Devoir de Philosophie

La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee On nous renvoie ensuite dans les batiments de Moret.

Publié le 12/04/2014

Extrait du document

belgique
La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee On nous renvoie ensuite dans les batiments de Moret. Nous sommes alors environ 700, car a nous ont ete joints: 1 deg. les habitants de Sorinne qui s'etaient enfuis la veille quand on avait tire les coups de canon, et qui s'etaient caches pendant la nuit dans les bois et dans les haies, mais avaient ete rattrapes le matin; 2 deg. des habitants de Gemechenne, des Fonds-de-Bouvigne et d'autres hameaux du voisinage, ainsi que deux Peres premontres de l'abbaye de Leffe, qui sont, je crois, des Anglais. Quoiqu'on nous eut fouilles la veille au soir, et qu'on se fut assure que nous n'avions pas d'armes, les fenetres et les portes durent rester fermees pendant cette journee extremement etouffante. Ceux d'entre nous qui devaient sortir pour un besoin etaient accompagnes de soldats, baionnette au canon. Nous sommes restes enfermes ainsi, sans boire et sans manger, jusqu'au samedi soir 22 aout. Alors nous avons recu chacun un petit morceau de viande, a moitie crue, provenant d'un cochon qu'on venait de tuer. Le 22 aout, vers 22 heures, on nous fit tous descendre, et on nous dit que nous allions etre emmenes. En meme temps on commencait a mettre le feu au village. Nous sommes partis en cinq groupes: Premier groupe: les femmes ayant de petits enfants, dans des chariots conduits et escortes par des soldats; Deuxieme groupe: les enfants de sept a treize ou quatorze ans, a pied; Troisieme groupe: les jeunes filles et les femmes non accompagnees de petits enfants; Quatrieme groupe: les vieillards; Cinquieme groupe: les hommes. Ceux-ci ont du marcher, en zigzag sur la chaussee, les bras et la tete leves. Des qu'on laissait retomber les mains, on recevait des coups de crosse. Le cure et le bourgmestre, M. le baron de Villenfagne, avaient les mains liees derriere le dos. C'etait surtout a ceux-ci et aux deux Peres blancs de Leffe qu'on en voulait. On pretendait que c'etaient eux qui avaient organise les attaques de "francs-tireurs" (notez que pas un civil n'avait tire un coup de feu), et on menacait a chaque instant de les fusiller. A droite et a gauche marchaient des soldats. De temps en temps les officiers tiraient dans la nuit des coups de revolver et accusaient aussitot les hommes d'avoir tire. Or ils ne nous avaient pas meme laisse une clef. Le dimanche 23, apres trois ou quatre heures de marche, au milieu de la nuit, on arrive a Leignon. Les chariots retournent aussitot a Sorinne pour prendre trois malades incapables de marcher, notamment un vieillard, Joseph Hardy, qui mourut le lendemain. Ces malades avaient passe la nuit en plein air a Sorinne. Parmi eux se trouvait Emile Haulo, qui s'etait blesse et ne pouvait pas marcher. A Leignon les Allemands l'enleverent du chariot et le jeterent a l'entree de l'eglise, puis lui ordonnerent d'y entrer; comme il ne marchait pas assez vite a leur gre, ils lui percerent la cuisse d'un coup de baionnette. Nous sommes restes dans l'eglise de Leignon, couches sur la paille, jusqu'au 1er septembre. Deux autres d'entre nous y sont morts: un petit enfant, Emile Gauthier, et un vieillard, Michel Monin. Pendant ces neuf jours, les sentinelles qui etaient avec nous dans l'eglise tiraient de temps en temps, toujours pendant la nuit, des coups de fusil pour nous effrayer; ils menacaient alors de tuer tout le monde, en commencant par le cure, les Peres blancs et le bourgmestre. Le cure, les mains liees derriere le dos, avait ete jete dans un confessionnal; on le tirait de la, plusieurs fois certains jours, pour le cravacher devant ses paroissiens. On nous apportait des pommes de terre cuites, mais le cure ne recevait rien; nous le nourrissions en cachette; il fallait lui mettre les pommes de terre dans la bouche, car on ne lui delia jamais les mains. A plusieurs reprises, on fit mettre tous les hommes d'un cote de l'eglise et les femmes de l'autre, puis on amenait le cure, le bourgmestre et les deux Premontres, pour les fusiller. On les battait, puis on renvoyait l'execution a plus tard. Le cure et le bourgmestre avaient le corps tout, bleu de meurtrissures. 