LA RENAISSANCE EN PHILOSOPHIE
Publié le 11/03/2022
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Explorer la « philosophie » « française » à la « Renaissance » invite dès l’abord à barder de guillemets les termes de cet intitulé, pour les neutraliser ou, tout au moins, pour éveiller l’attention à ce que ces « critères de recherche » — comme disent les ordinateurs — ont, en cette rencontre, de flou et de problématique.
« Renaissance », pour commencer. Si ce n’est pas simplement pour imager un siècle de l’histoire, en l’occurrence le XVIe, sous quelle pertinence l’entendre ? Voudra-t-on par là indiquer naïvement qu’en cette période, une activité intellectuelle jusqu’alors en sommeil ou en déshérence a connu soudain un regain, s’est mise brusquement à revivre, à s’épanouir ? Ce serait s’exposer à une lourde bévue, car il pourrait s’agir du contraire. Une telle lecture de « renaissance », dont on s’accorde à dater l’usage au XIXe siècle (avec Sainte-Beuve, Burkhardt, Cousin et Michelet), toute contestable qu’elle a été, concernerait à la rigueur les arts plastiques, l’architecture, voire certaines techniques. S’il est un domaine où cette dénomination euphorique n’est pas une illusion rétrospective, c’est l’étude des langues anciennes, la philologie au sens large, tout ce qui touche au statut du texte, à sa transmission, son établissement, au passage de l’écriture à l’imprimerie, à l’édition. Là, il s’agit bien de renaissance voire de révolution, dans le régime, l’objectif et la diffusion de la culture. L’importance accrue conférée par là même au manuscrit original, à la source, à la lettre, change la relation au sens, révèle la profondeur d’une transmission temporelle encore inaperçue.
Il va s’ensuivre en effet pour la philosophie, jusque-là bien protégée, confinée dans le champ clos des universités, une déstabilisa-
« LA RENAISSANCE. »
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