La voiture passa cependant.
Publié le 04/11/2013
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«
CHAPITRE
XIV
L’HOMME DEMEUNGCe
rassemblement étaitproduit nonpoint parl’attente d’unhomme qu’ondevait pendre, maisparla
contemplation d’unpendu.
La voiture, arrêtéeuninstant, repritdoncsamarche, traversa lafoule, continua sonchemin, enfilalarue
Saint-Honoré, tournalarue des Bons-Enfants ets’arrêta devantuneporte basse.
La porte s’ouvrit, deuxgardes reçurent dansleurs brasBonacieux, soutenuparl’exempt ; onlepoussa dans
une allée, onlui fitmonter unescalier, eton ledéposa dansuneantichambre.
Tous cesmouvements s’étaientopéréspourluid’une façonmachinale.
Il avait marché commeonmarche enrêve ; ilavait entrevu lesobjets àtravers unbrouillard ; sesoreilles
avaient perçudessons sanslescomprendre ; oneût pul’exécuter danscemoment qu’iln’eût pasfaitungeste
pour entreprendre sadéfense, qu’iln’eût paspoussé uncripour implorer lapitié.
Il resta doncainsisurlabanquette, ledos appuyé aumur etles bras pendants, àl’endroit mêmeoùles gardes
l’avaient déposé.
Cependant, comme,enregardant autourdelui, ilne voyait aucun objetmenaçant, commerienn’indiquait
qu’il courût undanger réel,comme labanquette étaitconvenablement rembourrée,commelamuraille était
recouverte d’unbeau cuirdeCordoue, commede grands rideauxdedamas rougeflottaient devantlafenêtre,
retenus pardes embrasses d’or,ilcomprit peuàpeu quesafrayeur étaitexagérée, etilcommença deremuer la
tête àdroite etàgauche etde bas enhaut.
À ce mouvement, auquelpersonne nes’opposa, ilreprit unpeu decourage etse risqua àramener unejambe,
puis l’autre ; enfin,ens’aidant deses deux mains, ilse souleva sursabanquette etse trouva sursespieds.
En cemoment, unofficier debonne mineouvrit uneportière, continua d’échanger encorequelques paroles
avec unepersonne quisetrouvait danslapièce voisine, etse retournant versleprisonnier :
« C’est vousquivous nommez Bonacieux ? dit-il.
– Oui, monsieur l’officier,balbutialemercier, plusmort quevif,pour vousservir.
– Entrez », ditl’officier.
Et ils’effaça pourquelemercier pûtpasser.
Celui-ci obéitsansréplique, etentra danslachambre oùil
paraissait êtreattendu.
C’était ungrand cabinet, auxmurailles garniesd’armes offensives etdéfensives, closetétouffé, etdans lequel
il yavait déjàdufeu, quoique l’onfûtàpeine àla fin dumois deseptembre.
Unetable carrée, couverte delivres
et de papiers surlesquels étaitdéroulé unplan immense delaville deLa Rochelle, tenaitlemilieu de
l’appartement.
Debout devantlacheminée étaitunhomme de moyenne taille,àla mine haute etfière, auxyeux perçants, au
front large, àla figure amaigrie qu’allongeait encoreuneroyale surmontée d’unepairedemoustaches.
Quoique
cet homme eûttrente-six àtrente-sept ansàpeine, cheveux, moustache etroyale s’enallaient grisonnant.
Cet
homme, moinsl’épée, avaittoute lamine d’unhomme de guerre, etses bottes debuffle encore légèrement
couvertes depoussière indiquaient qu’ilavait monté àcheval danslajournée.
Cet homme, c’étaitArmand-Jean Duplessis,cardinaldeRichelieu, nonpoint telqu’on nouslereprésente,
cassé comme unvieillard, souffrant commeunmartyr, lecorps brisé, lavoix éteinte, enterrédansungrand
fauteuil commedansunetombe anticipée, nevivant plusqueparlaforce deson génie, etne soutenant plusla
lutte avecl’Europe queparl’éternelle application desapensée, maistelqu’il était réellement àcette époque,
c’est-à-dire adroitetgalant cavalier, faibledecorps déjà,maissoutenu parcette puissance moralequiafait de
lui un des hommes lesplus extraordinaires quiaient existé ; sepréparant enfin,aprèsavoirsoutenu leduc de
Nevers danssonduché deMantoue, aprèsavoirprisNîmes, Castres etUzès, àchasser lesAnglais del’île deRé
et àfaire lesiège deLa Rochelle.
À la première vue,riennedénotait donclecardinal, etilétait impossible àceux-là quineconnaissaient point
son visage dedeviner devantquiilssetrouvaient.
Le pauvre mercier demeura deboutàla porte, tandis quelesyeux dupersonnage quenous venons dedécrire
se fixaient surlui, etsemblaient vouloirpénétrer jusqu’aufonddupassé.
« C’est làce Bonacieux ? demanda-t-il aprèsunmoment desilence..
»
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