La Mort et le Bûcheron (1668). La Fontaine - (Fables, I, xvi)
Publié le 22/06/2011
Extrait du document
Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée, Sous le faix du fagot aussi bien que des ans Gémissant, et courbé, marchait à pas pesants, Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée. Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur, Il met bas son fagot, il songe à son malheur. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde? En est-il un plus pauvre en la machine ronde? Point de pain quelquefois, et jamais de repos : Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, Le créancier et la corvée, Lui font d'un malheureux la peinture achevée. Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder, Lui demande ce qu'il faut faire. « C'est, dit-il, afin de m'aider A recharger ce bois; tu ne tarderas guère. « Le trépas vient tout guérir : Mais ne bougeons d'où nous sommes : PLUTÔT SOUFFRIR QUE MOURIR, C'est la devise des hommes.
(Fables, I, xvi.)
QUESTIONS D'EXAMEN
I. — L'ensemble. — Une fable dont le fond est une sorte de petit drame. Dites ce que ce petit drame offre de sombre; Est-ce de l'action que provient l'intérêt ? D'où provient-il surtout? (vérité du portrait; connaissance exacte de la vie humaine...) ; S'attendait-on à la réponse que fait le bûcheron à la Mort? Quelles réflexions vous suggère cette réponse ? Rappelez la moralité de la fable.
II. — L'analyse de ta fable. — A quoi se réduit l'action dans cette fable ? Indiquez-en les phases : a) Le bûcheron en marche vers sa chaumine; b) Il s'arrête : ses réflexions découragées; — c) Il appelle la Mort, qui se présente aussitôt; d) Sa réponse à la Mort; — Une cinquième partie : ta moralité; Étudiez le portrait du bûcheron; montrez qu'il n'est pas un seul trait qui n'ait sa valeur (Un pauvre bûcheron, — tout couvert de ramée. — Sous le faix du fagot, — aussi bien que des ans, — gémissant — et courbé...); Indiquez les raisons pour lesquelles, le bûcheron se considère comme l'homme le plus malheureux de la terre; Comment vous apparaît, dans ce drame de la misère, la réponse du bûcheron à la Mort? (réponse inattendue et pourtant bien vraie, d'un caractère légèrement comique, et qui empêche le drame de s'achever en une tragédie...).
III. — Le style ; — les expressions. — Attachez-vous à faire ressortir, dans cette fable, la propriété des termes et la sobriété du style (étudier particulièrement, à cet égard, le portrait et les réflexions du bûcheron; — voir si on pourrait remplacer tels ou tels mots, — gémissant et courbé, par exemple, — par des mots synonymes... ; — faire remarquer en outre, qu'il n'est pas de mots inutiles...) ; 2° Indiquez quelques expressions imagées (tout couvert de ramée, — gémissant et courbé, — sa chaumine enfumée...); Quel est le sens des expressions suivantes : marchait à pas pesants, — sa chaumine enfumée, — la machine ronde ? Quel nom porte la figure de style que représente cette dernière expression ? Qu'est-ce qu'une devise ?
IV. — La grammaire., — Indiquez les mots de la même famille que bûcheron, — ramée ; Trouvez un composé de faix, un dérivé de trépas ; Nature et fonction de chacun des mots suivants : Lui demande ce qu'il faut faire.
Rédaction. — Le bûcheron, de retour chez lui, raconte à sa femme ce qui vient de lui arriver. — Faites-le parler; réponse de la femme.
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