Devoir de Philosophie

La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Pour finir, disons que le fait d'avoir ete en prison n'est plus du tout regarde en Belgique comme infamant.

Publié le 12/04/2014

Extrait du document

belgique
La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Pour finir, disons que le fait d'avoir ete en prison n'est plus du tout regarde en Belgique comme infamant. Loin de la; la possession d'un casier judiciaire allemand est un titre a la consideration publique. Le moment approche ou l'on montrera du doigt, comme suspect, celui qui n'a jamais ete arrete. Ci un articulet de La Libre Belgique: Petites nouvelles. A Bruxelles.--Il y a en ce moment, a Saint-Gilles, 170 civils internes sous des pretextes quelconques, la plupart sans aucun fondement serieux. Parmi ces prisonniers deux pretres auxquels les Allemands reprochent leur langage trop patriotique. Si l'occupation allemande continue quelque temps encore, le fait d'avoir ete interne a Saint-Gilles deviendra bientot un certificat d'honorabilite exceptionnelle. (La Libre Belgique, n deg. 7, mars 1915, col. 2.) A Anvers, aller en prison se dit "passer ses vacances a l'Hotel des Patriotes". La Belgique (de Rotterdam) a donne dans ses numeros du 25 octobre au 12 novembre 1915 une interessante relation faite par un de ses correspondants anversois qui a passe par cette villegiature. Le plus piquant est que, pendant sa reclusion, le collaborateur de La Belgique trouva moyen d'envoyer sa copie au journal prohibe dont La Belgique donne un fac-simile de l'en-tete (voir pl. VI). Pour comble d'ironie, cette feuille clandestine, concue dans une prison, s'appelle De Vrije Stem (La Voix libre); elle declare que les bureaux et la redaction siegent: Hotel des Patriotes, rue des Beguines, 42 (c'est l'adresse de la prison); comme adresse telegraphique elle donne: Kommandantur Anvers--Malines. Elle ajoute, suivant la formule consacree d'il y a quelques siecles, qu'elle parait "avec grace et privilege". Une dame de nos connaissances, enfermee inopinement a la prison d'Anvers, se plaignait de son sort a l'infirmiere qui la soignait. "Oh! Madame! lui dit celle-ci, ne vous en faites pas pour ca! Depuis que les Allemands occupent Anvers, notre clientele n'est plus du tout ce qu'elle etait avant: nous ne recevons plus, maintenant que des gens du meilleur monde!." ***** III. COMMENT LES ALLEMANDS SE COMPORTENT EN BELGIQUE ***** La conduite des Belges envers leurs tyrans est dominee par les sentiments que voici: la confiance murement reflechie dans la victoire; le patriotisme sous toutes ses formes, tant chez l'ouvrier qui brave la famine que chez le milicien et l'infirmiere qui risquent l'electrocution; le mepris et la haine pour tout ce qui vient de l'ennemi. Voyons a present l'attitude des Allemands en Belgique. Pour tout dire en peu de mots, leur conduite est feroce, fausse, outrecuidante et rapace. A. LA FEROCITE De nombreuses pages sont consacrees dans nos prohibes aux horreurs commises par l'armee allemande: les massacres d'Andenne (Le Belge, n deg.. 6), de Surice (La Libre Belgique, n deg.. 24; La Soupe, n deg.. 253), de Dinant (La Soupe, n deg. 167); le meurtre du R.P. Dupierreux (La Libre Belgique, n deg. 38); les Barbares chez nous (La Verite, n deg.. 3), etc., etc. On a aussi reproduit des extraits de P. NOTHOMB, La Belgique martyre, dans La Libre Belgique; la brochure a d'ailleurs ete reimprimee en entier. Plusieurs brochures III. COMMENT LES ALLEMANDS SE COMPORTENT EN BELGIQUE 147 La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee clandestines, deja citees (p. 8 et 20), s'occupent aussi des sevices allemands. Mais la plupart de ces recits ont ete repris par la presse etrangere et par les Rapports de la Commission d'enquete; il serait donc superflu de les reimprimer. 1. Quelques exemples d'inhumanite. Pour donner une idee du genre de relations qui ont paru en Belgique, nous copierons les trois premiers numeros des Pages du Livre des douleurs de la Belgique. Cette serie a paru d'abord dans La Soupe (n deg.. 276, 280, 315, 322, 403, 442, 449), puis en une brochure separee (voir p. 20). Dans les Fonds-de-Leffe, pres de Dinant[54]. [Note 54: C'est le village dont parle le soldat allemand Philipp, dans BEDIER, Les Crimes allemands, p. 12 et fac-simile 4. Ce soldat cite quelques details abominables. Voir aussi BEDIER, Comment l'Allemagne essaye de justifier ses crimes, p. 17, (Note de J. M.)] Les Allemands occupaient les villages du plateau, Sorinne, Thynes, Lisogne, etc., depuis le 14 ou le 15 aout. Le 15 il y avait eu un combat a Dinant entre Allemands et Francais. Le samedi 22 ils arrivent dans la partie d'amont des Fonds-de-Leffe, pres du chateau de M. Boucher. Ils entrent dans une maison en disant a la femme: "Votre mari a tire sur nous; nous venons de le voir dans les buissons.--C'est impossible, repondit-elle, mon mari est absent; il est a la guerre." Dans une deuxieme maison, meme accusation: la aussi le mari etait parti comme soldat. Dans une troisieme habitation ils trouvent le pere et le fils Jacquet: "Vous etiez derriere votre maison, disent les Allemands, d'ou vous avez tire sur nous.--Non, nous ne sommes pas sortis, et nous n'avons d'ailleurs pas d'armes.--Vous mentez, venez avec nous." On leur lie les mains derriere le dos et on les emmene. Dans une autre maison, ils prennent, toujours sous le meme pretexte, un marbrier nomme Bertulot. En meme temps deux autres groupes de soldats descendent de Lisogne et de Thynes; les premiers amenent huit hommes prisonniers, les seconds deux seulement. D'autres troupes, au lieu de descendre directement dans la vallee, continuent par la route de Liege a Dinant. Eux aussi font prisonniers indistinctement tous les hommes qu'ils trouvent dans les maisons, notamment Louis Neiper et son fils, age de treize a quatorze ans. Arrives devant la rangee de trente-trois petites maisons qui bordent la route dans le fond de la vallee, ils tirent des centaines de coups de feu dans les fenetres. Ce jour-la ils ne commettent pas d'autres mefaits. Le dimanche 23 aout, des le matin, ils arrivent par milliers, descendant du plateau dans la vallee. Les trois hommes des Fonds-de-Leffe, pris la veille, les huit de Lisogne et les deux de Thynes, sont menes dans la prairie de M. Capelle. On en lie un a un arbre et on le tue a coups de fusil. Le cadavre est detache, et. on en lie un second a l'arbre; il est fusille. Et ainsi de suite jusqu'au treizieme qui a vu abattre successivement ses douze compagnons. Pendant que cette execution se poursuit, les Allemands fouillent les maisons et s'emparent systematiquement de toute la population masculine agee de plus de treize ou quatorze ans. Des qu'un groupe de soldats a capture une demi-douzaine de civils, on les met contre un mur et on les fusille. Parfois le supplice a lieu en presence des femmes, des meres, des soeurs, des enfants. Lorsque les femmes n'assistent pas directement a l'execution, 1. Quelques exemples d'inhumanite. 148
belgique

