« La véritable tare de Mlle de Bauret, qui était en partie la tare de son âge (1), et en partie celle de son époque, était que pour elle nouveauté était synonyme de valeur. C'est là signe certain de barbarie : dans toute société, ce sont toujours les éléments d'intelligence inférieure qui sont affamés d' « être à la page ». Incapables de discerner par le goût, la culture et l'esprit critique, ils jugent le problème automatiquement d'après ce principe, que la vérité est la nouveauté. »

Vous donnerez votre avis sur ce jugement de Montherlant, en vous appuyant sur des exemples tirés de votre expérience, de vos connaissances et de vos lectures.  

Personnalité extrêmement riche et complexe, être secret, d'un très grand détachement, Montherlant s'est toujours montré insoucieux des salons littéraires et des majorités d'opinions, ne se privant pas d'un bon mot à l'égard des académies, des pouvoirs, ... des femmes (!), à propos desquelles il laisse souvent paraître une pitié rigoureuse, méprisante même. Il s'en prend ici à une jeune mondaine de 25 ans, visiblement atteinte d'une forme de snobisme, attitude d'esprit qu'il n'hésite pas à qualifier de « signe certain de barbarie «  et dénonce comme preuve d'une « intelligence inférieure «. « Qu'est-ce que le snobisme ? «, écrit Maurois. « C'est l'attitude de ceux qui feignent d'aimer les choses, non parce qu'ils les aiment vraiment, mais parce qu'ils croient flatteur de les aimer. « Or une des « tares « de notre époque, ajoutent parallèlement Maurois et Montherlant, de la jeunesse aussi, complète Montherlant, est de penser que « nouveauté est synonyme de valeur «, que « la vérité est la nouveauté «. Le problème pourrait donc se poser sous les deux angles suivants : « juger automatiquement d'après ce principe « — ce qui est alors suivre une mode — ne comporte-t-il pas le risque certain de ne plus « discerner par le goût, la culture et l'esprit critique «.

Mais s'il est certain que le respect du passé, de la tradition même, est le véritable point de départ du Progrès, ne faut-il pas aussi être de son temps, ce qui n'est pas la même chose qu' « être à la page «, et se rendre compte que la recherche du nouveau, si elle ne constitue pas de toute la vérité, contribue cependant à la faire progresser (7). INDICATION DE PLAN Les deux parties du développement étant clairement indiquées à la fin de l'introduction, le plan se dégage tout seul. Ici ce sera : Première Partie : Juger que « nouveauté est synonyme de valeur « et de « vérité « est une forme de snobisme qui rend « incapable de discerner par le goût, la culture et l'esprit critique «. — C'est en réalité la Thèse. Deuxième Partie : S'il est vrai que le respect du passé est le point de départ du Progrès, il faut être de son temps et reconnaître que la recherche du nouveau contribue à faire progresser la vérité. — C'est en réalité l'Antithèse. CITATIONS ■ « J'aime profondément le passé parce qu'il me permet de mieux comprendre le présent... de mieux l'aimer. « Bernanos. ■ Soyez prêt à étudier avec bienveillance toute nouveauté. Mais ne soyez pas snob. « Maurois. ■ « Tout est dit depuis 2 000 ans qu'il y a des hommes et qui pensent. « La Bruyère. ■ « Être de son temps, c'est comprendre que ce temps ne peut être isolé de ce qui le précéda. « Maurois. ■ « L'humanité va ainsi, d'une main serrant dans les plis de sa robe les conquêtes du passé, de l'autre tenant l'épée même des conquêtes nouvelles. « Renan.