1. Quelques exemples d'inhumanite. 151 La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Le 1er septembre, un officier vint demander au cure s'il etait vrai que les soldats l'avaient battu, promettant de faire fusiller immediatement les coupables. Mais le cure assura que rien de desagreable ne lui etait arrive de la part des soldats. Puis chacun de nous dut donner aux Allemands tout son argent. Les soldats declaraient que, si la moindre piece de monnaie etait encore trouvee sur quelqu'un, il serait fusille seance tenante. A midi, les femmes et les enfants durent sortir de l'eglise, et on rendit a chacune l'argent qu'elle avait remis le matin aux soldats. Elles furent mises en liberte, mais avec defense de retourner vers Sorinne ou vers Dinant. La plupart d'entre elles allerent a Ciney. Puis 94 hommes furent conduits a Hotton, ou ils resterent quatre jours sans manger. On les remit en liberte le 5 septembre. Quand ils passerent a Marche-en-Famenne, comme le couvre-feu etait deja sonne, ils furent de nouveau coffres jusqu'au lendemain. Les autres hommes furent relaches, mais il leur etait aussi defendu de rentrer chez eux. Ils allerent a Ciney aupres des femmes et des enfants. Apres trois semaines, ils recurent un passeport leur permettant de s'eloigner pour un jour. Ceux qui allerent a Sorinne constaterent que toutes les maisons sans exception etaient brulees, ainsi que les etables, les ecuries, les granges, les meules, les abris a foin; bref, tout ce qui pouvait etre incendie etait reduit en cendres. Il ne restait debout dans tout le village que le chateau, une ferme et l'eglise. Encore celle-ci avait-elle ete devalisee: le tabernacle avait ete force et viole; le calice, les crucifix, les chandeliers et tous les autres ornements avaient ete enleves. Du batiment Moret, ou nous avions ete emprisonnes, il ne restait que les murs. Nous avons appris alors le sort de trois hommes qui n'avaient pas ete avec nous a Leignon. Ils etaient restes caches chez Moret. L'un, le berger de la ferme de Gemechenne, s'etait aventure a sortir quand il avait cru que le danger etait passe, mais il avait ete fusille sur-le-champ. Les deux autres, Jules et Albert Houzieaux, forgerons, avaient ete repousses dans la maison par les soldats et brules vifs. Le martyre d'un soldat belge. Les Allemands protestent avec indignation quand on les accuse d'avoir acheve des blesses ou maltraite des prisonniers de guerre. Tout au plus consentent-ils a admettre que des individus isoles, loin des officiers, aient pu commettre des actes reprehensibles; mais, ajoutent-ils, ces soldats agissaient sous l'empire de la legitime exasperation produite par les "attaques de francs-tireurs" et par les "ignominies que de paisibles commercants allemands avaient subies a Bruxelles et a Anvers". Voici un recit datant de la nuit du 4 au 5 aout 1914. La declaration de guerre est arrivee a Bruxelles le 4 aout, a 7 heures du matin. L'armee allemande etait entree en Belgique dans la nuit precedente; des le soir du 4 aout, elle tentait un coup de main contre Liege. Les soldats dont voici les aventures combattaient dans l'intervalle entre deux forts. 23 heures. "Nous etions dans la tranchee, a une cinquantaine de soldats du 9e Ge. de ligne, depuis le 4 au soir. Les ennemis cherchent a passer a droite et a gauche de nous. Nous sommes de plus en plus entoures... Deux ou trois regiments doivent etre la... Les balles pleuvent de toutes parts, mais heureusement le tir de l'adversaire est fort mauvais. "Prevoyant une charge a la baionnette, j'enleve mon sac, j'y prends certaines choses, entre autres des bottines, et je recommence le feu. 1. Quelques exemples d'inhumanite. 152
belgique

« Le 1er septembre, un officier vint demander au cure s'il etait vrai que les soldats l'avaient battu, promettant de faire fusiller immediatement les coupables.