« clandestines, deja citees (p.

8 et 20), s'occupent aussi des sevices allemands.

Mais la plupart de ces recits ont ete repris par la presse etrangere et par les Rapports de la Commission d'enquete; il serait donc superflu de les reimprimer. 1.

Quelques exemples d'inhumanite. Pour donner une idee du genre de relations qui ont paru en Belgique, nous copierons les trois premiers numeros des Pages du Livre des douleurs de la Belgique.

Cette serie a paru d'abord dans La Soupe (n deg.. 276, 280, 315, 322, 403, 442, 449), puis en une brochure separee (voir p.

20). Dans les Fonds-de-Leffe, pres de Dinant[54]. [Note 54: C'est le village dont parle le soldat allemand Philipp, dans BEDIER, Les Crimes allemands, p.

12 et fac-simile 4.

Ce soldat cite quelques details abominables.

Voir aussi BEDIER, Comment l'Allemagne essaye de justifier ses crimes, p.

17, (Note de J.

M.)] Les Allemands occupaient les villages du plateau, Sorinne, Thynes, Lisogne, etc., depuis le 14 ou le 15 aout. Le 15 il y avait eu un combat a Dinant entre Allemands et Francais. Le samedi 22 ils arrivent dans la partie d'amont des Fonds-de-Leffe, pres du chateau de M.

Boucher.

Ils entrent dans une maison en disant a la femme: “Votre mari a tire sur nous; nous venons de le voir dans les buissons.—C'est impossible, repondit-elle, mon mari est absent; il est a la guerre.” Dans une deuxieme maison, meme accusation: la aussi le mari etait parti comme soldat. Dans une troisieme habitation ils trouvent le pere et le fils Jacquet: “Vous etiez derriere votre maison, disent les Allemands, d'ou vous avez tire sur nous.—Non, nous ne sommes pas sortis, et nous n'avons d'ailleurs pas d'armes.—Vous mentez, venez avec nous.” On leur lie les mains derriere le dos et on les emmene. Dans une autre maison, ils prennent, toujours sous le meme pretexte, un marbrier nomme Bertulot. En meme temps deux autres groupes de soldats descendent de Lisogne et de Thynes; les premiers amenent huit hommes prisonniers, les seconds deux seulement. D'autres troupes, au lieu de descendre directement dans la vallee, continuent par la route de Liege a Dinant. Eux aussi font prisonniers indistinctement tous les hommes qu'ils trouvent dans les maisons, notamment Louis Neiper et son fils, age de treize a quatorze ans.

Arrives devant la rangee de trente-trois petites maisons qui bordent la route dans le fond de la vallee, ils tirent des centaines de coups de feu dans les fenetres. Ce jour-la ils ne commettent pas d'autres mefaits. Le dimanche 23 aout, des le matin, ils arrivent par milliers, descendant du plateau dans la vallee. Les trois hommes des Fonds-de-Leffe, pris la veille, les huit de Lisogne et les deux de Thynes, sont menes dans la prairie de M.

Capelle.

On en lie un a un arbre et on le tue a coups de fusil.

Le cadavre est detache, et. on en lie un second a l'arbre; il est fusille.

Et ainsi de suite jusqu'au treizieme qui a vu abattre successivement ses douze compagnons. Pendant que cette execution se poursuit, les Allemands fouillent les maisons et s'emparent systematiquement de toute la population masculine agee de plus de treize ou quatorze ans.

Des qu'un groupe de soldats a capture une demi-douzaine de civils, on les met contre un mur et on les fusille.

Parfois le supplice a lieu en presence des femmes, des meres, des soeurs, des enfants.

Lorsque les femmes n'assistent pas directement a l'execution, La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee 1.

Quelques exemples d'inhumanite.

148. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles