l'approchent.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
Lemythe deSisyphe.
Essai surl’absurde.
(1942)
L’homme
absurde
LACOMÉDIE
Retour àla table desmatières« Le
spectacle, ditHamlet, voilàlepiège oùj'attraperai laconscience duroi. » Attraper estbien dit.
Car laconscience vavite ousereplie.
Ilfaut lasaisir auvol, àce moment inappréciable oùelle jette sur
elle-même unregard fugitif.
L'homme quotidien n'aimeguèreàs'attarder.
Toutlepresse aucontraire.
Mais enmême temps, rienplusquelui-même nel'intéresse, surtoutdanscequ'il pourrait être.Delàson
goût pour lethéâtre, pourlespectacle, oùtant dedestins luisont proposés dontilreçoit lapoésie sansen
souffrir l'amertume.
Làdu moins, onreconnaît l'hommeinconscient etilcontinue àse presser versonne
sait quel espoir.
L'homme absurdecommence oùcelui-ci finit,où,cessant d'admirer lejeu, l'esprit veuty
entrer.
Pénétrer danstoutes cesvies, leséprouver dansleurdiversité, c'estproprement lesjouer.
Jene
dis pas que lesacteurs engénéral obéissent àcet appel, qu'ilssontdeshommes absurdes, maisqueleur
destin estundestin absurde quipourrait séduireetattirer uncœur clairvoyant.
Ceciestnécessaire à
poser pourentendre sanscontresens cequi vasuivre.
L'acteur règnedanslepérissable.
Detoutes lesgloires, onlesait, lasienne estlaplus éphémère.
Cela
se dit dumoins danslaconversation.
Maistoutes lesgloires sontéphémères.
Dupoint devue deSirius, les
œuvres deGoethe dansdixmille ansseront enpoussière etson nom oublié.
Quelques archéologues peut-
être chercheront des« témoignages » denotre époque.
Cetteidéeatoujours étéenseignante.
Bien
méditée, elleréduit nosagitations àla noblesse profonde qu'ontrouve dansl'indifférence.
Elledirige
surtout nospréoccupations versleplus sûr,c'est-à-dire versl'immédiat.
Detoutes lesgloires, lamoins
trompeuse estcelle quisevit.
L'acteur adonc choisi lagloire innombrable, cellequiseconsacre etqui s'éprouve.
Deceque tout doive
un jour mourir, c'estluiqui tire lameilleure conclusion.
Unacteur réussit oune réussit pas.Unécrivain
garde unespoir mêmes'ilest méconnu.
Ilsuppose quesesœuvres témoigneront decequ'il fut.L'acteur
nous laissera aumieux unephotographie etrien decequi était lui,ses gestes etses silences, sonsouffle
court ousarespiration d'amour,neviendra jusqu'ànous.Nepas être connu pourlui,c'est nepas jouer et
ne pas jouer, c'estmourir centfoisavec touslesêtres qu'ilaurait animés ouressuscités.
*
Quoi d'étonnant àtrouver unegloire périssable bâtiesurlesplus éphémères descréations ? L'acteura
trois heures pourêtreIago ouAlceste, PhèdreouGlocester.
Danscecourt passage, illes fait naître et
mourir surcinquante mètrescarrésdeplanches.
Jamaisl'absurde n'aété sibien nisilongtemps illustré.
Ces vies merveilleuses, cesdestins uniques etcomplets quicroissent ets'achèvent entredesmurs etpour.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Une histoire vraie n'est pas un roman ; les mémoires, les biographies, les confessions n'en approchent que dans la mesure où ils mentent et usent de procédés. » Jean Hytier, Les Romans de l'individu. Vous commenterez ces propos en vous appuyant sur les récits autobiographiques que vous connaissez.
- La machine d'arithmétique fait des effets qui approchent plus de la pensée que tout ce que font les animaux; mais elle ne fait rien qui puisse faire dire qu'elle a de la volonté, comme les animaux. Pensées (1670), 262 Pascal, Blaise. Commentez cette citation.