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L'auberge de l'ange gardien Quand vint le jour du depart, le general etait radieux, Moutier bondissait de joie.

Publié le 11/04/2014

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L'auberge de l'ange gardien Quand vint le jour du depart, le general etait radieux, Moutier bondissait de joie. Derigny restait triste et grave. On partit enfin apres des adieux triomphants pour le general qui avait repandu l'or a pleines mains a l'hotel, aux bains, partout. Plus de deux cents personnes le conduisirent avec des benedictions, des supplications de revenir, des vivats, qu'il recompensa en versant dans chaque main un dernier tribut de la fortune a la pauvrete. XVII. Coup de theatre. Le voyage ne fut pas long. Partis le matin, nos trois voyageurs arriverent pour diner a Loumigny, et pas a pied, comme au depart. Mme Blidot, Elfy, Jacques et Paul, qui avaient ete prevenus par Moutier de l'heure du retour, les recurent avec des cris de joie. Moutier presenta Derigny a Mme Blidot et a Elfy. Lorsque Moutier lui amena Jacques et Paul pour les embrasser, Derigny les saisit dans ses bras, les embrassa plus de dix fois et se troubla a tel point qu'il fut oblige de sortir. Moutier et les enfants le suivirent. MOUTIER.--Qu'avez-vous, mon ami? Quelle agitation! DERIGNY.--Mon Dieu! mon Dieu, soutenez-moi dans cette nouvelle epreuve. Oh! mes enfants! mes pauvres Enfants! Jacques s'approcha de lui les larmes aux yeux, le regarda Longtemps. "C'est singulier, dit-il en passant la main sur son front, papa a dit comme ca quand il est parti." DERIGNY..--Comment t'appelles-tu, enfant? JACQUES.--Jacques. DERIGNY.--Et ton frere? JACQUES.--Paul. Derigny poussa un cri etouffe, voulut faire un pas, chancela et serait tombe si Moutier ne l'avait soutenu. DERIGNY.--Dites-moi pour l'amour de Dieu, cette dame d'ici est-elle votre maman? --Oui, dit Paul. --Non, dit Jacques; Paul ne sait pas; il etait trop petit; notre vraie maman est morte; celle-ci est une maman tres bonne, mais pas vraie. --Et... votre pere? demanda Derigny d'une voix etranglee par l'emotion. JACQUES.--Papa? Pauvre papa! les gendarmes l'ont emmene... Jacques n'avait pas fini sa phrase que Derigny l'avait saisi dans ses bras, ainsi que Paul, en poussant un cri qui fit accourir le general et les deux soeurs. XVII. Coup de theatre. 63 L'auberge de l'ange gardien Le pauvre Derigny voulut parler, mais la parole expira sur ses levres et il tomba comme une masse, serrant encore les enfants contre son coeur. Moutier avait amorti sa chute en le soutenant a demi, aide des deux soeurs; il degagea avec peine Jacques et Paul de l'etreinte de Derigny. Lorsque Jacques put parler, il fondit en larmes et s'ecria: "C'est papa, c'est mon pauvre papa! Je l'ai presque reconnu quand il a dit: "Mes pauvres enfants!" et surtout quand il nous a embrasses si fort; c'est comme ca qu'il a dit et qu'il a fait quand les gendarmes sont venus." Le cri pousse par Derigny avait attire aux portes presque tous les voisins de l'Ange-Gardien, et un rassemblement considerable ne tarda pas a se former. Les premiers venus repondaient aux interrogations des derniers accourus. "Qu'est-ce?" demandait une bonne femme. --C'est un homme qui vient de tomber mort de besoin. --Pourquoi les petits pleurent-ils? --Parce qu'ils ont bon coeur, ces enfants! N'est-il pas terrible de voir un homme mourir de besoin a votre porte? --Voyez donc ce gros, comme il se demene! Il va tous les ecraser s'il tombe dessus. --C'est le monsieur que les Bournier ont assassine. --Comment donc qu'il a fait pour en revenir? --C'est parce que le grand zouave l'a mene aux eaux; ca l'a tout remonte. --Tiens! quand ma femme sera morte, pas de danger que je la porte la-bas. Derigny ne reprenait pas connaissance, malgre les moyens energiques du general; des claques dans les mains a lui briser les doigts, de la fumee de tabac a suffoquer un ours, de l'eau sur la tete a noyer un enfant, rien n'y faisait; la secousse avait ete trop forte, trop imprevue. Moutier commencait a s'inquieter de ce long evanouissement; il se relevait pour aller chercher le cure, lorsqu'il le vit fendre la foule et arriver precipitamment a Derigny. LE CURE.--Qu'y a-t-il? un homme mort, me dit-on! Pourquoi ne m'a-t-on pas prevenu plus tot? MOUTIER.--Pas mort, mais evanoui, monsieur le cure; il vient de tomber par suite d'une joie qui l'a saisi. Le cure s'agenouilla pres de, Derigny, lui tata le pouls, ecouta sa respiration, les battements de son coeur et se releva avec un sourire. "Ce ne sera rien, dit-il; otez-le d'ici, couchez-le sur un lit bien a plat, bassinez le front, les tempes avec du vinaigre, et faites-lui avaler un peu de cafe." Apres avoir donne encore quelques avis, le cure, se voyant inutile, retourna chez lui. JACQUES.--Mon bon ami Moutier, laissez-moi embrasser mon pauvre papa avant qu'il soit mort tout a fait, je vous en prie, je vous en supplie; tante Elfy ne veut pas. Moutier tourna la tete et vit le pauvre Jacques a demi agenouille, les mains jointes, le regard suppliant, le visage baigne de larmes. XVII. Coup de theatre. 64
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« Le pauvre Derigny voulut parler, mais la parole expira sur ses levres et il tomba comme une masse, serrant encore les enfants contre son coeur.

