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LA MARSEILLAISE DE LA PAIX

Publié le 12/08/2011

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Roule libre et superbe entre tes larges rives, Rhin, Nil de l'Occident, coupe des nations! Et des peuples assis qui boivent tes eaux vives

Emporte les défis et les ambitions! Il ne tachera plus le cristal de ton onde, Le sang rouge du Franc, le sang bleu du Germain; Ils ne crouleront plus sous le caisson qui gronde, Ces ponts qu'un peuple à l'autre étend comme une main! Roule libre et béni! Ce Dieu qui fond la voûte, Où la main d'un enfant pourrait te contenir, Ne grossit pas ainsi ta merveilleuse goutte Pour diviser ses fils, mais pour les réunir! Pourquoi nous disputer la montagne ou la plaine? Notre tente est légère, un vent va l'enlever; La table où nous rompons le pain est encor pleine, Que la mort, par nos noms, nous dit de nous lever! Quand le sillon finit, le soc le multiplie; Aucun oeil du soleil ne tarit les rayons; Sous le flot des épis la terre inculte plie : Le linceul, pour couvrir la race ensevelie, Manque-t-il donc aux nations? Roule libre et splendide à travers nos ruines, Fleuve d'Arminius, du Gaulois, du Germain! Charlemagne et César, campés sur tes collines, T'ont bu sans t'épuiser dans le creux de leur main. Et pourquoi nous haïr, et mettre entre les races Ces bornes ou ces eaux qu'abhorre l'oeil de Dieu? De frontières au ciel voyons-nous quelques traces? Sa voûte a-t-elle un mur, une borne, un milieu? Nations, mot pompeux pour dire barbarie, L'amour s'arrête-t-il où s'arrêtent vos pas? Déchirez ces drapeaux; une autre voix vous crie : « L'égoïsme et la haine ont seuls une patrie; La fraternité n'en a pas! Roule libre et royal entre nous tous, ô fleuve! Et ne t'informe pas, dans ton cours fécondant, Si ceux que ton flot porte ou que ton urne abreuve Regardent sur tes bords l'aurore ou l'occident. Ce ne sont plus des mers, des degrés, des rivières, Qui bornent l'héritage entre l'humanité : Les bornes des esprits sont leurs seules frontières; Le monde en s'éclairant s'élève à l'unité. Ma patrie est partout où rayonne la France, Où son génie éclate aux regards éblouis! Chacun est du climat de son intelligence; Je suis concitoyen de tout homme qui pense : La vérité, c'est mon pays!

LAMARTINE

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