L'Argent ordres, n'achetant et en revendant d'abord au nom de leur homme de paille habituel, de façon à toucher la différence, puisque la hausse leur semblait certaine.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
mugissante, la plus forte de la compagnie :
" J'ai de l'Universelle...
J'ai de l'Universelle...
"
Il ne fixait pas de prix, attendant la demande.
Les soixante s'étaient rapprochés et formaient le cercle autour
de la corbeille, où déjà quelques fiches jetées faisaient des taches de couleurs vives.
Face à face, ils se
dévisageaient tous, se tâtaient comme les duellistes au début d'une affaire, très pressés de voir s'établir le
premier cours.
" J'ai de l'Universelle, répétait la basse grondante de Jacoby.
J'ai de l'Universelle.
\24 A quel cours, l'Universelle ? " demanda Mazaud d'une voix mince, mais si aiguë, qu'elle dominait celle de
son collègue, comme un chant de flûte s'entend au-dessus d'un accompagnement de violoncelle.
Et Delarocque proposa le cours de la veille.
" A 3 030, je prends l'Universelle.
"
Mais, tout de suite, un autre agent renchérit.
" A 3 035, envoyez l'Universelle.
"
C'était le cours de la coulisse qui arrivait, empêchant l'arbitrage que Delarocque devait préparer : un achat à la
corbeille et une vente prompte à la coulisse, pour empocher les cinq francs de hausse.
Aussi Mazaud se
décida-t-il, certain d'être approuvé par Saccard.
" A 3040, je prends...
Envoyez l'Universelle à 3040.
\24 Combien ? dut demander Jacoby.
\24 Trois cents.
"
Tous deux écrivirent un bout de ligne sur leur carnet, et le marché était conclu, le premier cours se trouvait
fixé, avec une hausse de dix francs sur le cours de la veille.
Mazaud se détacha, alla donner le chiffre à celui
des coteurs qui avait l'Universelle sur son registre.
Alors, pendant vingt minutes, ce fut une véritable écluse
lâchée les cours des autres valeurs s'étaient également établis, tout le paquet des affaires apportées par les
agents, se concluait, sans grandes variations.
Et, cependant, les coteurs, haut perchés, pris entre le vacarme de
la corbeille et celui du comptant, qui fonctionnait fiévreusement lui aussi, avaient grand-peine à inscrire
toutes les cotes nouvelles que venaient leur jeter les agents et les commis.
En arrière, la rente également
faisait rage.
Depuis que le marché était ouvert, la foule ne ronflait plus seule, avec le bruit continu des
grandes eaux ; et, sur ce grondement formidable, s'élevaient maintenant les cris discordants de l'offre et de la
demande, un glapissement caractéristique, qui montait, descendait, s'arrêtait pour reprendre en notes inégales
et déchirées, ainsi que des appels d'oiseaux pillards dans la tempête.
Saccard souriait, debout près de son pilier.
Sa cour avait augmenté encore, la hausse de dix francs sur
l'Universelle venait d'émotionner la Bourse, car on y pronostiquait depuis longtemps une débâcle pour le jour
de la liquidation.
Huret s'était rapproché avec Sédille et Kolb, en affectant de regretter tout haut sa prudence,
qui lui avait fait vendre ses actions, dès le cours de 2 500 ; tandis que Daigremont, l'air désintéressé,
promenant à son bras le marquis de Bohain, lui expliquait gaiement la défaite de son écurie, aux courses
d'automne.
Mais, surtout, Maugendre triomphait, accablait le capitaine Chave, obstiné quand même dans son
pessimisme, disant qu'il fallait attendre la fin.
Et la même scène se reproduisait entre Pillerault vantard et L'Argent
X 172.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'argent, l'argent voilà tout l'homme
- HOMME QUI SEMBLAIT ÊTRE UN CHEVAL (L’) Rafaël Arévalo Martinez
- Peut on aire la guerre au nom des droits de l'Homme?
- Le calcul de l’infini : la sommation des puissances numériques et la différence des ordres de grandeur chez Blaise PASCAL
- L'homme ne travaille-t-il que pour l'argent ?