Mais le cure assura que rien de desagreable ne lui etait arrive de la part des soldats. Puis chacun de nous dut donner aux Allemands tout son argent.

Les soldats declaraient que, si la moindre piece de monnaie etait encore trouvee sur quelqu'un, il serait fusille seance tenante.

A midi, les femmes et les enfants durent sortir de l'eglise, et on rendit a chacune l'argent qu'elle avait remis le matin aux soldats.

Elles furent mises en liberte, mais avec defense de retourner vers Sorinne ou vers Dinant.

La plupart d'entre elles allerent a Ciney.

Puis 94 hommes furent conduits a Hotton, ou ils resterent quatre jours sans manger.

On les remit en liberte le 5 septembre.

Quand ils passerent a Marche-en-Famenne, comme le couvre-feu etait deja sonne, ils furent de nouveau coffres jusqu'au lendemain.

Les autres hommes furent relaches, mais il leur etait aussi defendu de rentrer chez eux.

Ils allerent a Ciney aupres des femmes et des enfants. Apres trois semaines, ils recurent un passeport leur permettant de s'eloigner pour un jour.

Ceux qui allerent a Sorinne constaterent que toutes les maisons sans exception etaient brulees, ainsi que les etables, les ecuries, les granges, les meules, les abris a foin; bref, tout ce qui pouvait etre incendie etait reduit en cendres.

Il ne restait debout dans tout le village que le chateau, une ferme et l'eglise.

Encore celle-ci avait-elle ete devalisee: le tabernacle avait ete force et viole; le calice, les crucifix, les chandeliers et tous les autres ornements avaient ete enleves. Du batiment Moret, ou nous avions ete emprisonnes, il ne restait que les murs.

Nous avons appris alors le sort de trois hommes qui n'avaient pas ete avec nous a Leignon.

Ils etaient restes caches chez Moret.

L'un, le berger de la ferme de Gemechenne, s'etait aventure a sortir quand il avait cru que le danger etait passe, mais il avait ete fusille sur-le-champ. Les deux autres, Jules et Albert Houzieaux, forgerons, avaient ete repousses dans la maison par les soldats et brules vifs. Le martyre d'un soldat belge. Les Allemands protestent avec indignation quand on les accuse d'avoir acheve des blesses ou maltraite des prisonniers de guerre.

Tout au plus consentent-ils a admettre que des individus isoles, loin des officiers, aient pu commettre des actes reprehensibles; mais, ajoutent-ils, ces soldats agissaient sous l'empire de la legitime exasperation produite par les “attaques de francs-tireurs” et par les “ignominies que de paisibles commercants allemands avaient subies a Bruxelles et a Anvers”. Voici un recit datant de la nuit du 4 au 5 aout 1914. La declaration de guerre est arrivee a Bruxelles le 4 aout, a 7 heures du matin.

L'armee allemande etait entree en Belgique dans la nuit precedente; des le soir du 4 aout, elle tentait un coup de main contre Liege.

Les soldats dont voici les aventures combattaient dans l'intervalle entre deux forts. 23 heures. “Nous etions dans la tranchee, a une cinquantaine de soldats du 9e Ge.

de ligne, depuis le 4 au soir.

Les ennemis cherchent a passer a droite et a gauche de nous.

Nous sommes de plus en plus entoures...

Deux ou trois regiments doivent etre la...

Les balles pleuvent de toutes parts, mais heureusement le tir de l'adversaire est fort mauvais. “Prevoyant une charge a la baionnette, j'enleve mon sac, j'y prends certaines choses, entre autres des bottines, et je recommence le feu.

La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee 1.

Quelques exemples d'inhumanite.

152. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles