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La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Sans doute nos colleges

Publié le 12/04/2014

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La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Sans doute nos colleges et nos ecoles primaires sont restes ouverts; mais, dans ces maisons ou l'on n'a cesse de precher l'union de tous les Belges et le respect de nos lois, l'espionnage germain n'a pu exercer son action deprimante, et la vie scolaire, comme la vie administrative, n'a cesse de poursuivre son cours, prouvant a nos maitres du moment que les habitants d'une terre libre gardaient, dans la pire calamite, des vertus intangibles. Au contraire, nos etudiants sont, depuis de longs mois,--et ils auraient du etre toujours--appeles a remplir un devoir de solidarite sociale infiniment plus sacre que celui de s'instruire au contact de maitres savants. Le grand maitre de l'heure, c'est le canon, et il n'y a pas de voix qui puisse rendre plus attentif un jeune homme de vingt ans, dont la patrie est meurtrie sous les sabots des cavaliers ennemis. La place de nos etudiants est aux environs de Dixmude; elle n'est pas dans les amphitheatres desertes, que nos professeurs refusent unanimement d'animer de leur parole. Comme l'a dit admirablement le recteur de l'Universite de Bruxelles, les rares eleves qui se proposent maintenant la conquete d'un diplome ne valent pas la peine d'etre enseignes.... ***** Il est, Monsieur qui n'etes point mon cher collegue, ni mon collegue du tout, il est pour une telle apostasie des precedents historiques et des designations consacrees. Je veux vous les epargner et je prefere vous envoyer l'expression du seul sentiment qui puisse survivre a votre egard dans un coeur belge, du sentiment de pitie. M. Wilmotte. (L'Echo belge, 10 juillet 1916, p. 1, col. 2.) Hatons-nous de dire que les chefs du mouvement flamand ont immediatement compris la necessite de dejouer les manoeuvres allemandes. Ainsi, deja en juillet 1915, ils faisaient circuler une declaration animee du plus pur patriotisme. En voici la traduction: Les soussignes, Belges flamands, tiennent a faire la declaration suivante: 1 deg. Toute faveur que l'autorite allemande accorderait, contrairement aux lois belges, a une partie de la population, serait consideree comme indesirable et inacceptable; 2 deg. Ils declarent que des journaux recemment crees qui, sous le manteau du flamingantisme, servent des interets autres que ceux de la Belgique, ne representent aucune fraction du mouvement flamand; 3 deg. Ils font un appel a leurs compatriotes flamands et wallons, pour qu'on laisse reposer tous les differends linguistiques aussi longtemps que la liberte de la Belgique est entravee par l'occupation etrangere. Traduisons aussi la declaration qui est inscrite en epigraphe a la manchette de De Vlaamsche Leeuw (pl. VI): En ces temps de deuil et d'epreuves, nous, Flamands, nous nous groupons sans condition, avec nos freres wallons, autour du drapeau tricolore belge et nous partageons avec eux les memes besoins et les memes dangers. Nous sommes convaincus que, lorsque la victoire finale sera obtenue, nous partagerons egalement ensemble les memes droits. Aucun moyen n'est neglige par nos ennemis pour s'attirer la bienveillance des Flamands. N'ont-ils pas imagine de proscrire les noms francais des faubourgs de Bruxelles! Et voyez comme ils reussissent bien. Le cachet que la poste allemande applique sur les lettres a Forest est ainsi concu: Vorst bij Bruessel--Belgien (pl. XVI). Or Vorst bij (Forest pres) sont des mots flamands, mais Bruessel--Belgien sont allemands. C. L'UNION MORALE DES BELGES 117 La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee D. L'ARDEUR PATRIOTIQUE 1. Le recrutement. La patrie est en danger! Cette pensee a immediatement aplani nos petits dissentiments, si insignifiants devant nos angoisses actuelles. D'une commune ardeur, tout le monde s'est mis a l'oeuvre. Les uns organisent l'opposition contre la bande de spoliateurs armes qui sevit sur notre pauvre pays; d'autres s'occupent du ravitaillement; les jeunes partent pour l'armee. a) Les difficultes. S'enroler n'est pas chose facile, car les Allemands s'y opposent naturellement de toutes leurs forces. La Belgique est comme une grande cage, entouree d'une triple barriere de fils barbeles et de fils a haute tension. A tous les debouches de la cloture veillent des sentinelles; entre les postes circulent des patrouilles de fantassins accompagnes de chiens policiers, des cavaliers, des cyclistes, des canots automobiles. La nuit, les rayons des projecteurs balaient l'espace. Le long de la frontiere, sur une largeur de 5 a 10 kilometres, est une zone ou nul ne peut circuler sans autorisation; et il faut un autre permis pour penetrer dans une derniere bordure, large de 200 metres, ou toutes les maisons ont ete evacuees. Malgre tout, plus de 20.000 jeunes gens se sont evades de cette prison et ont pris du service dans l'armee belge. Des metallurgistes, en nombre au moins egal, sont alles vers les fabriques de munitions en Angleterre et en France. Meme, des milliers de femmes et de jeunes filles ont brave la mort par electrocution ou par fusillade, les unes pour rejoindre leurs maris, les autres pour s'engager comme infirmieres dans nos ambulances, car a celles-ci aussi le Gouvernement allemand refuse systematiquement des passeports. Comment passent-ils? Le lecteur comprendra que nous ne puissions pas donner de details. Contentons-nous de citer quelques faits que nous connaissons personnellement. En janvier 1916, 28 miliciens et 4 infirmieres passerent ensemble par la province d'Anvers. Pendant le mois de decembre 1916, 70 jeunes gens, apres avoir abattu un officier et deux sentinelles, gagnerent la Hollande par la frontiere limbourgeoise; un groupe de 20 Belges traversa la Meuse a la nage; enfin, 42 hommes s'evaderent par la frontiere Liegeoise, sur un remorqueur. Il n'y a pas que des barrieres physiques. Chaque fois qu'un Belge est tue a la frontiere par le courant electrique, son cadavre reste accroche aux fils de fer pendant plusieurs jours, en guise d'epouvantail, par exemple le corps de M. Jacob, de Liege, en decembre 1915. Quand on en abat un a coups de fusil, les journaux domestiques s'empressent d'apprendre sa mort a leurs lecteurs. Si les patrouilles reussissent a s'emparer d'un petit groupe de miliciens, leur condamnation est publiee dans les memes feuilles. Par jugement du 11 fevrier 1916, le tribunal militaire de Namur a condamne: Franz Sacre, ouvrier d'usine a Grand-Manil; Joseph Bourgeaux, electricien; Paul Debroux, employe; Fernand Leclipteux, ebeniste; Hector Leroy, ouvrier; Marcel-Augustin Colin, typographe, tous domicilies a Gembloux, a trois ans de prison pour avoir entrepris de passer la frontiere sans la permission prescrite, dans le but de s'enroler dans l'armee belge. (L'Ami de l'Ordre, d'apres La Belgique [de Rotterdam], 1er mars 1915, p. 2, col. 1.) Nous avons vu plus haut (p. 67) que certains journaux, tombes encore plus bas, publient les noms de ceux qui cherchent a passer la frontiere. D. L'ARDEUR PATRIOTIQUE 118
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« D.

L'ARDEUR PATRIOTIQUE 1.

Le recrutement. La patrie est en danger! Cette pensee a immediatement aplani nos petits dissentiments, si insignifiants devant nos angoisses actuelles.

D'une commune ardeur, tout le monde s'est mis a l'oeuvre.

Les uns organisent l'opposition contre la bande de spoliateurs armes qui sevit sur notre pauvre pays; d'autres s'occupent du ravitaillement; les jeunes partent pour l'armee. a) Les difficultes. S'enroler n'est pas chose facile, car les Allemands s'y opposent naturellement de toutes leurs forces.

La Belgique est comme une grande cage, entouree d'une triple barriere de fils barbeles et de fils a haute tension. A tous les debouches de la cloture veillent des sentinelles; entre les postes circulent des patrouilles de fantassins accompagnes de chiens policiers, des cavaliers, des cyclistes, des canots automobiles.

La nuit, les rayons des projecteurs balaient l'espace.

Le long de la frontiere, sur une largeur de 5 a 10 kilometres, est une zone ou nul ne peut circuler sans autorisation; et il faut un autre permis pour penetrer dans une derniere bordure, large de 200 metres, ou toutes les maisons ont ete evacuees. Malgre tout, plus de 20.000 jeunes gens se sont evades de cette prison et ont pris du service dans l'armee belge.

Des metallurgistes, en nombre au moins egal, sont alles vers les fabriques de munitions en Angleterre et en France.

Meme, des milliers de femmes et de jeunes filles ont brave la mort par electrocution ou par fusillade, les unes pour rejoindre leurs maris, les autres pour s'engager comme infirmieres dans nos ambulances, car a celles-ci aussi le Gouvernement allemand refuse systematiquement des passeports. Comment passent-ils? Le lecteur comprendra que nous ne puissions pas donner de details.

Contentons-nous de citer quelques faits que nous connaissons personnellement.

En janvier 1916, 28 miliciens et 4 infirmieres passerent ensemble par la province d'Anvers.

Pendant le mois de decembre 1916, 70 jeunes gens, apres avoir abattu un officier et deux sentinelles, gagnerent la Hollande par la frontiere limbourgeoise; un groupe de 20 Belges traversa la Meuse a la nage; enfin, 42 hommes s'evaderent par la frontiere Liegeoise, sur un remorqueur. Il n'y a pas que des barrieres physiques.

Chaque fois qu'un Belge est tue a la frontiere par le courant electrique, son cadavre reste accroche aux fils de fer pendant plusieurs jours, en guise d'epouvantail, par exemple le corps de M.

Jacob, de Liege, en decembre 1915.

Quand on en abat un a coups de fusil, les journaux domestiques s'empressent d'apprendre sa mort a leurs lecteurs.

Si les patrouilles reussissent a s'emparer d'un petit groupe de miliciens, leur condamnation est publiee dans les memes feuilles. Par jugement du 11 fevrier 1916, le tribunal militaire de Namur a condamne: Franz Sacre, ouvrier d'usine a Grand-Manil; Joseph Bourgeaux, electricien; Paul Debroux, employe; Fernand Leclipteux, ebeniste; Hector Leroy, ouvrier; Marcel-Augustin Colin, typographe, tous domicilies a Gembloux, a trois ans de prison pour avoir entrepris de passer la frontiere sans la permission prescrite, dans le but de s'enroler dans l'armee belge. (L'Ami de l'Ordre, d'apres La Belgique [de Rotterdam], 1er mars 1915, p.

2, col.

1.) Nous avons vu plus haut (p.

67) que certains journaux, tombes encore plus bas, publient les noms de ceux qui cherchent a passer la frontiere.

La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee D.

L'ARDEUR PATRIOTIQUE 118. »

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