Moutier avait amorti sa chute en le soutenant a demi, aide des deux soeurs; il degagea avec peine Jacques et Paul de l'etreinte de Derigny.

Lorsque Jacques put parler, il fondit en larmes et s'ecria: “C'est papa, c'est mon pauvre papa! Je l'ai presque reconnu quand il a dit: “Mes pauvres enfants!” et surtout quand il nous a embrasses si fort; c'est comme ca qu'il a dit et qu'il a fait quand les gendarmes sont venus.” Le cri pousse par Derigny avait attire aux portes presque tous les voisins de l'Ange-Gardien, et un rassemblement considerable ne tarda pas a se former.

Les premiers venus repondaient aux interrogations des derniers accourus. “Qu'est-ce?” demandait une bonne femme. —C'est un homme qui vient de tomber mort de besoin. —Pourquoi les petits pleurent-ils? —Parce qu'ils ont bon coeur, ces enfants! N'est-il pas terrible de voir un homme mourir de besoin a votre porte? —Voyez donc ce gros, comme il se demene! Il va tous les ecraser s'il tombe dessus. —C'est le monsieur que les Bournier ont assassine. —Comment donc qu'il a fait pour en revenir? —C'est parce que le grand zouave l'a mene aux eaux; ca l'a tout remonte. —Tiens! quand ma femme sera morte, pas de danger que je la porte la-bas. Derigny ne reprenait pas connaissance, malgre les moyens energiques du general; des claques dans les mains a lui briser les doigts, de la fumee de tabac a suffoquer un ours, de l'eau sur la tete a noyer un enfant, rien n'y faisait; la secousse avait ete trop forte, trop imprevue.

Moutier commencait a s'inquieter de ce long evanouissement; il se relevait pour aller chercher le cure, lorsqu'il le vit fendre la foule et arriver precipitamment a Derigny. LE CURE.—Qu'y a-t-il? un homme mort, me dit-on! Pourquoi ne m'a-t-on pas prevenu plus tot? MOUTIER.—Pas mort, mais evanoui, monsieur le cure; il vient de tomber par suite d'une joie qui l'a saisi.

Le cure s'agenouilla pres de, Derigny, lui tata le pouls, ecouta sa respiration, les battements de son coeur et se releva avec un sourire. “Ce ne sera rien, dit-il; otez-le d'ici, couchez-le sur un lit bien a plat, bassinez le front, les tempes avec du vinaigre, et faites-lui avaler un peu de cafe.” Apres avoir donne encore quelques avis, le cure, se voyant inutile, retourna chez lui. JACQUES.—Mon bon ami Moutier, laissez-moi embrasser mon pauvre papa avant qu'il soit mort tout a fait, je vous en prie, je vous en supplie; tante Elfy ne veut pas.

Moutier tourna la tete et vit le pauvre Jacques a demi agenouille, les mains jointes, le regard suppliant, le visage baigne de larmes.

L'auberge de l'ange gardien XVII.

Coup de theatre.

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