La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Sans doute nos colleges
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
D.
L'ARDEUR PATRIOTIQUE
1.
Le recrutement.
La patrie est en danger! Cette pensee a immediatement aplani nos petits dissentiments, si insignifiants devant
nos angoisses actuelles.
D'une commune ardeur, tout le monde s'est mis a l'oeuvre.
Les uns organisent
l'opposition contre la bande de spoliateurs armes qui sevit sur notre pauvre pays; d'autres s'occupent du
ravitaillement; les jeunes partent pour l'armee.
a) Les difficultes.
S'enroler n'est pas chose facile, car les Allemands s'y opposent naturellement de toutes leurs forces.
La
Belgique est comme une grande cage, entouree d'une triple barriere de fils barbeles et de fils a haute tension.
A tous les debouches de la cloture veillent des sentinelles; entre les postes circulent des patrouilles de
fantassins accompagnes de chiens policiers, des cavaliers, des cyclistes, des canots automobiles.
La nuit, les
rayons des projecteurs balaient l'espace.
Le long de la frontiere, sur une largeur de 5 a 10 kilometres, est une
zone ou nul ne peut circuler sans autorisation; et il faut un autre permis pour penetrer dans une derniere
bordure, large de 200 metres, ou toutes les maisons ont ete evacuees.
Malgre tout, plus de 20.000 jeunes gens se sont evades de cette prison et ont pris du service dans l'armee
belge.
Des metallurgistes, en nombre au moins egal, sont alles vers les fabriques de munitions en Angleterre et
en France.
Meme, des milliers de femmes et de jeunes filles ont brave la mort par electrocution ou par
fusillade, les unes pour rejoindre leurs maris, les autres pour s'engager comme infirmieres dans nos
ambulances, car a celles-ci aussi le Gouvernement allemand refuse systematiquement des passeports.
Comment passent-ils? Le lecteur comprendra que nous ne puissions pas donner de details.
Contentons-nous
de citer quelques faits que nous connaissons personnellement.
En janvier 1916, 28 miliciens et 4 infirmieres
passerent ensemble par la province d'Anvers.
Pendant le mois de decembre 1916, 70 jeunes gens, apres avoir
abattu un officier et deux sentinelles, gagnerent la Hollande par la frontiere limbourgeoise; un groupe de 20
Belges traversa la Meuse a la nage; enfin, 42 hommes s'evaderent par la frontiere Liegeoise, sur un
remorqueur.
Il n'y a pas que des barrieres physiques.
Chaque fois qu'un Belge est tue a la frontiere par le courant
electrique, son cadavre reste accroche aux fils de fer pendant plusieurs jours, en guise d'epouvantail, par
exemple le corps de M.
Jacob, de Liege, en decembre 1915.
Quand on en abat un a coups de fusil, les
journaux domestiques s'empressent d'apprendre sa mort a leurs lecteurs.
Si les patrouilles reussissent a
s'emparer d'un petit groupe de miliciens, leur condamnation est publiee dans les memes feuilles.
Par jugement du 11 fevrier 1916, le tribunal militaire de Namur a condamne:
Franz Sacre, ouvrier d'usine a Grand-Manil; Joseph Bourgeaux, electricien; Paul Debroux, employe; Fernand
Leclipteux, ebeniste; Hector Leroy, ouvrier; Marcel-Augustin Colin, typographe, tous domicilies a
Gembloux, a trois ans de prison pour avoir entrepris de passer la frontiere sans la permission prescrite, dans le
but de s'enroler dans l'armee belge.
(L'Ami de l'Ordre, d'apres La Belgique [de Rotterdam], 1er mars 1915, p.
2, col.
1.)
Nous avons vu plus haut (p.
67) que certains journaux, tombes encore plus bas, publient les noms de ceux qui
cherchent a passer la frontiere.
La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee
D.
L'ARDEUR PATRIOTIQUE 118.
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