremblement intime.
«
ROMAN • SUJET
Ce n'était plus la terre qui grondait jusque dans leur chair mais la peur
qui avait pris le relais et les faisait claquer des dents.
1.
Montepucciens: habitants du petit village italien où se déroule l'action.
2.
«Tremblement de terre! Tremblement de terre! 11 (note de l'auteur).
• Questions (15 points)
1.
LA RÉVÉLATION PROGRESSIVE 5,5 POINTS
...
1.
Quels mots soulignent les trois étapes du récit? (0,5 point)
.., 2.
Expliquez comment évolue le« grondement » (évoqué à trois reprises
dans le texte).
Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte.
(1,5 point)
.., 3.
Par quels sens habitants perçoivent-ils le phénomène dans le pre-
mier paragraphe ?
Justifiez votre réponse.
(1 point)
.., 4.
Lignes 1-2: «Soudain, un frisson fondit sur le village.
Les gens
s'immobilisèrent dans les rues.
»
a) Reformulez de manière à ce que la seconde phrase devienne une pro
position subordonnée.
(0,5 point)
b) Quel est le rapport logique ainsi exprimé ? (0,5 point)
c) Pourquoi l'auteur a-t-il choisi de ne pas exprimer de lien logique entre
les phrases de ce paragraphe ? (0,5 point)
...
5.
Quels moyens l'auteur utilise+il dans le premier paragraphe pour
évoquer le tremblement de terre sans le nommer ? (1 point)
li.
UN PHÉNOMÈNE TERRIFIANT 5 POINTS
.., 6.
Lignes 6-7: «Les murs ondulaient comme des parois de papier.»
a) Nommez la figure de style utilisée.
{0,5 point)
b) Que met-elle en évidence dans le texte ? (0,5 point)
.., 7.
Lignes 15 à 17: de« Oui, la terre tremblait» jusqu'à« poussière».
a) Quelle est la forme verbale dominante dans cette phrase ? (0,5 point)
b) Quel est le procédé de style utilisé ? Justifiez son emploi.
(1 point)
.., 8.
En vous aidant du contexte, expliquez le sens du verbe « entamer »
dans la phrase ligne 18.
(0,5 point)
..,.
9.
Lignes 18-20: «Et les hommes redevenaient de minuscules insectes
qui courent sur la surface du globe.
»
94.
»
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